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Culture

15 tendances qui vont faire évoluer votre expérience de la musique électronique en 2018

Une nouvelle année plutôt intense côté changements

  • La rédaction
  • 29 January 2018

Un nombre croissant de festivals sera placé entre les mains d’un même DJ

Il fut un temps, on aurait dit que les festivals étaient tous plus ou moins organisés par des fermiers excentriques, des énormes multinationales ou des passionnés ayant décidé de se lancer après s’être promis de poser « le meilleur festival jamais organisé ! » un jour en after. Désormais, on dirait que la plupart des festivals sont contrôlés par un DJ. Bien entendu, ça n’a rien de nouveau (Peacock et consœurs sont là pour nous le rappeler), mais la tendance s’est fortement renforcée ces dernières années. On trouve désormais le Lost & Found d’Annie Mac, Lost Village est organisé par Jaymo and Andy, Disclosure est la tête pensante de Wild Life, sans oublier le brillant Houghton organisé par le résident de la Fabric Craig Richard pour la première fois l’an passé.

En 2018, ils seront encore plus nombreux, et la légende UK Artwork (de feu le groupe Magnetic Man) a déjà annoncé son propre event, Arts House: A Lovely London Festival en août prochain. Et soyons francs ; qui mieux qu’un DJ saurait organiser un excellent festival ? Ce n’est pas pour rien que Nuits Sonores confie sa programmation des jours aux pointures du genre. Chaque artiste apporte avec lui un carnet d’adresse bien fourni d’impeccables talents et une minutie sans pareil en ce qui concerne la qualité sonore. En un mot; il savent ce qui fait la distinction entre un bon festival et un dont on se souvient toute sa vie. En ce qui concerne Craig Richards et son festival Houghton, c’est 72 heures de son non stop qui fait toute la différence.

L’EBM remis au goût du jour

Pendant plus de 30 ans, ce mélange de pop et de sons industriels connu sous le nom d’Electronic Body Music (EBM) a réussi à conserver son audience niche et underground, sur la face cachée de la sphère électronique. On le trouve plus communément dans certaines régions d’Allemagne et aux Pays-Bas. Cette subculture tourne autour d’une esthétique gothique, gutturale avec des percussions répétitives, des voix suggestives et des lignes de synthés dramatiques. Un genre dark qui flirte avec l’esthétique punk.

Une poignée d’artistes contemporains sont restés fidèle aux sonorités traditionnelles du genre, défini à la fin des années 80 par les artistes comme Anne Clark et Nitzer Ebb. D’autres se sont tournés vers des productions au rendu plus raffiné, qui complimente aussi bien la scène techno en pleine croissance que la montée en force de l’électro. En 2017, des sorties d’artistes comme Alessandro Adira, Sarin et Phase Fatale qui a produit l’excellent Anubis EP sur Ostgut Ton - ont réussi à cerner un son qui a commencé à percer dans les sets techno du monde entier. Les sets d’Adam X, Silent Servant gravitent souvent avec le genre et d’autres artistes commencent à leur emboîter le pas. Alors que les techno heads sont toujours en quête d’une variation plus sombre dans leur productions et leurs live shows, on peut prédire que l’EBM les accueillera les bras ouverts avec ses sonorités lourdes, sexy et industrielles.

De plus en plus de villes soutiendront l’économie nocturne et nommeront leurs propres « maires de la nuit »

Avec la fermeture en masse de clubs légendaires ces dernières années, il devient évident que les autorités locales ont un rôle majeur à jouer dans le futur de la prospérité de la culture dance music. Des villes comme New York, Amsterdam, Paris et Zurich l’ont bien compris, et ont toutes adopté le concept du « maire de la nuit ». Berlin possède sa propre commission dédiée aux clubs et Londres son Night Tsar. Le but principal de ces attachés est de soutenir l’économie nocturne, avec des résultats jusqu’ici fort prometteurs.

New York City a enfin dit adieu à son archaïque « No Dancing Law ». Cette décision a permis l’ouverture de deux nouveaux clubs (Nowadays et Elsewhere) en l’espace de quelques semaines seulement. Le gouvernement de Berlin a quant à lui investi 1 million d’euros pour aider les clubs à s’équiper de protections acoustiques dernier cri et ainsi faire face aux projets de redéveloppement immobilier rampants qui pourraient pousser certains établissements à la fermeture. Il est grand temps que d’autres métropoles rejoignent ce consensus : la vie nocturne joue un rôle crucial dans le paysage culturel d’une ville. Tous les yeux sont rivés sur d’autres métropoles comme Los Angeles et Sydney pour rattraper leur retard en la matière.

Une prominence accrue de la musique électronique en Afrique et des artistes africains sur la scène internationale

La musique venue des pays d’Afrique a toujours eu une place de choix sur les dancefloors du monde entier. Dès les années 70, David Mancuso a provoqué l’hystérie générale au mythique Loftavec le ’Soul Makossa’ du saxophoniste camerounais Manu Dibango. Aujourd’hui, Awesome Tapes From Africa, Floating Points et Antal se sont fait une réputation pour inviter régulièrement les sons du continent africain dans leurs set et les reissues. Les scènes continuent de grandir et se développer localement dans différent pays d’Afrique : kuwaito et gqom en Afrique du Sud, malaxa au Sénégal, et Gambie, kuduro en Angola, electro accola en Ouganda pour n’en nommer que quelques uns, les artistes qui produisent et jouent ces styles vont monter en puissance face à un public occidental avide de sonorités nouvelles.

Un changement est en cours : l’artiste sud-africain Black Coffee a débuté une résidence de 18 semaines à Hï Ibiza en 2017. Son compatriote DJ Lag a tourné en Europe et en Amérique. Le fier représentant du funk ghanéen Ata Kak a marqué les esprits lors de son dernier set au festival Glastonbury. Les collaborations transcontinentales sont de plus en plus nombreuses : ces derniers années, on se souvient de l’échange entre la radio londonienne NTS et le collectif ougandais Nyege Nyege, les travaux de James Holden et Floating Points avec l’artiste marocain Maâlem Mahmoud Guinia et le projet annuel de la figure de proue du groupe Gorillaz Damon Albarn, Africa Express.

Le harcèlement sexuel dans le milieu musical sera de plus en plus ouvertement dénoncé

Le monde du divertissement a bien changé cette année. Dans l’Hollywood post-Weinstein, les actes intolérables des prédateurs sexuels ne sont plus passés sous silence. Les mouvements internationaux #MeToo et Time’s Up gagnent en popularité et le vent a bel et bien tourné. Il reste certes beaucoup à faire, mais l’impact positif sur le débat se fait déjà sentir. Ce n’est qu’une question de temps pour que les autres milieux créatifs comme la musique suivent le pas et que les écarts de comportements soient davantage pointés du doigt. Il est temps qu'un pavé soit lancé dans la mare de l’industrie musicale pour pouvoir initier les changements dont peuvent bénéficier les fans et les acteurs.

Au sein de la musique électronique plus particulièrement, l’AFEM (Association of Electronic Music) a lancé un service de soutien confidentiel ouvert aux victimes de harcèlement. Y sont offerts aux victimes de la scène conseils et recommendations. Le directeur de l’organisation Mark Lawrence a affirmé : “Depuis sa formation, l’AFEM a soutenu l’égalité et la diversité comme piliers fondateurs de notre industrie et nous condamnons sans équivoque les abus sexuels et le harcèlement quel qu’il soit. Nous travaillons avec nos 150 membres sur les manières de ressembler l’industrie contre toutes les formes d’abus.” Un pas en avant pour la musique électronique, mais encore une fois, il reste beaucoup à faire.

Les podcasts vont devenir le plat de résistance de vos habitudes d’écoute

Tout le monde y va de son propre podcast de nos jours. Le nouveau champ de possibles ouvert par les radios en ligne et les réseaux sociaux semble avoir fait monter la cote de la production de programmes authentiques. En 2018, les podcasts vont avoir le vent en poupe, des comédies non censurées comme ‘My Dad Wrote A Porno’, des talk shows comme ‘Table Manners’ de Jesse Ware enregistré dans son salon autour d’une tasse de thé ; ou encore des émissions musicales comme celles d’Anjuna Deep, le Music Exchange du quotidien anglais Guardian et l'émission On Rotation présentée par l'équipe américaine de Mixmag.

Les podcasts offrent une plateforme d’expression et une liberté créatrice inédite. On peut les réécouter à l’envi, un atout certains pour des auditeurs toujours plus adeptes d’un format audio qui permet une écoute pro-active plutôt que l’expérience passive de la radio traditionnelle. Un format intemporel et sans date de péremption au même niveau que le live stream, pleinement adapté aux habitudes des internautes.

La frange expérimentale de la musique club se recentrera sur l’art du live show

Les mots “déconstruit”, “expérimental” ou simplement “club” - appelez-ça comme vous voulez, une nouvelle vague de producteurs aux sons novateurs comme Rabit, Arca et Lotic se concentre désormais sur le live. Ils ont déjà fait leurs preuves dans le DJ booth sur les scènes d’Unsoundm Creamcake et Sonic Acts et recherchent désormais de nouveaux moyens de présenter leurs idées au public de la manière la plus immersive qui soit. Lanark Artefax s’est associé à l’artiste visuel Jacob Chabeaux pour créer un live A/V magnifique; Lotic va présenter ses derniers travaux avec le danseur de formation classique Roderick George au festival CTM à la fin du mois; Jlin travaille également avec des danseurs, toujours à la recherche de nouveaux moyens de transposer sa musique dans l’univers du live. Klein, dernier poulain de l’écurie Hyperdub a composé un opéra, et s’est récemment produit dans la plus grande salle de spectacle d’Europe, le Southbank Centre de Londres. Les limites du DJ set sont évidentes, attendez-vous donc à ce que toujours plus de créateurs rejoignent le côté live de la force.

La marque techno Drumcode va devenir le mouvement électronique le plus puissant au monde

Adam Beyer - ou plutôt Adam Béhémoth. Sans doute aucun, Drumcode est devenu l’un des labels électroniques les plus populaires et proéminents au monde. Leurs soirées aux quatre coins du globe ont suffisamment de hype pour écraser la concurrence, que ce soit avec des scènes sur des festivals comme au réputé Junction 2 de Londres et des takeovers à Awakenings et Printworks. Mais la célébrité a un coût : les puristes semblent s’être mis d'accord sur leitmotiv “ce n’est pas vraiment de la techno”. Les débats houleux entre les fans du label et les adeptes d’un son techno plus dark animent régulièrement nos fils d’actualité Facebook, mais ça n’a pas empêché le label de continuer sur sa lancée et de s’affirmer comme une force prédominante dans l’univers du 4/4. On s’attend à des soirées de plus en plus énormes et leur fanbase va se démultiplier. Adam Beyer va continuer son indéniable montée en puissance, s'imposera comme le ticket gagnant sur le circuit festivalier global.

Internet va ouvrir de nouvelles portes à la radio

Quand vous pensez aux radios en ligne, qu’est ce qui vous vient à l’esprit ? La réponse peut prendre des formes multiples : écouter un présentateur interviewer un de vos artistes préférés en live par exemple. Tel est le futur de la radio en ligne. Tout ce qui semblait autrefois impossible est désormais à portée de main. L’ère où les artistes devrait platement présenter leur dernier album est révolue. En fonction de vos goûts, certains veulent davantage qu’une simple expérience d’écoute. Ils veulent voir ce qui se trame derrière les micros. Avoir une audience engagée est crucial, tout particulièrement à l’âge d’Internet.

La présentatrice de Radar Radio Amy Becker s’est fait un nom grâce à un concept d’interviews plutôt original : assise avec son invité, elle allume un bang. Son show Wake & Bake a vu défiler des invités comme IAMDDB discuter des sujets variés, de la musique à la vie de tous les jours. A-t-on besoin de davantage de présentateurs qui n’en ont rien à carrer des formats radio traditionnels ? Oui.

Les artistes et les présentateurs ne sont pas parfaits, et on ne devrait certainement pas faire croire au public qu’ils le sont. Alors que les réseaux sociaux exacerbent la superficialité et imposent des standards impossibles à atteindre, les présentateurs de radios en ligne ne devraient pas s’imposer de mener leurs interviews comme sur un plateau de France Télévision. On veut du vrai, du naturel, comme les conversations en after à 4 heures du mat’.

Les line-ups des clubs et des festivals seront de plus en plus courts, avec une prédominance de sets plus longs

Il n’y a rien de mal à avoir un line-up à rallonge, vraiment. C’est toujours un plaisir de voir une affiche crouler sous les grands noms de la scène électronique. Mais ce n’est plus vraiment ce que les gens veulent voir. Il y a quelque chose d’assez spécial dans l’idée de revenir à l'essentiel et de se concentrer sur une poignée d’artistes hyper talentueux, des selectors qui ont l’art de nous faire voyager pendant 4 ou 5 heures d’affilée.

On veut des soirées où on peut passer par tous les recoins de la sacoche d’un DJ ou presque, plutôt qu’une heure de hits mixés à la va-vite avant le passage du prochain headliner. Skream, Objekt, Madam X ont lançé leur propres soirées sold out avec un seul nom à l'affiche, au lieu de 5, 6 voire plus. Les tickets de petits festivals comme Field Maneuvers et Virgo se vendent comme des petits pains, avec peu de gros noms, des résidents à la réputation solide et de nouveaux talents : la tendance est en marche. Laissons un peu de place au talent du DJ au lieu de suivre le mouvement d’une machine bien huilée.

Les clubs ouverts le dimanche vont devenir de plus en plus intéressants et sophistiqués

Dimanche après-midi à Concrete, Paris. On sort d’un brunch bien arrosé et voilà une vision qui tranche avec la rue tranquille derrière nous. Ben Klock est en plein set, devant une foule de jeunes gens à l’énergie et la passion impressionnante. Les clubs ouverts le dimanche étaient autrefois une rareté, et le plus souvent remplis des bras cassés de la nuit précédente ; des yeux hagards cachés derrières des lunettes de soleil, des mâchoires prêtes à traverser la Manche.

Mais au vu des visages frais qui nous entourent et de l’énergie présente sur le dancefloor, on ne peut dénier que cette foule est là pour la musique. Ils veulent danser. Le bar fait encore carton plein, et l’ambiance est plus proche d’une épique session en salle de sport que celle d’un squat de junkies, et tout le monde rentrera chez soi le soir venu. Peut-être est-ce là le future d’une nouvelle génération de fêtards, plus branchée healthy eating et house music que leurs aînés. On ne les blâme pas. La gueule de bois, c’est tellement 2017.

Le modulaire va se démocratiser

En 2017 sortait une carte interactive montrant la location des différentes sociétés de production d’eurorack modulaire à travers le monde. Plus de 300 companies indépendantes y sont répertoriées, symptôme de l’appétit grandissant pour le synthé modulaire dans la production.

Entre l’invention du premier synthétiseur monophonique analogique par Robert Moog dans les années 1960 et le début du nouveau millénaire, construire son propre synthé modulaire nécessitait de sérieuses connaissances en sciences appliquées et des ressources financières à la mesure pour renflouer votre studio. Aujourd’hui, les constructeurs de modulaires se sont emparées de l’engouement pour le format “eurorack” et s’adressent à une nouvelle clientèle de jeunes artistes avec des modules moins chers et plus accessibles qui permettent de customiser son hardware sans (trop) casser sa tirelire.

Une étourdissante variété de séquenceurs, filtres, effets, oscillateurs, boîtiers alimentés, matériel et synthés semi-modulaires a pris le marché d’assault ces dernières années et apporte un souffle de renouveau sur la production électronique. Alors que l’intérêt pour le procédé n’a de cesse de s'accroître, les marques de modulaire rivalisent de créativité pour trouver des manières innovantes et accessibles d’attirer les experts comme les novices.

Le circuit festivalier européen va conquérir de nouveaux territoires

On ne peut pas dire qu’on manque de festivals, en Europe. L’Espagne a son Sónar, l’Italie Kappa Futur, la France ses Nuits Sonores, la Hollande son Dekmatel et l’Allemagne son Melt.

Même l’Albanie se lance dans la course - de nouveaux venus comme Kala Festival promettent des expériences de sept jours dans un paysage de plages immaculées de la côte adriatique.

Ils travaillent dur pour que des petits pays du vieux continent puissent profiter des retombées du mouvement house et techno : Glitch festival à Malte (fondé en 2016) et Sea Dance au Montenegro (fondé en 2014).

Vous allez danser davantage pendant la semaine

Dire que 2017 aura vu la soirée du milieu de semaine remise au goût du jour serait un euphémisme. Des aventures de Radar Radio à l”East Bloc de Shoreditch, les soirées sauvages du mercredi à Corsica Studios. Le milieu de la semaine s’est désormais constitué une solide base d’adeptes et les clubs ouvrent volontiers leurs portes aux fêtards de l’afterwork, du lundi au vendredi.

Cette année verra la montée en force de cette tendance de la weekday rave. Les organisateurs et les salles vont continuer de rivaliser d’ingéniosité pour proposer des line-ups toujours plus alléchants qui n’auront rien à envier aux weekends les plus déjantés.

Vos soirées préférées seront immortalisées sur argentique

Au pays des smartphones, l'usage de la photo argentique va apporter un souffle d’authenticité sur les soirées. C’est tout particulièrement vrai pour les évènements les plus inclusifs. La forme digitale n’a pas vraiment le vent en poupe dans ce domaine de la culture rave et sera reléguée aux events sponsorisés ou aux clubs aux prix prohibitifs pour les organisateurs.

Le format 35mm est accessible à tous. On trouve des appareils jetables abordables au supermarché avec 36 ou 24 photos à utiliser. Le grain et l’authenticité de ces photos colle particulièrement à l’atmosphère sulfureuse des soirées underground transgenres, inclusives et féministes comme BBZ, Pussy Palace et gal-dem. Elles offrent une capsule témoin emplie de femmes magnifiques issues des minorités, profitant d’un espace sûr à l’écart de tout jugement. Des images comme celles-ci jouent un rôle crucial pour la visibilité des minorités et la promotion d’un espace toujours plus inclusif pour la dance music. Alors décrochez un peu le nez de votre écran et créez de bons souvenirs.

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