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Behind The Scenes : Aldo Paredes

À la rencontre d'Aldo Paredes, artiste d'origine équatorienne basé à Lyon

  • Texte : Julie De Smedt - Photos : Aldo Paredes
  • 1 February 2017

Bienvenue dans notre nouvelle série, Behind The Scenes. Ici, nous vous présenterons les personnages qui font partie intégrante de la culture clubbing, mais qui ne sont jamais assez mis en avant. Ils photographient vos plus beaux moments d'excitation, subliment les lumières des clubs, vous hypnotisent à coup de mapping, font partie des équipes organisatrices des plus grands festivals ou dirigent avec attention des collectifs en pleine effervescence. Ils sont tous aussi talentueux les uns que les autres et soignent chaque détail de vos soirées pour qu'elles en restent inoubliables. Pour ce premier article, on part à Lyon, découvrir Aldo Paredes, un photographe hors-norme.

Samedi 28 janvier, par une journée couverte dans le Vieux-Lyon près de la gare Saint Paul, j’ai rendez-vous avec Aldo Paredes, un photographe familier des amateurs de musique électronique lyonnais. Un photographe qui arpente les meilleurs clubs de la ville et se fond dans le paysage pour rester discret, capter des émotions sans être vu, figer nos souvenirs tout en passant inaperçu.

Il est un peu plus de 15 heures quand il arrive et me salue, souriant : « Hola ! ». J’ai envie qu’il me fasse découvrir un lieu qu’il affectionne particulièrement, un endroit où il se sent à l’aise. Il décide de m’emmener au Florian, un bar qui ne paye pas de mine d’extérieur, mais qui réserve quelques surprises une fois à l’intérieur. Des tableaux style Renaissance décorent chaque centimètre des murs au plafond, des fauteuils en velours rouge encadrent de jolies tables en marbre ornées de bougies. Alors que nous observons la carte, il m’explique que Paul, un de ses amis des Beaux-Arts, travaillait ici l’an passé dans le cadre des championnats du monde de cocktails : il lui avait fait découvrir une de ses préparations à base d’eau de pluie. Ses yeux pétillent lorsqu’il me parle de cet ami : il semble si fier de son parcours, alors que je verrais par la suite qu’il n’a rien à envier à personne.

Aldo a tout juste la trentaine. Il est né en Équateur, où il a grandi avec ses parents. S’il a eu une belle enfance, il raconte que sa scolarité était plutôt chaotique : « Je criais souvent, j’étais bon mais je me foutais du système ». Après un premier lycée, il a dû en intégrer un autre, puis un troisième. Au final, il est passé par des lycées classiques, militaires et religieux, où le vendredi était destiné à la messe. Blasé par la salsa, Aldo commence à s’intéresser à la musique électronique.

Alors qu’il rencontre une française expatriée appelée Charlotte, il commence à prendre des cours de français en échange de quelques heures de travail à la médiathèque locale. Et puis un jour, c’est le déclic : il ne voit pas son avenir en Équateur et souhaite partir vivre ailleurs. Où ? Il n’en sait rien. Les Etats-Unis ne le tentent pas : « Je n’aime pas l'influence américaine sur la culture en Amérique du Sud ». Sa mère, nageuse professionnelle, a fait le tour de l’Europe pour ses compétitions. Elle est passée par Paris pour rendre visite à sa sœur et encourage Aldo à découvrir ce pays. Aldo reprend alors contact avec Charlotte, retournée en France. Connaissant son âme d’artiste et ses talents pour le dessin, elle lui conseille vivement d’entrer aux Beaux Arts de Paris. Mais Aldo refuse la facilité. Il pense qu’il ne réussira pas à s’intégrer puisqu’il trouverait facilement une communauté équatorienne là-bas. Charlotte lui conseille alors Lyon et ses Beaux Arts. Il accepte et décide de partir pour sa grande aventure à l’âge de 19 ans.

Alors que le prêt destiné à payer ses études et son logement arrive à son terme, Aldo doit trouver un emploi et se débrouiller seul. Grâce à son réseau, il rencontre les parents d’Oscar, Pierre et Christine, fondateurs d’une agence de communication. Pendant quelques temps, Aldo s’occupera de ce petit garçon devenu grand : « Maintenant, on fait des concerts ensemble. Il est immense et il fait du rugby, du coup il me prend sur ses épaules pour que je puisse prendre des photos ». Petit à petit, la relation entre Pierre et Aldo s’intensifie. Pierre est également artiste et s’intéresse énormément aux œuvres d’Aldo. Un jour, il lui demande de l’assister sur des expositions, et plus tard, il trouve des acheteurs qui s’intéressent à ses tableaux. De fil en aiguille, Aldo se crée un véritable réseau et commence à se faire connaître grâce à ses peintures.

Pendant sa deuxième année aux Beaux-Arts, il rencontre Léopoldine, une jeune femme enceinte de 19 ans. Il réalise un tableau sous forme de photo en 360°, un « tableau très charnel », selon lui. Peu à peu, la photographie s’immisce dans sa vie sans qu’il ne s’en rende tellement compte. En 2011, tout s'accélère : il commence à travailler pour différentes marques et institutions comme le Grand Palais et donne des cours à l'école d'image et de photographie contemporaine Bloo. Il intègre ensuite l'équipe de nos confrère chez Le Mauvais Coton et y devient directeur de la photographie. Pour clôturer ses études aux Beaux Arts, Aldo a un dernier projet sur lequel il peine à se concentrer. Depuis des jours et des semaines, il ne trouve plus le sommeil et se pose des questions existentielles : « Que vais-je faire de ma vie ? Comment je vais gagner ma vie ? ». C'est à ce moment qu'il décide d'arrêter de travailler pour des institutions culturelles pour se mettre à son compte et devenir l'artiste accompli qu'il a toujours voulu être.

Un jour, alors qu’il dîne au restaurant avec une amie, il entend des personnes parler anglais près de lui. Les inconnus parlent de musique, de club, de DJing et d’une soirée à laquelle ils se rendent. Curieux et culotté, Aldo s’intègre à la conversation et demande aux DJs si son amie et lui peuvent être invités à la soirée. Les artistes acceptent et quittent le restaurant. Là-bas, Aldo va prendre quelques photos et demander aux DJs leurs adresses email pour leur envoyer son travail. Quelque peu désintéressés mais toujours aimables, ils leurs fournissent. Quelques jours plus tard, Aldo se fait recontacter par ces derniers qui le félicitent pour son talent. En à peine quelques jours et grâce à son culot, Aldo réussit à intégrer le milieu de la photographie du clubbing. Mais il en veut plus.

En 2013, Aldo se fait contacter par Kosme pour assurer la photographie dans sa résidence pour Cosmic Adventure ainsi que pour les We Are Reality dans un nouveau lieu de vie culturel appelé « Le Sucre », basé sur le toit de l’ancienne sucrerie bien connue du quartier de Confluence. Un mois plus tard, l'ancien directeur de la communication du Sucre, Matt Gallet, lui propose de s'occuper des photos de concerts du club. Pendant quelques années, Aldo photographiera Laurent Garnier, Marcel Dettmann, Recondite, Âme, Dixon et une flambée d’autres artistes de renom.

En mars 2014, Kosme est invité à jouer au Panorama Bar à Berlin. Il propose à son ami Aldo de le rejoindre et ce dernier accepte directement. Là-bas, Kosme, son manager Jose et Aldo découvrent une artiste incroyable : The Black Madonna. Pour Jose, « La Black Madonna » comme Aldo aime l’appeler, est une véritable révélation. Ils prévoient ensemble de la booker pour une prochaine soirée Cosmic Adventure.

Quelques mois plus tard, The Black Madonna fait sa première en France pendant une Cosmic Adventure au Sucre. La soirée est un véritable succès et Aldo y prend quelques photos. Un jour, alors qu’une photo de Kosme et TBM prise par Aldo tourne sur les réseaux sociaux, il reçoit un message de TBM qui lui demande s’il en est l’auteur. Paniqué, il confirme qu’il l’a prise mais qu’il peut en demander la suppression si elle n’en est pas satisfaite. Instantanément, elle lui répond « Tu rigoles ? Elle est géniale ! Tu es très talentueux ». Une affinité s’installe entre les deux artistes et Aldo se charge de ses photos de presse, aujourd’hui utilisées dans le monde entier. En novembre 2016, il part pour une tournée américaine avec l’artiste et fait la fête avec elle, rencontre ses chats, découvre sa maison. Selon Aldo, TBM est une artiste qui le considère comme un artiste : ils ont une relation d’égal à égale qui lui permet de s’épanouir.

Depuis, Aldo photographie toujours les artistes liés à la musique électronique : Richie Hawtin, Sven Marquardt, Carl Craig, Apollonia, Tale Of Us… Comme les artistes hip hop: Oxmo Puccino, ScHoolboy Q ou Public Enemy. Il a la tête pleine de projets : sa prochaine exposition aura bientôt lieu dans le centre de Lyon: il a photographié quelques mannequins dans le cadre de la Fashion Week et reste à l’affût des nouvelles opportunités qui s’offrent à lui.

Ébahie par son parcours, sa curiosité et son toupet, je le félicite et le remercie pour le temps qu’il m’a accordé. En se levant et prenant son manteau, il clôturera notre échange : « Say Yes to All ».

Aldo a sélectionné quelques uns de ses clichés préférés et les a commenté, découvrez les ici :

"Ça c'était incroyable. C'était à l'Unlimited Festival, on était à des milliers de mètres d'altitude, il faisait hyper beau. Regarde! Les gens sont en tee-shirt! C'était à l'Aiguille du Midi, on était à peine 110, c'était comme si c'était privé."

"Ça c'était magique. Closing des Nuits Sonores 2015 avec Laurent Garnier et Marcel Dettmann. Ça ne s'arrêtait plus, ils ont continué à jouer pendant des heures et ne voulaient plus s'arrêter."

"La Cosmic Adventure avec Mr G. Regarde comme ils se jettent sur lui! Tu ne vois nulle part ailleurs une telle proximité avec l'artiste. C'est dingue ! Il lui tire la barbe!"

"Rodhad. J'adore cette photo, les détails de son tatouage. C'est symétrique et en même temps tout change! Il veut continuer sur ses avants bras et ses épaules."

"La Black Madonna au Sucre. Les gens deviennent fous !"

"James Murphy. C'est le mec le plus gentil que j'ai jamais rencontré. Il est derrière LCD Soundsystem. C'était pendant une soirée We Are Reality au Sucre."

"Est-ce que tu as déjà vu Recondite comme ça ? Regarde comme il sourit!"

"Appollonia au Sucre pendant une We Are Reality. C'est rare de les avoir tous les trois! J'adorais l'ambiance qu'il y avait à ces soirées."

"La Black Madonna au Rex Club à Paris."

"Sven Marquardt à Lyon, pendant son exposition. C'était la première fois que j'étais vraiment mal à l'aise en prenant quelqu'un en photo."


Pour contacter ou visualiser le travail d'Aldo Paredes, on vous donne rendez-vous ici.

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