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Behind the Scenes : Les coulisses de Variations, Saison 2

Histoire d'une rencontre unique entre classique, jazz et électronique

  • Texte : ​Nathan Benisty, Mario Raulin
  • 20 December 2017

Pour notre série 'Behind The Scenes', l'équipe de Sourdoreille vous raconte les coulisses du projet Variations, pour lequel ils ont fait jouer entre autres cette année Kenny Larkin avec un trompettiste ou encore Gui Boratto avec une accordéoniste. Visite en arrière-cuisine d'un projet un peu dingue, quand la techno se met à apprendre le solfège sur le tard.

Février 2017. Nous venons d'apprendre que la saison 2 de Variations aura lieu à la fin de l'année, grâce au soutien du groupe France Télévisions et à Culturebox, sa plateforme numérique, qui a décidé de repartir à nos côtés. Associés à nos amis de la Compagnie des Indes, nous avons 6 mois devant nous pour faire germer nos idées, et présenter sur scène cinq duos internationaux qui vont, chacun leur tour, jouer une performance complètement nouvelle.

On s'excite un peu. L'année dernière, Jeff Mills avait rayonné en reprenant Coltrane. Il nous faut un nouveau grand nom de Detroit. Ce sont nos racines à tous, elles doivent aussi faire pousser Variations. Le groove de la techno doit tant au jazz... Alors qui ? Débat. Variations doit surprendre, alors allons chercher l'anti-héro. Kenny Larkin, ou l'injustice du meilleur élève de sa génération pas assez reconnu par ses pairs. On pense aussi à Juan Atkins et aux vieux d'UR, mais on a peur que leur autisme légendaire ne mette le projet en péril, surtout devant les caméras. Larkin répond. Il adore Miles Davis, « l'un de ses seuls maîtres ». Bingo. Theo Parrish aussi se manifeste, mais nous demande quatre fois la fortune d'une grand-mère millionnaire. Désolé Theo, on repassera.

Alors qui pour aller avec Kenny ? On pense à ce trompettiste aux yeux de lutin, qu'on adore depuis ses premières virées avec Murcof. Erik Truffaz, la plus belle trompette du pays, sans doute. Il dit oui. On avance, on a notre premier duo, et on en est fiers.

Variations doit aller sur des terrains où on ne l'attend pas. On pense à un duo autour de Django Reinhardt, mais il est compliqué à mettre en place. On repense à Gui Boratto, l'une de nos madeleines de Proust quand on parle de nos premiers émois techno. Et puis Kompakt, quoi. La plus belle famille électronique que l'Allemagne ait créée. Nathan propose Astor Piazzolla, l'idée sonne comme une évidence, Gui nous dit oui, et voilà notre deuxième tête d'affiche. On lui trouve une partenaire de choc : Ksenija Sidorova, qui fait pâlir tous les accordéons de Lettonie et d'ailleurs. Ils commencent à échanger par mail, Gui compose le squelette que Ksenija magnifie du bout de ses doigts, à 20.000 km de là.

En avril, on s'est creusés la tête autour d'une question : comment faire entrer la voix dans Variations, comment lui donner toute sa place en tant qu'instrument ? Le renouvellement des instruments par rapport à la saison 1 était un objectif important pour nous. On commence à échanger avec Céline Scheen, géniale chanteuse soprano belge surmotivée par le projet. Céline ne connaissait rien à la techno, mais elle s'est mis à fond dans le projet. On l'a présentée à Antigone, on s'est dit que ce mélange entre l'un des représentants de la nouvelle génération biberonnée à la Concrete et cette voix spécialiste du répertoire baroque avait de l'avenir. Finalement, la collaboration n'aura pas lieu, et on présentera à Céline un taulier de la techno made in France : Arnaud Rebotini. Le duo a tardé à se former, mais il n'en fut que plus beau. Le travail de composition électronique fut titanesque, à l'image du bonhomme, dont la mission était de composer une partition électronique à partir d'une œuvre uniquement vocale. Ex nihilo, en gros.Grandiose.

Après Chloé et Vassilena l'année dernière sur l'oeuvre de Steve Reich, on a aussi voulu rendre à nouveau hommage à un grand nom de la musique minimaliste, Philip Glass. Il faut dire que les marimbas mariées aux machines avaient séduit un paquet de gens sur la première saison, et que Chloé et Vassilena ne sont plus lâchées d'une semelle après Variations, et qu'elles continuent à jouer ensemble. On a donc décidé de programmer un duo 100% féminin, à nouveau, avec cette fois-ci Maud Geffray, en plein lancement de sa carrière solo, associée aux doigts de fée de Lavinia Meijer, pour qui monsieur Glass n'a plus de secret. Philip Glass en lune de miel au pays du gabber, acte 1.

Pour boucler notre programmation, on voulait un cogneur de tôles. Avec comme idée de le marier à la subtilité toute moyenâgeuse du clavecin de Tamar Halperin, très enjouée aussi à l'idée de mettre son grain de sel dans Variations. On a tenté de recruter Blawan pour faire équipe avec elle, sur le papier ça avait de la tronche mais l'Anglais au petit bonnet rond s'est carapaté à quelques semaines du tournage. La tuile. Dans la dernière ligne droite, on a capturé Marc Romboy qui passait par là, tout content de filer jusqu'à Francfort pour commencer à répéter la semaine suivante avec Tamar, et de dépoussiérer ce bon vieux Henry Purcell.

La suite, vous la connaissez, sinon la séance de rattrapage, c'est par là. Nous on prépare la troisième saison, et on a déjà quelques idées bien saugrenues. On vous en parle bientôt.


Crédits :

Images : © Hanaofangel
Texte : Nathan Benisty, Mario Raulin
Directeurs artistiques de Variations

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