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Culture

Summer of Love : 30 ans après, la révolution rave continue d'inspirer

Hommage à l’une des époques les plus importantes de la dance music

  • WORDS: BILL BREWSTER | PHOTOS: DAVE SWINDELLS & GAVIN WATSON
  • 4 May 2018

De 1988 à 1989, la culture club importée par quelques fêtards au retour d’Ibiza l’année précédente se répand comme une trainée de poudre dans les boîtes de nuit, les hangars et les champs de Grand-Bretagne et d’ailleurs. Une supernova d’amour irrépressible qui bouleverse la mode, le design, le clubbing, la musique, mais aussi le monde, à tout jamais.

En 1988, un violent séisme fait trembler la société anglaise, mais il n’était causé ni par une insurrection violente, ni par des manifestations à Trafalgar Square ou des forces obscures manipulant les réseaux sociaux. À l’origine de cette révolution pacifique, une poignée de disques de Chicago, Detroit, New York, une drogue dite de l’amour, l’ecstasy – et un groupe de petits jeunes dansant la chorée de Sydenham.


La philosophie hippie originelle est peut-être née en 1967, mais la version dance du Summer of Love a été une explosion dont l’onde de choc continue encore à se propager dans le monde entier. Elle a changé la mode, les drogues, les clubs, la politique et la défonce. La musique de cette période est connue comme l’acid house, mais c’était simplement une manière abrégée de regrouper des sons très différents allant des disques funky et pop joués par Alfredo à l’Amnesia à la techno de Detroit et la house de Chicago, en passant par le garage de New York ou même le hip hop.

En 1988, cette musique coïncide avec l'arrivée d'une nouvelle substance psychoactive, donnant naissance à une des tendances les plus durables et plus répandues à avoir conquis la jeunesse. C’est l’année où le public anglais apprend à s’ouvrir, s’accorder et s’évader (NdT, le slogan « Turn on, tune in, drop out » de Timothy Leary).

Soudainement, toutes les certitudes se sont dissoutes comme un cachet sur la langue. Une nouvelle ère approche, et il ne s’agit plus que de se laisser aller, de ne plus se préoccuper du reste. Les installateurs de gaz deviennent DJs, les employés du secteur aéronautique fondent des labels et les banquiers plaquent tout pour ouvrir des discothèques. Tout le monde est impresario, tout le monde connaît un producteur. Des qualifications ? Pour quoi faire ? Tout ce qu’il faut, c’est le sens du contact et une paire de platines. Le Summer of Love change non seulement qui danse et où, mais également nos relations, interactions et la manière dont nous voyons le monde.

Observant à travers notre prisme brumeux, on était soudainement plus seul, mais un groupe de gens souriants et joyeux. Pendant un court instant, c'est comme un secret d’état que seuls les ados semblent connaître, alors que la police regarde avec incrédulité, les politiciens avec crainte et les bars avec une panique grandissante. Ils finissent par se mettre d’accord pour introduire des lois destinées à nous contenir ; mais comment peut-on contenir une révolution ?

Le changement


En 1986, Nancy Turner (plus tard connue sous le nom de DJ Nancy Noise) a passé tout l’été à Ibiza. Aux alentours de juin, elle découvre l’Amnesia et la musique de ses résidents, Alfredo et Leo Mas « Ils jouaient la même musique tout l’été » , se souvient-elle. « C’était comme un lavage de cerveau baléarique. Quand on est rentrés chez nous l’Amnesia était littéralement la seule chose dont on arrivait à parler. On était comme des fous ! »

L’année suivante, Turner économise de façon à pouvoir y rester toute la saison, et passe chacune de ses nuits à l’Amnesia. Un de ces soirs d’été langoureux, elle y croise son ami Paul Oakenfold, accompagné de Nicky Holloway, Johnny Walker et Danny Rampling, tous trois subjugués autant par le club que par une nouvelle drogue qu’ils y ont goûtée, l’ecstasy.

À leur retour à Londres, Oakenfold, qui a remarqué que Nancy possédait une collection de vinyles pleine de classiques d’Alfredo dans son appart, lui propose de venir jouer à sa nouvelle soirée, The Future. Turner y mixe pour la toute première fois en janvier 1988.

Pas besoin de diplômes à cette époque. Tout ce qu’il fallait, c’était de l’enthousiasme, un peu de culot et un sac de disques. « Pour la première fois de ma vie je me suis dit ‘c’est ce que je veux faire, c’est ce qu’il faut que je fasse’ » déclare JD Twitch, qui vivait à Glasgow à l’époque. « C’est comme si tout à coup quelqu’un avait rebranché la couleur. Avant les soirées me semblaient très fades, en noir et blanc, et maintenant ce n’était plus que des couleurs éclatantes. C’est dur d’expliquer à quel point ça nous paraissait excitant. »

Le même schéma se reproduit, de ville en ville, inlassablement. Des petits groupes de DJs dévoués à la cause et un nombre grandissant de clubbers qui découvrent la house. À Liverpool, Andy Carroll et Mike Knowler ; Graeme Park et DJ Jonathan à Nottingham ; Nightmares On Wax à Leeds ; Parrot et Winston à Sheffield et Slam et Harri en Écosse, alors que Londres avait Colin Faver, Kid Batchelor, Jazzy M, Eddie Richards, the Watson brothers, Mark Moore et des clubs comme l'Asylum, le Shoom, Spectrum, Clink Street et The Dungeons.


Au début des années 1988, Jane Bussmann, auteure anglaise travaillant à Los Angeles, reçut un colis de son petit ami. « Il m’a envoyé une cassette intitulée ‘The London Acid Scene’ ou quelque chose comme ça. C’était de l’acid house très bleepy et sa lettre disait « Il faut que tu rentres à Londres, je danse comme un arbre ».

Les soirées Hedonism, lancées en février 1988, ne durent que 4 éditions, mais leur contribution au ralliement de tous les crews londoniens est cruciale. « J’étais un évangéliste house » raconte Nicky Hardwood, aka Nicky Trax. « Hedonism c’était une free dans un hangar, et c’était génial. A cette époque là les systèmes son des clubs étaient médiocres, et c’est la première fois que j’avais l’impression d’entendre la house comme elle devait être entendue selon moi ; dans un hangar, avec des enceintes qui crachent à fond, des bannières, des lasers et des machines à fumée. House music all night long. »

Danny et Jenni Rampling, à l’origine des soirées Shoom – une inspiration majeure pour Hedonism – se sont dit oui le jour de la première et fêtent leurs noces la nuit même dans un hangar d'Alperton.

Voilà un des autres ingrédients magiques qui font que la house ne fut pas qu’une mode, mais un réel phénomène : l’ecstasy. « L’ecstasy était l’accélérateur » observe l’auteur Matthew Collin. « C’est ce qui a rapproché les gens. Il n’a pas créé la musique mais a contribué à la création de toute la communauté autour. Et lui a donné son intensité. Il aurait bien sûr eu un mouvement lié à la musique électronique, mais certainement pas de cette manière. »

Une fois les deux ingrédients réunis, l’association paraît aussi évidente que celle de deux volumes d’hydrogène pour un volume d’oxygène. Le changement est drastique. Noel Watson et son frère Maurice jouaient de la house depuis son arrivée dans les bacs au milieu des années 80. La réaction initiale à leurs soirées Delirium est si négative qu’ils se voient obligés d’installer une cage autour du DJ booth pour se protéger des jets de bouteilles – mais l’ecstasy change tout. « Soudainement, tous ceux qui détestaient la house se mirent à l’adorer », se remémore Watson. « Ils se faisaient tous des câlins. C’était incroyable. Je jouais Strings of Life et ils devenaient tous fous ».

A Manchester, le DJ résident du vendredi soir à la Haçienda, Mike Pickering, jouait de la house depuis les premiers releases de Trax en 1985 ; en 1988, ses soirées sont parmi les plus fréquentées de la ville. L’ecstasy fait son apparition à ce moment là : « On allait à l’Haçienda bien avant que tout ça commence », se souvient Catherine Obi. « Et un jour on y est allés, avec nos tenues de soirée habituelles - collants noir, docs, bombers MA1 - et tout le monde était en t-shirt, transpirant. Je me suis dit « C’est quoi ce bordel ? » Un mois plus tard nous avions tous tapé notre premier ecsta et on a adoré ça. C’est étrange à quel point tout a changé en un claquement de doigts. C’était comme une hystérie de groupe. Mais c’est ça qui était aussi génial. D’un coup j’étais là ‘Mon dieu regarde tout le monde est entrain de vivre le même truc ! One nation under a groove !’ ».

Le patron de la drum’n’bass Fabio a découvert les soirées Spectrum de Paul Oakenfold et Ian St John’s sur les conseils d'un ami. « Je suis rentré avec quelques potes de Brixton et ils étaient là « Qu’est ce que c’est que cette merde ?! » C’était un lundi soir, tout le monde était dans son monde, portait des t-shirts avec des smileys dessus, écarquillait les yeux et avait la mâchoire tremblante. Ils ont dit « C’est l’enfer, on rentre à Brixton », et ils m’ont planté là. Je me souviens juste d’avoir vu Paul au loin, entouré de fumée, il avait l’air d’une sorte de dieu vu d’en bas. J’ai pensé « Putain c’est vraiment incroyable ».

L’acid house a ouvert un nouveau monde de possibilités. Dès lors, les weekends commencent jeudi à l’heure du thé et se poursuivent parfois jusqu’au lundi suivant, au petit matin. Toutes les anciennes certitudes (et vêtements) vont à la poubelle, remplacés par de nouveaux amis, une nouvelle musique, un nouveau tout. « 1988 et 1989 furent deux années très spéciales, mais d’une manière différente » se souvient le résident de la Haçienda, Mike Pickering. « Ça a changé nos vies, professionnellement et personnellement. Tous les gens que je connaissais à cette époque on largué leurs copains et copines et on trouvé l’amour de leur vie dans la foulée ».

« Vous pouviez être sur le toit d’un immeuble vers Elephant & Castle en train de manger des croissants avec Harvey, un réparateur télé vêtu de son bleu de travail, qui d’un coup mettait une main dans sa poche et en ressortait une marionnette de lui-même ‘Il s’appelle Harvey aussi !’ », raconte Jane Bussmann « Tout était parfait. Puis il suffisait juste de descendre les escaliers pour aller danser sur du Fast Eddie. Absolument fantastique ».

Les autorités mettent du temps à comprendre ce qui est réellement en train de se passer. La confusion règne. Le nom « acid » semble étrange pour une drogue (en réalité, beaucoup prenaient du LSD, beaucoup moins cher que les ecstas). C’est à ce moment là que la presse commence à tenter de semer la panique. Les parents voient l’ecstasy comme à peine moins grave que l’héroïne, alors que pour les ados de l'époque, c’est à peine plus que de la bière. En automne 1988, le tabloïd The Sun publie une pub pour leurs t-shirts acid house « groovy & cool », avec deux mannequins qui ont l’air d’avoir été habillés par leur maman.

Trois semaines plus tard, le ton change radicalement : « ABATTEZ LES BARONS DE L’ACID ». Mais les gros titres des journaux ne font qu'attiser la convoitise des ados de tout le Royaume Uni. « La campagne de pub gratuite du Sun était un geste très sympa de leur part », plaisante Dom Phillips, ancien rédacteur chez Mixmag. « Dès les tabloïds ont écrit que 5 000 ados dansaient toute la nuit en baisant et en prenant de la drogue, 500 000 ados ont demandé ‘Elle est où la soirée ?’. Ça paraissait pourtant évident »

La politique répressive de Margaret Thatcher forme un terreau parfait pour l’acid house. Pourtant d’un point de vue politique, la scène était un mix contradictoire d’entreprenariat et d'anti-autoritarisme. Après avoir vécu une révélation au Shoom, l'organisateur Tony Colston-Hayter se lance avec succès dans la course au business et aux profits avec ses soirées Sunrise, qui, pour être tout à fait juste, ont contribué à faire évoluer l’acid house de son statut de culte urbain à celui de folie nationale. À une époque d’agitation populaire et de grèves de travailleurs, rien de surprenant à ce que beaucoup aient perçu le mouvement comme une réaction au Thatchérisme. Les soirées Clink Street par exemple, étaient appelées RIP : Revolution In Progress, alors qu’en Écosse beaucoup y ont vu un lien entre la rave et la Poll Tax (NdT système de taxation introduit en 1989). « Thatcher détestait particulièrement l'Écosse et y appliquait toujours de nouvelles mesures comme cette taxe », explique JD Twitch « s’il n’y avait pas un parti conservateur en place, qui sait si ça aurait pris de la même manière ? ».

« Quand vous rentriez à la maison à midi avec un t-shirt tie and dye, transpirant, ou quand vous alliez dans une station essence pieds nus, vous vous sentiez vraiment comme un renégat » se souvient Fabio. « On était fiers de ne pas faire partie de l’Angleterre de Thatcher. "On n'a rien à voir avec vous. On ne fait pas de 9-17, mec. On est des hors la loi, on se balade avec nos bandanas en dansant dans la rue". » Tu te sentais lié à chaque personne qui portait un badge avec un smiley dessus. C’était comme un code. On le voyait et on se disait « Yeah, chuuuut ». C’était une putain de société secrète. C’était l’Angleterre de Thatcher à l’époque et on était là « Fuck Thatcher ! Fuck les Tories ! ».

Les remous créés par cette vague traversent la mer du Nord, la Manche et l’Atlantique. Nombre de premières raves américaines sont directement inspirées par ce qui se faisait au Royaume Uni. DJ Randy Moore, qui avait passé du temps avec Oakenfold et Mark Moore plus tôt la même année, lance en 1988 la première soirée acid à L.A., Sextasy, en collaboration avec le promoteur Mr Kool-Aid (Steve Enis). Quarante personnes se sont pointées et pour danser sur de la house dans une salle remplie de stroboscopes. Michael Cook, qui avait récemment émigré de Manchester, se rend compte qu’il avait choisi le pire moment pour déménager, et s’associe au duo. « J’entendais parler de ce qui se passait à la maison et j’essayais de voir si on pouvait lancer un truc similaire ici, faire partie de quelque chose. » dit Cook, qui devient ensuite un des DJs les plus en vogue de LA. À New York, DJ dB, un expat' de Londres, commence à organiser des raves qui deviendront à terme les influentes soirées NASA.

Tout le monde était contaminé, et partout. Le Français Laurent Garnier, qui avait déménagé à Manchester pour travailler dans le restaurant de sa sœur, se retrouve rapidement à mixer à l’Haçienda. « L'énergie était presque palpable » il écrit dans son autobiographie Electro Choc. « C’était presque religieux, comme un rituel de groupe. Je jurerais que c’était comme un orgasme ». Il déménage ensuite à Paris pour lancer des soirées acid house au Palace (la toute première soirée acid parisienne, Jungle, est aussi l'œuvre d’un britannique, Colin Faver). Le producteur et DJ Danois Kenneth Bager ne faisait pas que danser à Londres, il y mixait également dans des clubs comme le Spectrum « L’énergie était incroyable et l’amour palpable ; une communion que je ne suis arrivé à retrouver nulle part ailleurs depuis. » Inspiré par son expérience (et par Ibiza) il crée le Coma Club à Copenhague, toujours en activité.

Le Summer of Love britannique ne s’arrête pas en 1988. Ni en 1989. C’est une aventure pleine de rebondissements qui ne commence à perdre son souffle qu’en 1990. La soirée semblait ne jamais s’épuiser, comme prise dans un élan interminable. 1988 est peut-être le Summer of Love, mais 1989 est l’année ou l’acid house devient populaire, prend d’assaut les warehouses de tout le pays, comme pour les tristement célèbres raves Blackburn, les soirées London Orbital, et à la Love Decade de juillet 1990 du Yorkshire – plus grosse arrestation au cours de laquelle 836 ravers sont emmenés par la police (Rob Tissera, le DJ, est même emprisonné).

L'héritage

Quel est le réel héritage du Summer of Love, à part celui de nous avoir appris à "danser comme un arbre" ? À l’époque, on aurait pu croire que le monde allait radicalement changer et que la société allait être altérée de manière dramatique. Mais c’était après 30 ans d’un gouvernement conservateur à la coupe budgétaire facile, qui rêvait de nous mettre tous sur un iceberg qui coulerait lentement, loin de l’Europe.

Pourtant, le Summer of Love est loin d’avoir été un échec. Il a changé nos vues sur la sexualité, la couleur de peau et les classes sociales. Comme le disait le promoteur Wayne Anthony « Ça aurait pris des dizaines et des dizaines d’années de sensibilisation pour nous rassembler. La MDMA a fait plus pour le multiculturalisme qu’aucun gouvernement ». L’acid house influença la pub, le cinéma et l’art. Ça inquiétait tellement le gouvernement qu’il a fait voter des lois pour nous contrôler. Ça a terrifié les brasseries, au point où elles ont inventé des boissons pré-mélangées pour nous inciter à boire de nouveau. Ça a altéré les centre-villes et donné naissance à tout un tas de nouvelles licences pour les établissements. Ça a transformé la manière dont on écoutait la pop. Ça a transformé la pop tout court.

« Je me souviens avoir pensé « On est en train de changer la société, tout va changer », dit JD Twitch. « Et d’une certaine manière c’est le cas. Les gens qui avaient des jobs pourris et détestaient leur vie, ça leur a ouvert les yeux ‘Je ne suis pas obligé de continuer comme ça’. Les gens qui voulaient faire quelque chose de créatif mais ne connaissaient personne dans le même cas, ça leur a donné un espace pour s’exprimer. Sur ce point là, ça a changé beaucoup de vies ».



« Toute la société a eu accès à des plaisirs qui n’étaient à la base réservés qu’à une élite bobo », explique Matthew Collin. « D’un point de vue pratique, ça a impacté la législation des licences, ça a dynamisé l’économie des centres villes et ça a, bien sûr, banalisé la prise de drogues. Ce sorte d’ethos DIY a favorisé la démocratisation de la créativité et ça a donné la quantité considérable de bonne musique qu’on a actuellement. »

Ce qui s’est passé hier est ce qui nous a permis de rendre aujourd’hui meilleur et le futur plus lumineux. Les valeurs du Summer of Love continuent d’influencer une génération de jeunes fêtard·e·s qui s’engagent activement dans la politique de la nuit, des droits des danseurs transgenres à des espaces sûrs pour les femmes, et dont l’activisme a encouragé le nombre croissant de femmes DJs, certains festivals allant jusqu’à appliquer une parité 50/50 - quelque chose d’inimaginable en 1988.

JD Twitch s’enthousiasme tout autant pour le présent « On a le meilleur son qu’on ait jamais eu. On a les meilleurs DJs. L’art du DJing a tellement évolué, aidé de la technologie. » En parallèle, on a maintenant tout un pan de la littérature dédié à ce qui n’était que des souvenirs gravés dans les mémoires des gens dans les années 80. Il y a des cours universitaires qui étudient notre histoire, et des cours d'ingénierie du son spécialisés en musique électronique. Notre monde a évolué, et pour le mieux.

En 1988, l’idée d’une femme sibérienne sur la scène d'un festival au Brésil aurait pu paraître aussi lointaine que celle d’aller en soirée avec des jetpacks, et pourtant c’est ce qui se passe aujourd’hui. Grâce aux pionniers, nous avons réussi à créer une scène globale, et elle est à portée de presque tout le monde, grâce à Internet. Il y a des festivals incroyables, des Pays-Bas à la Croatie, de Singapour à San Francisco, d’Australie à l’Amérique du Sud (comme Creamfields, Santiago, un festival Sud américain né dans un petit coin de Liverpool). Les soirées d’aujourd’hui, bien que peut-être moins révolutionnaires, valent bien tout ce qu’on avait en 1988. Le Summer of Love continue à ce jour, les clubs dispersés aux quatre coins du monde formant une sorte de dessin sur la surface du globe. Et si vous louchez un peu, il ressemble à… Serait-ce un smiley ?

Publié dans le numéro spécial Summer Of Love de Mixmag UK, mai 2018

Adapté de l'Anglais par Marianna Binsk.

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