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Reportage

AVA fait florir la scène techno en Irlande du Nord

AVA Festival cultive et alimente une scène locale en plein essor

  • La rédaction
  • 15 June 2018

En Irlande du Nord, législation oblige, la fête doit s'arrêter à 1h du matin. Ici les soirées commencent tôt, et elles ce qu'elles manquent en longévité, elles le rattrapent certainement en intensité, comme en témoigne l'humeur joviale et l'énergie des premiers arrivants à AVA Festival. Il est à peine 17h, mais déjà le son qui fait trembler les murs du magasin abandonné de cette Z.I de Belfast n'a rien à envier au Tresor un samedi soir aux heures de pointe. Et pourtant, quelques heures auparavant, l'atmosphère était beaucoup plus studieuse : conférences, discussions et ateliers d'initiation à la P.A.O et au DJing ont eu lieu au MAC de la ville. Une illustration parfaite du fameux Work hard, play hard britannique et surtout, la vision rafraîchissante d'une scène locale en pleine effervescence. En voici les temps forts.

Photo : KiNK à AVA 2018, © Luke Joyce

The MAC
KiNK décrit les ficelles d'un live parfait

KiNK est sans doute un des artistes live les plus respectés au monde, et le public rassemblé dans la salle de cinéma ne perd pas une miette de ses conseils. La clef de son succès réside dans sa capacité à lire l'énergie de la foule pour créer une expérience progressive et toujours prenante. Nouvelles machines, utilisations inédites, le producteur a expliqué à une foule attentive majoritairement constituée de jeunes producteurs - jamais avares de questions - les secrets d'un bon live set. Le spectacle revigorant de jeunes passionnés - parfois très jeunes, certains n'auront sans doute pas accès à la suite des festivités - déjà fortement impliqués dans les rouages de la production et de la performance.

Photo : Larry Heard à AVA conference 2018, © Luke Joyce

The MAC
Larry Heard sur sa vie, son œuvre et les clefs du succès

On n'entend jamais assez souvent les grands esprits de la musique électronique s'exprimer sur leur vie personnelle, ces ingrédients qui leur ont permis de devenir les pionniers qu'on connaît. Larry Heard est d'une gentillesse et d'une simplicité déconcertante. Face à une assemblée suspendue à ses lèvres, il a dévoilé la passion de sa famille pour le partage de la musique dès son plus jeune âge, l'importance cruciale de la radio dans son éducation musicale et ce qui selon lui a fait la différence dans sa carrière : oser. Ne pas avoir peur de se tromper ; essayer, essayer encore et tenter tout ce qui lui est passé par la tête, sans jamais avoir peur de ne pas être à la hauteur. Une belle leçon d'un des maîtres du genre et une interview rondement menée par Lauren Martin, une des journalistes musicales les plus talentueuses de sa génération. On en ressort des étoiles dans les yeux et de bonnes résolutions plein la tête.

Photo : Rødhåd à AVA 2018, © Jake Thompson

Festival
Rødhåd

La transition conférence - festival peut-être abrupte, en particulier lorsqu'on passe de l'atmosphère feutrée et studieuse d'un musée du centre-ville aux vrombissements énervés de la techno industrielle dans un entrepôt. Rien qu'une bière ou deux ne saurait réparer. Mais si quelqu'un sait nous attirer sur le dancefloor, c'est bien Rødhåd et sa sélection magnétique. Les festivaliers sont déjà au maximum et on comprend pourquoi ; la puissance de son set est tout bonnement incroyable. En prime, on peut contempler le coucher de soleil derrière les toits des friches environnantes.

Photo : AVA Festival 2018, © Lewis McLay

Festival
Mr Fingers Live

On l'avait déjà savouré deux semaines plus tôt aux Nuits sonores 2018 - Larry Heard revient en force et en couleur cette année avec un nouveau live détonnant. L'artiste qui produisait de la house dès 1985, avant même que le genre n'ait été baptisé comme tel, montre qu'il n'a rien perdu de sa superbe. Sur fond de graphismes et animations 3D magnifiques, Larry Heard manipule son public d'une main de maître, chants et voix hypnotisantes à l'appui. Sa toute première date à Belfast, le lendemain de son 58e anniversaire.

Photo : Red Bull Stage, AVA Festival 2018, © Lewis McLay

Festival
Helena Hauff

Pour un festival de cette taille, le line-up de cette année comporte un arsenal impressionnant de pointures : Mano Le Tough, Larry Heard, Rødhåd, Floorplan, DVS1, Midland, Mall Grab, Denis Sulta, Job Jobse pour ne citer qu'eux. Helena Hauff est l'une d'elles, et pas des moindres. La DJ hambourgeoise prend possession des decks juste après Rødhåd – non sans lui donner une chaleureuse accolade – et ravit la foule rassemblée d'un set énergique et pointu en clotûre de la scène Red Bull.

Photo : Bicep à AVA Festival 2018, © Luke Joyce

Festival
Bicep

Pour boucler un vendredi décidément fort en techno, les jambes déjà bien cassées par les sets de deux pointures allemandes, rien de mieux qu'une performance un poil plus mélodique. Bicep va même bien au-delà et offre une performance touchante, digne d'un set de clotûre. Et pour cause : Matt, la moitié du duo, n'est autre que le frère de Sarah McBriar, l'organisatrice du festival. Une affaire de famille. Sur 'Glue', titre issu de leur dernier LP, le public déraille. Le plus gros nom de la scène locale joue à la maison. Et on voit bien qu'ils y sont comme chez eux : sur scène, le duo offre une performance d'une qualité rare et la foule comblée, peine à quitter le dancefloor au coupe feu d'1h du matin.

Photo : Floorplan à AVA Festival 2018, © Grant Jones

Festival
Floorplan

Floorplan reste sans doute une des belles surprises du line-up du samedi, après un set haut-en-couleur de Mall Grab - qui n'y est pas allé avec le dos de la cuillère - ni avec ses chaussures d'ailleurs. Dès leur premier track, la couleur est annoncée : place au groove. Face à Robert Hood et sa fille Lyric, la foule se gonfle progressivement. Le son de Detroit fait vibrer les paroi de l'énorme warehouse : une techno chaude et mélodieuse teintée d'influences disco et gospel, la marque de fabrique de l'ancien membre d'Underground Resistance. Les deux générations de Hood font des merveilles derrière les platines ; le plaisir du public est évident.

Photo : Moxie à AVA Festival 2018, © Grant Jones

Festival
Jayda G

La DJ et productrice canadienne Jayda G gagne à être connue. Son set ce soir là sur la Smirnoff Stage est sans doute la performance la plus entraînante du festival. Elle offre une vision haute en couleurs de la house : afrobeat, afrohouse, deep house, toujours avec une soul incroyable. Bien qu'il ne soit que minuit, c'est la fin du festival et l'avant-dernier set qu'il nous sera donné de voir - la foule exulte dans ces derniers moments sur le dancefloor, et on peine à imaginer qu'il nous faudra bientôt rentrer à la maison.

Photo : AVA 2018, © Jake Thompson

Quand la musique s'arrête à la fin du set de Moxie, la déception et la frustration se lit sur les visages. Sous les cris insistants des « one last track ! », elle tente de passer un ultime morceau, sans succès ; le soundsystem ne répond pas. Les festivaliers s'éloignent de la scène, la mine renfrognée. Puis, sur toutes les lèvres, un mot familier : « After party ? » . Quelques sourires malicieux reviennent. Backstage, les artistes, l'équipe et la famille se sont rassemblés autour des tables. Personne n'a vraiment le cœur à partir. Les conversations vont bon train, quelques minutes passent, on ne sait pas vraiment où va aller la soirée.

C'est alors que se produit ce qui reste sans doute le point d'orgue du festival. L'équipe rassemble les derniers fûts, les bouteilles des riders qui n'ont pas été bues et les restes du bar sur une grande table des merveilles. Complétés quelques minutes plus tard d'un vieux set d'enceintes de derrière les fagots - et la fête redémarre, impromptue. Les DJs se relaient, passant classiques disco et house jusqu'aux premiers rayons du soleil - et sans doute bien plus tard. La joie se lit sur tous les visages, l'heure est aux réjouissances - ils l'ont fait. La célébration parfaite d'une organisation familiale et conviviale - jusqu'au bout (de la nuit).

Photo en une : AVA 2018 © Lewis McLay

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