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MaMA : entre conventions et concerts, le festival du 18e mise sur le rapport humain

Rencontre avec Fernando Ladeiro-Marques, directeur du festival

  • Camille-Léonor Darthout
  • 16 October 2017

À l’aube de sa huitième édition, le MaMA festival étaye sa programmation et renouvelle avec brio sa proposition centrée autour de l’industrie musicale et de l’échange entre professionnels. Un événement dont le modèle est basé sur une proposition éducative et instructive de la musique, entre convention et concerts.

Depuis sa création en 2010, MaMA a doublé ses effectifs aussi bien du côté des concerts que de ses collaborations et de l'accueil du public. Sur sa lancée, le festival célèbre les acteurs de l’industrie musicale mais aussi un quartier parisien historiquement connu pour son aspect créatif, le 18ème arrondissement de Paris. L’initiative, d’abord nationale, est très vite convoitée à échelle européenne et internationale : MaMA festival est à l’heure de sa création la première initiative événementielle française sur un format de forum professionnel incluant également des concerts, le tout centré sur la musique.

Le rendez-vous est fondé sur l’idée d’un parcours itinérant entre chaque salle d'accueil, avec pas moins de 140 conférences, concerts et showcases qui prendront place du 18 au 20 octobre sur une zone allant du nord du 9e arrondissement jusqu’à Montmartre, le 18e. Des établissements emblématiques, des artistes et professionnels venus des quatre coins du monde et des performances inédites font de cette édition un véritable terrain de jeu pour les acteurs de l’industrie tout comme pour les passionnés et les curieux, tous les bienvenus. Fernando, directeur du festival, met en lumière un festival qui n’a jamais flanché sur les initiatives créatives pour se renouveler intelligemment et dévoile l’impact du MaMA sur la scène musicale européenne.

Le MaMA n’a pas vu le jour à Paris. À vrai dire, son arrivée dans la capitale n’était même pas planifiée. Fernando, alos directeur de communication du Printemps de Bourges, constate qu’un bon nombre de professionnels se rendent chaque année sur le festival. L’organisation décide alors de mettre en place un événement au sein même du plateau, dédié aux acteurs de l’industrie : un cocktail-conférence thématique voué à la création d’un réseau intra-festival.

« C’était une sorte de numéro 0 du MaMA festival, mais à Bourges. Le problème, c’est que l’événement a suscité un tel engouement qu’il a fini par concurrencer le Le Printemps de Bourges lui-même. »

Dès son premier essai, il devient clair que le MaMA doit exister par lui-même et se détacher de l’événement qui l’a vu naître. Paris s’impose comme une évidence, étant sans conteste la ville la plus accessible de France à échelle nationale et européenne. Le 18e, par son histoire riche en créativité et en initiative artistique, mais surtout par la présence élevée de salles dans un périmètre restreint, représente l’emplacement idéal.

« Le principe fondateur du MaMA, c’est que les professionnels puis le public plus tard, puissent avoir accès facilement à toutes les salles et établissements du festival. Ainsi, pendant les temps libres, cette accessibilité laisse plus aisément place à la curiosité »

Le quartier est transformé en un véritable terrain de découvertes. À chaque coin de rue, les intervenants et le public peuvent se croiser, se retrouver. Le MaMA est une véritable animation ouverte. À l’origine, le festival était pourtant composé différemment. Les concerts ont toujours été ouverts au public, mais les conventions incluant masterclasses, débats et conférences étaient quant à elles réservées aux professionnels. Un élément qui a rapidement évolué avec l’arrivée de nouveaux pass, qui permettent aussi bien au public qu’aux personnes de l’industrie de naviguer librement d’un point à un autre. Une aubaine pour les accrédités non-initiés au milieu artistique qui se peuvent accéder à de multiples événements pour une bouchée de pain.

Le succès du festival est immédiat, parce qu’il offre une perspective nouvelle de la musique, qui ne signifie plus uniquement concerts et performances mais aussi rencontres et discussions. Au MaMA, Paris devient un village où l’aspect humain est central. Car même si depuis de nombreuses années, les thématiques récurrentes sont liées au digital dans la musique, avec l’essor du streaming, la réalité virtuelle et de l’importance de la vidéo, l’échange et le relationnel est clef. Fernando est catégorique :

« Notre ère est résolument digitale. Mais en ces temps où l’Internet est maître de notre société, le besoin de connexion humaine est d’autant plus important. Tout est dématérialisé aujourd’hui, mais rien ne vaut une rencontre en personne. »

Il est vrai que la musique, comme beaucoup d’autres domaines, peut être entièrement produite et distribuée par voies numériques. Ainsi, le MaMA se dédie à une mission plus sociale avec son forum professionnel. On se voit, on discute et pourquoi pas, on innove. Une nouvelle plateforme d’échange qui a déjà porté ses fruits. Le directeur du festival se rappelle :

« Comme chaque année, nous recevons plusieurs invités internationationaux. Il s’est avéré qu’une fois deux producteurs, l’un barcelonais et l’autre madrilène, qui travaillaient ensemble depuis des années m’ont ainsi avoué qu’ils se rencontraient pour la première fois de leur vie ici, au MaMa. Une annonce plutôt surprenante, il leur aura fallu venir à Paris pour enfin échanger en personne. »

L’instigateur de ce réseau, Fernando, est enthousiaste lorsqu’il voit à quelle vitesse s’est développé le festival et avec quel enthousiaste celui-ci a été accueilli depuis son lancement en 2010. Il passe de 70 concerts à 150 cette année, un 18e qui s’est étendu jusqu’en haut du 9e pour pouvoir accueillir un public plus large. Mais aussi pour ouvrir le festival à de nouvelles salles et à des établissements inédits, comme avec la Chapelle et la cours intérieure du Lycée J.Decours ou même les Folie’s Pigalle, l’ancien Pigallion, nouvelles bottes secrètes du MaMA. Mais Fernando reste prudemment quant à la croissance de l’événement, conscient qu’il existe une limite à ne pas franchir et qu’il faudra bientôt se cantonner à la proposition mise en place pour conserver la qualité d'accueil et surtout l’aspect social, le but n’étant pas de propager une fourmilière déshumanisée.

« On a mis 2 ou 3 ans à trouver le bon modèle pour le MaMA. Des intervenants français et internationaux, une découverte et une innovation musicale constante et l’aspect humain entre les professionnels et le public. Désormais, on reste là-dessus.»

Comme chaque année, le MaMA dédie une partie de sa programmation à une scène émergente. En 2017, la Colombie est à l'honneur. L’un des pays les plus actifs et créatifs, notamment dans le domaine de la musique. Parmi les artistes invités à faire découvrir leur initiative artistique : le groupe Mitú, qui emprunte son nom à un village reculé de l’Amazonie. Une “techno de la jungle” qui ne pouvait pas trouver meilleur logis qu’à La Machine du Moulin Rouge, où le synthétiseur analogique de Julian Salazar et les percussions digitales de Franklin Tejedor rythmeront la soirée du 19 octobre. À l’Élysée Montmartre le 20 octobre, speed meetings et présentation du marché colombien seront dédiés à la découverte de cette scène sud-américaine influente.

Bien que le MaMA ne se voue pas à un genre musical en particulier, l’électronique reste un mouvement largement représenté. Aux Folie’s Pigalle, les soirées seront dédiées en grande majorité à des beats endiablés et aux BPM sous haute-tension, un chassé-croisé harmonieux avec diverses influences : l’électro-instrumentale de Superpoze, le hip-hop bruxellois de l’Or du Commun ou encore les influences 80 et 90 du militantisme LGBT de Beth Ditto et Kiddy Smile. Le nombre colossal de performances et d’activités allant de la masterclass aux concerts célèbre dignement ce qui reste finalement au cœur du sujet : la musique. À l’évidence, le planning sera chargé et il faudra bien s’organiser pour optimiser son aventure au coeur du 18e. Et surtout, entre deux rendez-vous, il est important de lever la tête et découvrir la beauté de ce quartier aussi convivial et chaleureux que le MaMA.

Le MaMA festival prendra place du 18 au 20 octobre dans 12 établissements du 18e et au nord du 9e parmi lesquels La Cigale, LA BOULE NOIRE, La Machine du Moulin Rouge, O'Sullivans Backstage by the mill, Bus Palladium, Les Trois Baudets, Le Carmen, Théâtre de L'Atalante, Le Folie's Pigalle Paris, Théâtre & Chapelle du Lycée J.Decour.

Toutes les informations sur l'événement sont disponibles ici. Découvrez l'aftermovie de l'édition 2016 plus bas.

Crédits Photo : Detienne

Camille est rédactrice freelance à Mixmag France. Suivez-la sur Twitter.

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