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Everything dark : The rise of Rødhåd

Créateur de Dystopian, DJ et producteur, l'ascension de Rødhåd de A à Z

  • Texte : MARK ROWLANDS | Photo : MATTHIAS WEHOFSKY
  • 19 April 2016

Nous sommes à Awakenings, dans la Manchester’s Victoria Warehouse. C’est la fin du set de Rødhåd et des canons à glace carbonique tirent à l’unisson, ce qui surprend et emporte les 5000 spectateurs venus apprécier la prestation. Lorsque Rødhåd termine son set sous un tonnerre d’applaudissements, les lumières illuminent le lieu et nous découvrons enfin le paysage sombre dans lequel Rødhåd s’est délecté pendant son set. Quelques minutes plus tard, l’artiste a disparu, laissant les fans se contenter de leurs souvenirs encore frais. C’était une montée en puissance nette, très bien conçue et parfaitement adaptée à la simplicité d’un lieu industriel comme cette warehouse.

De l’énergie sans oppression, des sons un peu psychédéliques qui permettent de s’évader et de danser librement… c’est ça, le style Rødhåd. C'est ce que le public attend de lui. Nous le retrouvons désormais pour de plus longs sets, comme celui de six heures à la Concrète ou pour la clôture d’un festival. A une époque où la musique techno est à son apogée, Rødhåd est bien parti pour être l’un des DJ phare de cette période sacrée. Chaque weekend, il encaisse les décalages horaires et parcourt le monde de villes en villes. Il fait son taff, mais il le fait bien, avec passion et perfection, et c’est un peu ça que le public apprécie chez le boss de Dystopian.

Rødhåd, c’est en fait Mike Bierbach. Et Mike n’a pas eu une ascension rapide : il n’était pas l’ami d’un ami, il n’a pas été poussé, comme tant d’autres, par des studios ou par un label et il n’a pas non plus percé grâce à une présence (sur)active sur les réseaux sociaux. Rødhåd s’est construit seul, et s’est fait connaître grâce à son rôle de DJ dans son Berlin natal au moment où il sortait son premier EP en 2012. Assis dans sa chambre d’hôtel avant le grand événement de ce soir, il ne montre aucun signe de trac, car il connaît ce genre de responsabilités, il y a souvent fait face. On pourrait penser que Rødhåd est un artiste un peu obscur étant donné que ses prestations sont souvent très sombres. Du coup, c’est assez impressionnant de le voir plaisanter pendant qu’il nous explique son parcours vers la célébrité. C’est une histoire simple et sans superflu : c’est un étranger qui a percé grâce à son talent, sa détermination et sa manière de voir les choses.

« Vers 2005, j'ai eu ma première résidence à Berlin, » raconte Bierbach, en buvant tranquillement sa bouteille d’eau accompagné de deux vieux amis qui travaillent désormais pour lui comme directeur de tournée et manager. Ils parlent tous assez bien l’anglais, mais avec de forts accents allemands. Si ses potes sont en tenue décontractée, Rødhåd, lui, est bien soigné : ses cheveux et sa barbe rousse sont parfaitement entretenus et c’est ce qui lui vaut son pseudonyme (Rødhåd, Redhead). « C’était un petit club appelé Zementgarten. Je jouais du dub et de la techno de temps en temps. Souvent, je me chargeais du set d’ouverture et j’essayais de créer une bonne ambiance. Mais ce n’était pas facile à Berlin, car il y avait toujours des groupes qui organisaient des soirées et je ne trouvais pas vraiment ma place. »

Au moment de sa résidence, Bierbach évoluait plus lentement, avec des sons un peu atmosphériques. Il avait tout juste 20 ans et avait perdu toute envie de jouer de la techno hard et trop rapide associée à la ville de Berlin et souvent jouée dans des clubs comme le Tresor. S’il tapait dans les 145 BPM à son adolescence, il a décidé de calmer le jeu. Il a gardé cette résidence pendant environ deux ans et le club a fini par fermer.

« Nous allions souvent au Berghain, » raconte-t-il. « Quand Berlin a perdu le Ostgut et l’ancien Tresor, c’était comme si la ville et les berlinois attendaient quelque chose de nouveau. Quand le Berghain est arrivé, il y avait de nouveau une place pour la techno. On disait qu’on ne pouvait pas jouer au Berghain sans avoir un permis, mais j’avais besoin de travailler et je voulais m’améliorer. Les longs sets que j'ai joué chez eux m'ont beaucoup aidé, je suis vraiment reconnaissant. »

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