A nu: Louisahhh se confie sur la dépression, l’addiction et son retour à la vie
“Apprendre à écouter ma tête et mon corps pour ne pas finir par me tuer à faire ce que j’aime”
[Photos: Louisahhh - © Marilyn Clark]
Initialement paru sur Mixmag US
L’addiction est un problème qui touche souvent les artistes de la scène électronique. Un phénomène parfois attribué au rythme de vie effréné des tournées internationales, une maladie dévastatrice que de nombreux artistes affrontent seuls ou en secret.
Mixmag a rencontré Louisa Pillot, mieux connue sous le nom de Louisahhh, une artiste qui jette un regard cru sur ses débats avec les troubles mentaux, l’addiction et son rétablissement.
L’artiste débute sur le sentiment d’isolation en tournée, plongeant tout droit au coeur du sujet avec une candeur authentique: “je souffre d’anxiété et de dépression,” elle admet. “Le sentiment d’aliénation associé au manque de sommeil et aux journées à rallonge peut s’avérer difficile.”
Elle évoque sa première tournée solo en Asie, où bien qu’elle se trouve alors à l’un des moments les plus excitants de sa carrière, l’isolation et le désespoir entament sérieusement sa santé mentale. “Je me suis rendue compte que les signes extérieurs du succès sont sans rapport avec le bonheur personnel. Accéder à la joie, au plaisir de cette vie que j’adore est une tâche à elle toute seule.”
Au cours de plusieurs années de succès international, Louisahhh se bat silencieusement avec sa stabilité mentale et développe alors une addiction sévère. En 2006, ses proches organisent une intervention qui la sauvera, un rappel crucial à la réalité: “C’est de loin la meilleure chose qui me soit jamais arrivée - la partie de ma vie la plus importante, ça m’a donné la force de me battre.”
Sans ambiguïté, elle précise cependant que son choix de rester sobre se fait par nécessité, et non par vertu: “Vers la fin de mon sevrage, la vie n’était pas drôle. Je pensais que je pouvais le contrôler, j’enchainais les mauvaises décisions, les tromperies et les mensonges. Je pensais que j’étais une mauvaise personne ou peut-être même folle, alors qu’en fait, j’étais simplement une accro et ma maladie prenait les décisions pour moi.”
Pensive, elle évoque les premiers pas vers la rémission, et se confie: “L’addiction a rendu ma vie toute étriquée. La sobriété élargit mes horizons.”
Comme tout rescapé d’un cycle d’addiction peut en témoigner, la sobriété est un combat de tous les instants. A la seconde même où on lâche prise, l’addiction attend pour vous saisir à la gorge. “C’est facile d’oublier ce que ça prend de se maintenir à flot lorsque les bonnes choses commencent à arriver,” confie Louisahhh.
“Ça se résume à ça: ma sobriété est ma responsabilité et celle de personne d’autre. Les drogues et l’alcool font partie de la carrière que j’ai choisie. Il n’y a pas de zone grise: ma rémission vient en priorité et le reste rentre dans l’ordre. Si ma rémission vient après, tout s’écroule.”
Candides, ses mots touchent droit au coeur, retraçant la croisière immense de la vie, un pied sur la terre ferme et l’autre tâtonnant aux portes de l’Enfer.