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Nastia : Keep on dancing

Le voyage depuis son village ukrainien jusqu'à la scène

  • Texte : Joe Roberts | Images: Carsten Windhorst
  • 17 May 2016

C’est le cauchemar de tout DJ débutant. La star ukrainienne de la techno, Nastia, vient juste de prendre le contrôle du Vinyl Pimp (le shop où s’empilent, du sol au plafond, des disques rares de labels incroyables) quand les platines qui diffusent son premier track : SBTRKT ‘Hold On’, s’éteignent. Plus tard, on a découvert que quelqu’un quelque part, avait accidentellement enlevé la prise.

Ce jour là, elle s’était donné comme challenge de choisir des vinyles non-catalogués sur les étagères : rapidement, elle a admis qu’elle paniquait à l’idée de jouer des morceaux qu’elle ne connaissait pas. Sur le moment, la situation s’est tendue, la foule s’est arrêtée de danser et a commencé à se poser des questions. En véritable professionnelle, Nastia a réagi calmement : qu’importe ce qui lui passait dans l’esprit, elle est restée imperturbable et a sourit aux danseurs. Une minute plus tard, le son est revenu et elle s’est remise au travail comme si de rien n’était. De la house par-ci, de la techno par là, des tracks profonds, délicats ou rythmés. C’était simplement harmonieux, agréable et presque logique. On a aucun mal à comprendre pourquoi Richie Hawtin lui a proposé de jouer avec lui ce soir à la Fabric.

Elle n’a pas fait le buzz avec un tube interplanétaire, elle n’a pas lancé un label à son nom : Nastia a réussi à gravir les marches autrement. Elle s’est fait connaître « à l’ancienne » : en commençant à tourner un peu partout, à faire son bonhomme de chemin que les platines fonctionnent bien ou pas. Née dans un petit village en Ukraine, cette DJ de 28 ans anime une émission de radio hebdomadaire sur Kiss FM Ukraine, une station qui lui offre une liberté totale sur sa sélection de tracks. Elle a joué trois fois par jour à KaZantip, le festival qui dure deux semaines non-stop, et a su impressionner les festivaliers. Aujourd’hui, elle est demandée aux quatre coins du monde : l’année dernière, elle a fini par jouer vingts soirs d’affilée. Nastia, c’est l’artiste qui passe de la techno à la drum’n’bass puis à la house avec une aisance si particulière qu’on pourrait penser qu’elle a trente ans de carrière derrière elle.

C’est en 2013 qu’elle trouve le temps de lancer Propaganda, son label « vinyl-only » qui a réussi à obtenir le soutien de iO et d’Andrey Zots. Chaque année, elle retourne fêter son anniversaire à Kiev, là où elle vit, pour le festival Strichka. En 2016, ce festival se tiendra le 21 mai et accueillera de nombreux artistes comme Pearson Sound, DJ Stingray, Jus-Ed ou encore Anthea. Sa première apparition au Panorama Bar aura lieu le 29 avril, elle a également des dates pour le Circo Loco et est déjà bookée pour de nombreux festivals cet été. Vous avez eu le temps de respirer ? Pas nous.

Au fur et à mesure, on s’est rendu compte qu’elle était en effet complètement overbookée. Aujourd’hui par exemple, elle est arrivée à l’aéroport, est partie au Vinyl Pimp, a fait ses soundchecks à la Fabric, a diné, et a eu enfin un peu de temps pour notre interview, juste avant de se préparer en un temps record pour son set. Mais Nastia gère la situation. Elle est incroyablement honnête, drôle et n’a aucun mal à faire preuve d’autodérision et à se moquer de sa pratique de l’anglais. Habillée d’un jean Armani Black et de boots, la tenue techno classique, elle porte un tee-shirt kaki qu’elle a acheté à Los Angeles qui expose la photo de Robert Johnson, le joueur de blues légendaire des années 30.

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