9 DJs révèlent leurs petits festivals préférés
Coups de cœur de pros pour fêtards en mal d’inspiration
Choisir un festival n’est pas toujours chose aisée. Il faut faire face à toute une pléiade de paramètres : les DJs qu’on veut voir, si on préfère rester dans sa ville ou partir à l’étranger, et comme c’est presque toujours le cas, le budget total à y allouer.
Pour vous permettre d’y voir un peu plus clair, nous avons parlé à ceux qui arpentent les festivals du monde entier chaque année – une sélection d'artistes de renommée internationale – pour qu'ils·elles nous livrent leurs bons plans, juste à temps pour l’ouverture de la saison festivalière.
« J’aimerais mettre en avant Strøm, un festival annuel fondé par Frederik Birketh-Smith (aussi connu comme artiste drum’n’bass et bass music sous l’alias 2000F). Strøm veut dire ‘électricité, et le festival s’étend sur quelques jours à la fin de l’été, présentant des événement, des performances live et des ateliers dans toute la ville. On peut y voir des choses inoubliables comme un set live ambient sublime de Surgeon dans une église, ou le son sombre et tribal de Søs Gunver dans la Citerne, un immense réservoir souterrain oublié, qui contenait autrefois toute l’eau potable de Copenhague et pouvait tenir plusieurs millions de litres d’eau pure.
Le festival organise également un évent fabuleux: des performances live dans un métro en marche. La métropole de Copenhague a collaboré avec le festival depuis dix ans et ils présentent deux heures de musique électronique live dans le métro chaque année. J’ai eu la chance d’être invitée pour l’édition 2017 et j’ai fait le closing avec ma propre rave, des beats techno et jungle aux côtés d’autres artistes danois comme Astrid Sonne et Code Walk. De voir les gens sauter et faire bouger tout le train au son de ta musique est un feeling très spécial. Big up à Strøm pour cette folie ! »
« J’aimerais mentionner SXM Festival, un événement qui me tient à cœur. J’aime le fait que c’est sur une île des Caraïbes, un endroit magnifique avec des plages fabuleuses. C’est un festival à taille humaine, ce qui veut dire que vous pouvez croiser des gens que vous connaissez, ce qui donne à l’expérience une dimension familiale. Et les DJs restent ensemble dans la même villa, on peut se voir tout le temps, s’amuser et ça nous donne l’occasion de passer du temps ensemble.
Les lieux sont vraiment uniques : des petites plages, des clubs intimistes, et un gigantesque dancefloor en open air, un vrai régal. Il y a aussi un rooftop super cool ouvert le soir, qui ferme juste avant l’ouverture des autres scènes qui tournent toute la nuit.
C’est triste que le festival ait dû être repoussé l’an passé après la dévastation causée par l’ouragan Irma. Je suis très fière de voir que l’équipe du festival a réussi à se remettre sur pied aussi rapidement. Non seulement ils ont soutenu la scène musicale locale, ils ont aussi œuvré pour la communauté toute entière, en levant des fonds après le cataclysme et en investissant dans des projets locaux. »
« Mon petit festival préféré, c’est Sequences à Bristol. En tant que ville, Bristol a toujours soutenu [mon label] Critical et la scène drum’n’bass. En tant que label, nous avons été impliqués dans les deux premières éditions du festival avec notre propre scène avec Bandulu, Deep Medi et bien d’autres. Rob et Tom, qui organisent le festival, sont de vrais amoureux du son et ça se reflète dans la qualité de la programmation, toujours intéressante et éclectique. »
« Emmaboda se situe dans les profondeurs du désert suédois connu sous le nom de Småland. C’était le plus gros festival indie de Suède à une époque, et c’est toujours plus ou moins le cas, mais la programmation a beaucoup évolué au fil des ans et couvre désormais une multitude de genres avec un focus sur les sons lourds et camp de Suède et d’ailleurs. On y trouve tout le monde sur scène, de Yung Lean à Vengaboys et l’atmosphère est sauvage et libérée, ce qu’on ne peut pas dire de beaucoup de festivals suédois. Mon event préféré est la rave en extérieur qui a lieu tous les soirs à la fermeture des scènes principales. Le DJ booth est une petite cabane en bois dans les arbres et le dancefloor est au milieu de la forêt. On m’a invité à y jouer régulièrement ces dernières années et c’est toujours un de mes moments préférés de l’été. La foule n’est peut être pas peuplée des ‘pros’ des festivals mais peut-être que c’est ce qui rend l’atmosphère si unique. »
« J’ai joué à Garbicz il y a quelques années et c’est un de mes souvenirs de festival préférés à ce jour. Avec des amis, on a quitté Berlin en road trip pour aller à Garbicz, on est partis le cœur léger. Je me souviens qu’on est arrivés juste avant mon set, mais notre entrée sur le site du festival a donné le ton pour le reste du weekend. La lumière et les décorations étaient tout simplement magiques. Tout était construit en bois et la lumière s’ajustait parfaitement bien au décor. J’ai pris le contrôle du DJ booth après Jonas Walrich et tout s’est bien passé, et même si je ne savais pas trop comment faire évoluer mon set au départ, tout s’est mis en place progressivement. Gros coup de cœur quand Roman Flugel est monté sur scène et il a fallu que je joue son morceau ‘Mutter’ avant de lui passer la main. J’ai passé le reste de la matinée avec la banane. J’ai renconrté plein d’amis de Berlin et des collègues dans les bois et ça a été difficile de rassembler le crew avant de retourner à Berlin. J’ai trop envie d’y retourner ! »
« Pour moi, c’est le Farm Fest de Bruton. Je l’ai découvert quand ils m’ont booké avec Adrian [Sherwood] pour un show Sherwood & Pinch il y a trois ans, et on y a passé un super moment. Avec environ 4 000 personnes réunies dans une ferme (Suprise surprise), c’est l’équilibre parfait – la bonne taille pour visiter tout le site en quelques minutes, mais assez grand pour avoir l’impression que les activités ne manquent pas. C’est plus familial que la plupart des festivals et des couples peuvent venir avec avec leurs enfants, tout en ayant leur propre espace pour apprécier un break dans un paysage magnifique. Il y a des bars partout, ce qui fait qu’on ne passe pas deux heures à faire la queue pour se faire servir et la sélection musicale est éclectique, évoluant dans chaque tente au fil de la soirée une fois que la scène principale a fermé. C’est tellement bien que j’ai offert d’y jouer gratuitement l’an passé en échange de tickets pour mes amis ! Il ne dure que deux jours, ce qui permet de rentrer à la maison le dimanche après-midi avec la moitié des neurones encore intacts ».
« Les petits festivals ont une qualité assez magique quand la musique, le lieu et l’atmosphère sont réunis pour un weekend dans un cadre intimiste. Inner Varnika, à trois heures de Melbourne dans un recoin poussiéreux de la campagne australienne, est considéré comme un des événements les plus attendus de l’année. C’est le compromis parfait entre l’intimité et des festivités extraordinaires.
Plus de 2 000 personnes viennent célébrer autour d’un line up défricheur et soigneusement choisi d’artistes locaux et internationaux, tous dévoués au dancefloor. Sur les trois jours du festival, l’atmosphère du weekend évolue de la chaleur de la journée sous le soleil à des sons rave immersifs la nuit, avant d’atteindre de nouveaux sommets de folie lors du désormais célèbre ‘Suit Sunday’.
C’est difficile de mettre le doigt sur ce qui rend le festival aussi unique et réussi, mais on peut l’attribuer en partie à un son hyper calibré, un line-up parfait, un cadre extérieur fabuleux et un public respectueux amoureux de son, sans oublier la neutralité carbone. Un autre élément vient de cette énergie indicible, la célébration inclusive de la musique ; du monde entier, tout en puisant dans l’essence de ce qui fait de Melbourne un hub culturel remarquable. Difficile de trouver une meilleure occasion de lancer mon set live et contribuer à la cinquième année d’enchantement de l’Inner Varnika ».
« J’ai du mal à choisir entre Freerotation et Nachtdigital, mais puisque je suis à peu près certaine que quelqu’un aura déjà choisi Freerotation pour cet article, je vais opter pour Nachtdigital. C’est un camp de vacances intimiste dans la campagne près de Leipzig avec un lac magnifique entouré de bungalows. La petite taille du site permet de faire naître une atmosphère géniale et puisqu’il a déjà tourné depuis 20 ans, la communauté est très soudée. Tout le monde est détendu et respectueux.
Le line-up est souvent très au point, sans passer par les gros noms qu’on voit déjà partout. J’y ai joué il y a trois ans et je dois dire que c’est un de mes meilleurs souvenirs de festival ».
Samrai : « On m’avait dit beaucoup de bien de Unsound mais avec une telle variété de styles de musique, je me disais que ce serait difficile d’y trouver une atmosphère cohérente. Je m’étais bien trompé. La foule rassemblée avait l’air de s’y connaître un rayon, tout en étant d’humeur à faire la fête et mon set est passé en un clin d’œil. Je me souviens avoir essayé de convaincre l’ingé son de me laisser jouer dix minutes de plus. On faisait la fermeture d cela salle et dieu merci il s’amusait autant que nous et nous a laissé jouer un peu plus longtemps ! »
Platt : « On pouvait immédiatement sentir l’esprit communautaire – des DJs qui revenaient d’une édition sur l’autre et qui se refilaient des bonnes adresses de restaurant aux fêtards expérimentés qui lâchaient des indices sur les spots cachés où continuer la fête. On sentait que c’était le genre d’événement que les gens chérissaient ».
Fox : « L’atmosphère du Unsound était démente ! »
Initialement publié sur mixmag.net.
Texte : @Dave_Turner
Traduction :
@MarieDapoigny