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No rules: Comment ‘Homework’ de Daft Punk a changé la scène électro pour toujours

L’album a 20 ans mais son influence n’a pas diminué

  • Matthew Collin / Traduit par Marie-C. Dapoigny
  • 20 January 2017

Il y a vingt ans de cela, il n’y avait pas de robots.

La pochette du premier album de Daft Punk, Homework, sorti il y a tout juste vingt ans, était dépourvu de figures androïdes étincelantes ; celles-ci arriveraient plus tard. À la place, un logo brodé en satin, une photo en noir et blanc de deux jeunes dégingandés qui jouent dans un club et les photos des bouilles de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo enfants.

Mais les obsessions de style qui leur ont collé à la peau jusqu’à ce jour étaient déjà reconnaissables alors : des rythmes house revisités, des grooves techno, les lignes de basse disco distordues, le scintillement d’une mélodie et leur flair incomparable pour une accroche irrésistible. Les morceaux comme ‘Da Funk’ et ‘Around the World’ était suffisamment crédibles pour allumer les soirées des vieux sous-sols les plus humides, mais assez fédérateurs pour devenir des hits.

Quand ‘Homework’ est sorti en Janvier 1997, ils étaient tous deux âgés de 22 ans seulement, mais il était déjà clair qu’au sein de la nébuleuse de jeunes producteurs de house français gagnant en popularité, Daft Punk allait peser lourd dans la balance. À ce moment là cela-dit, Bangalter et de Homem-Christo étaient toujours ancrés dans la culture DIY de l’ère des raves. L’album a été enregistré chez eux, dans leur home studio - la raison du titre - et sonne bien corsé comparé aux arrangements somptueux d’un ‘Random Access Memories’, tout particulièrement dans les sonorités de titres combatifs comme ‘Rollin’ & Scratchin’ ou ‘Rock’n Roll.’

Ils avaient déjà commencé à jouer avec leur image, portant une sélection de masques plus ou moins kitsch pour masquer leur visage sur scène et sur les séances photo. Lorsque je les ai interviewés pour Mixmag avant un festival en 1997, ils expliquaient qu’il essayaient de créer un langage visuel pour l’électro qui abandonnerait les clichés du passé.

“Nous ne voulons pas des poses ni de l’attitude rock’n’roll - elles sont complètement stupides et ridicules de nos jours,” me disait Bangalter. Il continua “C’est une nouvelle scène, et une nouvelle approche. Il n’y a rien à suivre. Il n’y a plus de règles.

Plus tard dans la journée, sur scène, ils porteraient leurs masques avec leurs fringues de tous les jours - Bangalter dans une veste en cuir vintage marron, un t-shirt ‘Back To The Future’ et de Homem Christo and un haut turquoise et jeans, bien que ces tenues rudimentaires évoluraient au fil des ans en casques high tech avec LEDs et ventilateurs, complétés de costumes de scène conçus par la star de la mode française, Hedi Slimane.

Ce qui apparaissait évident à l’époque était leur enthousiasme pour les possibilités qui s’ouvraient devant eux. Ils avaient appris, de la première génération de producteurs house et techno qui avaient monté leur propres labels, qu’il était possible de maintenir le contrôle sur leur production ; ils étaient aussi en passe de réaliser qu’ils pourraient appliquer la même philosophie à leur image. En faisant appel à des talents comme Spike Jonze et Michel Gondry pour les vidéos promotionnelles de morceaux comme ‘Homework’ leur permettraient de s’immiscer plus tard dans le milieu du cinéma, qui culmine dans le long métrage ‘Interstella 555’ (qu’ils ont écrit et produit) et ‘Daft Punk’s Electroma’ (qu’ils ont mis en scène).

À un moment, le magazine Rolling Stone a placé ‘Homework’ en tête des “meilleurs albums EDM de tous les temps,” expliquant que leur son avait “transformé le r’n’b et la pop.” Mais leur show sur scène se montrerait tout aussi influent aux Etats-Unis. Combiné aux tenues de robots, l’installation pyramidale créée pour leur date décisive à Coachella en 2006 apporta une solution au dilemme classique de comment transformer des mecs au look ordinaire en super héros techno.

À noter que de jeunes producteurs comme Skrillex et deadmau5 prenaient bien note, et la scéno de la scène de Daft Punk est devenu le point de référence pour toutes les extravagances EDM d’aujourd’hui - toutefois le duo français a dit qu’ils auraient préféré si leurs intentions avaient été émulées, en lieu et place de leur show.

Pour toutes leurs ambitions “futuristes” ostentatoires, les Daft Punk ont toujours été obsédés par le passé, et ont offert de nombreux éloges aux âges d’or de la house et du disco depuis leurs débuts. Sur ‘Homework,’ le morceau ‘Teachers’ nomme une liste de pionniers comme DJ Pierre, Lil Louis et Jeff Mills - la tentative de régler leur dette d’honneur aux prédécesseurs qui demeuraient dans l’ombre: “La moindre des choses est de payer ses respects à ceux qui ne sont pas connus et qui ont influencé les gens,” expliquait Bangalter à cette époque. Maintenant ils peuvent bien sûr rendre hommage et satisfaire leurs besoins nostalgiques en collaborant sur leurs morceaux avec les héros de l’ère disco, comme Nile Rodgers et Giorgio Moroder.

Homework’ comporte grand nombre des essences vitales des styles que Daft Punk ont développé depuis; c’est une synthèse brillante de fantasmes du dancefloor, parfois euphoriques, parfois kitsch ou caricaturaux à la façon des mangas, mais qui ne s’aventure jamais très loin dans l’ombre. En effet, la citation lumineuse de Brian Wilson des Beach Boys qu’ils ont imprimée sur la pochette de l’album pourrait toujours leur servir de mot d’ordre: “Je voulais faire de la musique joyeuse qui remplirait les gens de bonheur.”

Matthew Collin est l’auteur d’ Altered State et Pop Grenade. Il a rédigé l’interview des Daft Punk en couverture de Mixmag en 1997.

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