Menu
Home Latest News Menu
Mag

15 questions à : Fritz Kalkbrenner

Son album 'Grand Depart" sera disponible le 14 octobre prochain

  • Julie De Smedt
  • 5 October 2016

La semaine dernière, on s'est fait une joie de rencontrer Fritz Kalkbrenner à Paris. DJ, producteur et chanteur berlinois hors pair, il est une des plus grandes figures de la musique électronique et sort actuellement son quatrième album : 'Grand Depart'. Confortablement assis dans des canapés, nous avons eu la chance de rencontrer un homme naturel, sincère et à l'écoute, qui nous a fait le plaisir de répondre à notre série d'interviews : 15 questions à.

1. Peux-tu nous en dire plus sur tes premiers pas dans la musique ?

C’était une bonne combinaison. Le bon moment, au bon endroit. Mon frère faisait déjà de la musique à ce moment. Pas mal de personnes s’intéressaient déjà à la techno et à la musique électronique. J’étais pas le premier mec à essayer de commencer là dedans et à dire « hey, je veux faire de la musique électronique ».

2. Quand tu as commencé, quel artiste t'influençait ?

Il y en avait mille. Dix mille. Évidemment, il y a quelques artistes qui sortent du lot. Dans le milieu du hip-hop, c’était par exemple J Dilla de Detroit, qui a toujours réussi à faire le lien entre musique électronique et hip hop. Thomas Brinkmann en Allemagne, ou encore Wolfgang Voigt de Kompakt. Je le trouvais assez impressionnant. Pas mal de DJs locaux berlinois que vous ne connaîtriez pas : V.O.O.D.I était quelqu’un d’hyper important à l’époque. Mais vous ne le connaissez pas et c’est pareil à Paris. Il y a des artistes très connus à Bordeaux que personne ne connaît à Paris, c'est normal.

3. Comment décrirais-tu ta musique ?

Assez dur à définir ! Il y a trois ou quatre ans, j’en suis arrivé à la conclusion que je ne voulais pas être placé dans une box. Cela dépend de la perception des gens, ils en pensent ce qu’ils veulent. C’est assez dur. Je dirais plus que ça dépend vraiment de la perception de l’auditeur. Vous savez quoi : mettez le nom que vous voulez !

4. As-tu d'abord commencé à chanter ou à produire ?

Oooh je pense que j’ai d’abord commencé à produire. Ouais, je devais avoir 17 ans je commençais à produire et il y avait ce DJ qui était comme un mentor pour moi et j’étais toujours entrain de lui dire « Peut-être que je pourrais essayer de chanter » et il m’a dit « Ok pourquoi tu n’écrirais pas des paroles pour ma prod ? ». Un jour, on devait bosser dans le studio et il m’a dit « pourquoi tu ne commencerais pas à chanter ? ». Je lui ai demandé de partir, j’étais seul dans le studio et je m’enregistrais, je revenais dans le studio pour recommencer à enregistrer, je gérais ça tout seul parce que j’étais trop timide… Ça va mieux maintenant !

5. 'Little By Little', 'Void', 'In This Game' : tu aimes les beaux clips vidéos. Écris-tu tes propres scénarios ? Comment est-ce que cela se passe ?

    En quelque sorte. Je veux dire : je suis là pour le pitch mais il y a des équipes de production qui travaillent dessus, ils reprennent le pitch d’une manière différente. Après c’est un processus : on voit ça ensemble… Dans In This Game, l’acteur qui joue n’est peut-être pas connu en France, mais en Allemagne il est très célèbre. Il a d’ailleurs joué dans Casino Royal et dans des pièces de théâtre. Il avait un projet en tête et il m’a dit « J’aime ta musique, ce serait bien qu’on fasse quelque chose ensemble », il n’est pas arrivé en disant « Ha y'a un boulot je vais le prendre ». Ça marche plutôt bien.

    6. Tu es Berlinois, et comme tu dois le savoir, les français adorent Berlin. Est-ce que tu comprends cette "folie berlinoise" ?

    Dans un premier temps : même en Allemagne, les gens voient Berlin comme un endroit différent. Je suis de Berlin et tout le monde dit que les natifs sont hyper grincheux, de mauvaise humeur tout le temps. On a aussi un dialecte hyper différent des autres villes allemandes, donc il y a un genre de fossé entre « nous » et les autres. Mais je comprends ce que tu veux dire : je crois que la techno a été plus facilement acceptée ici à cause de notre histoire. J’ai eu une conversation avec un mec d’Italie dernièrement, il me disait « Oui Rome, c’est sympa et tout ça mais tu sais la société n’est pas très compatissante et les autres générations ne nous supportent pas du tout dans ce qu’on fait. » Et j’ai jamais trop vu ça comme ça, c’est naturel pour nous. Ce que je peux dire aussi c’est que la ville est passée par beaucoup de choses et c’est pour ça qu’elle est importante.

    7. Est-ce qu'il y a un endroit où tu te sens comme chez toi en Allemagne ?

    À quelques minutes de chez moi, il y a un endroit où on va en se disant « allez, une dernière bière ? », donc on prend nos vélos et on y va. C’est assez facile de bouger par là-bas. C’est pas un endroit où je joue mais plutôt où je traine. Je connais tout le monde là bas et je m'y sens comme chez moi. C’est plutôt sympa d’y aller.

    8. Et dans le reste du monde ?

    Ce serait pas forcément juste de dire que je préfère un endroit ou un autre. De nombreux endroits ont leurs propres avantages. On a fait une tournée nord-américaine et donc un stop au Canada. Et je dois avouer que Montreal pendant l’été c'est vachement cool. C’est sympa de jouer là-bas, les gens sont gentils.

    9. Ta mère a écrit un livre, ton frère est un célèbre DJ et producteur... Tous les membres de ta famille sont-ils des artistes ?

    Non pas vraiment, on a aussi des gens normaux ! C’est plutôt une coincidence, c’est pas vraiment un but dans notre vie ou une tradition. C’est juste arrivé étape par étape. Avant d’écrire un livre, ma mère a été journaliste pendant un bon bout de temps. Mais oui, on a vraiment des gens normaux dans la famille.

    10. Comment c'était de produire la bande son de Berlin Calling avec ton frère ?

    Je contribuais aux paroles et on y est vraiment allé progressivement. J’ai d’abord enregistré les vocales et il travaillait sur la prod. Il m’a appelé deux jours plus tard et on s’est retrouvé pour finaliser tout ça. Ça s’est passé assez vite mais il prenait les commandes et j’étais aux vocales donc on travaillait séparément pour faire les choses bien. Ça s’est passé comme ça.

    11. Le mois dernier vous avez tous les deux joué au SW4 à Londres. Est-ce que c'est bizarre de jouer au même festival ? Ou est-ce une sorte de consécration ?

    C’était un peu une coïncidence, on n’était pas trop au courant qu’on jouait au même endroit, il était sur une autre scène. Mais on s’est vu en backstage et on s’est dit « hey, mais je te connais! » . Non je rigole, on s’était parlé la veille et on s’était dit qu’on pourrait voyager ensemble mais on venait d’endroits différents et je devais partir à Ibiza. On a tous les deux des équipes qui se connaissent, donc c’est cool de se croiser en backstage mais je dois avouer que ça arrive vraiment rarement.

    12. Tu es dans le milieu depuis des années. C'est toujours impressionnant de jouer devant des milliers de personnes ?

    Il n’y a pas de stress. Je veux dire, ça arrive pas à pas avec le temps. Quand tu es jeune et que tu deviens une superstar en une soirée et que ton manager te dis « tu vas jouer devant 25 000 personnes, qu’est-ce que ça te fait ? » tu vas te chier dessus. Si tu y vas pas à pas, et que tu joue devant 400 personnes, 800 personnes, un jour ce sera 1000, 4000, 8000… C’est presque logique, ça grandit. Je suis plutôt fier que ça aille dans ce sens plutôt que dans l’autre. Parce que ceux qui arrivent très vite sur le devant de la scène en repartent aussi très vite. Mais j’ai eu ces moments de stress, il y a un festival en Allemagne où je jouais devant 35 000 personnes et là ça fait tout drôle. Ce n’est pas facile de rentrer dans une routine et de dire que tout est facile et que j’y arriverais ou que je m’en fous. Mais j’essaie de ne pas me préoccuper de ce qu’il se passe devant pour rester concentré sur ce que je fais, je pense que c’est la clef.

    13. Pourquoi « Grand Depart » ?

    C’est le terme du Tour De France ! Le nom du jour du départ. C’est comme un grand commencement, un grand recommencement. Un album est toujours un grand recommencement. C’est mon quatrième album, c’est peut-être le moment où on se dit que ça devient routinier, que c’est toujours la même chose et c’est là qu’il faut changer. Il faut faire attention et rafraîchir tout ça. Tu as besoin de le faire pour toi, ce grand recommencement.

    14. Quel est ton meilleur souvenir en tant qu’artiste ?

    Difficile à dire ! Il y a quelques années je jouais dans un endroit. Et il y avait cette femme. La seule façon qu’elle a trouvé pour exprimer sa joie était de me jeter ses talons dans la figure. Ce n’était pas une attaque, elle n’était pas méchante ou énervée. Elle était juste super heureuse et elle voulait jeter quelque chose. La seule chose qu’elle avait c’était ses chaussures. Je l’ai vu arriver comme si j’étais dans un match de baseball. Je me suis dis « Oh ouf ! J’ai évité la première, qu’en est-il de la deuxième ? » et la deuxième est arrivée sans que j’ai le temps de la voir. Je saignais mais j’ai continué le show et à la fin, un mec de la sécurité est venu me voir. Il m’a dit qu’elle était venue et qu’elle avait demandé « Est-ce que vous auriez mes chaussures ? ». C’est devenu mon meilleur souvenir, enfin, le plus mémorable !

    15. Si tu pouvais choisir un endroit où tu n’as jamais joué, où est-ce que ça serait ?

    Je n’ai jamais joué à Edimbourg. Et c’est une superbe ville. Je pourrais choisir n’importe quel autre endroit, mais celui là est bien.


    Photos : David Rasche

    Load the next article
    Loading...
    Loading...