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Working Week-Ends : Ryan Elliott

S'il a beau être un DJ incontournable, son ancienne vie en tant qu'employé de bureau pourrait être la clef de son succès

  • Texte : Nicolas Stecher | Photos : Juliana Bernstein
  • 25 March 2016

2008. Dans un bureau sans âme de la Ford Motor Corporation à Dearborn dans le Michigan, un homme impeccablement sapé se dirige lentement vers la cuisine pour se prendre un café, cherchant vainement à recharger ses batteries qui subissent un jetlag intercontinental. Son pantalon est parfaitement repassé, et sa cravate est bien mise en valeur, on peut lire sur une carte accrochée sur sa poche avant « Ryan Elliott : Analyste financier ».

Autour du distributeur d’eau, quelques mecs passent en revue leur weekend de débauche. A 22h, une projection de Old School au cinéma du coin s'improvise, suivie par quelques joints post-film, et le tout s'achève avec un pack de 12 bières chez eux. Todd, un type sympa des ressources humaines remplit son mug Garfield « I HATE MONDAYS » à la machine à cappucino . « Alors, qu’est-ce que t'as fait ce weekend Ryan ? » demande-t-il.

Ryan revient sur ses dernières 48 heures. Il a sauté dans un Boeing, a volé au-dessus de l’Amérique et de l’Océan Pacifique jusqu’à Tokyo, là-bas un promoteur japonais l’a emmené dîner et lui a fait enchaîner des gallons de saké froid et de la bière encore plus froide. Il a ensuite joué dans une boîte sombre et moite à Roppongi, où la foule rassemblée était encore plus déchaînée à cause de la chaleur. De belles filles lui ont souri et l’impulsion des basses, des lumières, des grosses caisses ont submergé son crâne. Il se souvient d’avoir sauté dans un taxi après la fermeture du club, la lumière du matin aveuglait ses yeux épuisés. Il s'est ensuite directement dirigé vers l’aéroport d'Haneda pour attraper un vol à destination de Detroit. Il se rappelle du long trajet de 15 heures, se sentant heureux mais las jusqu’à la moelle. Il se souvient de chaque moment, le tout condensé en un flash de trois secondes.

« Pas grand chose » répond-il mollement. « J’ai tondu la pelouse, nettoyé la maison ». Todd se moque, regarde ses potes. Quel ennui. Un an plus tard, Ryan décidait de quitter son travail à la Ford Motor. Laissant sa vie derrière lui, il vendait sa maison de Detroit pour qu’il puisse bouger à Berlin, la ville où “Ryan Elliott 2.0 : World Famous Techno DJ” pourrait enfin s'épanouir.

« Je ne voulais pas emmerder ces gars-là, c’était juste plus facile pour moi, ils ne savaient pas ce que je faisais à côté » dit Elliott, revenant sur son ancienne double vie. Assis dans le jardin si glamour de l’Hôtel Roosevelt à Hollywood, tout à l’air de s’être passé il y a déjà toute une vie. « Je crois que je n’avais pas envie de tout leur expliquer » ajoute-t-il. « Et je ne voulais pas que l’on me juge, car ils se seraient surement fait des idées sur moi… Et 90% d’entre elles auraient été vraies ! »

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