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Culture

De Paris à Tunis : Fabrika redynamise la scène électronique tunisienne

L'histoire d'un collectif qui fait bouger les choses en Tunisie

  • Nora Djaouat
  • 7 July 2017

De l’autre côté de la méditerranée, la Tunisie devient petit à petit une terre qui vit au rythme des musiques électroniques. Du 29 juin au 2 août, nous avons pu le constater par nous-mêmes grâce au collectif Fabrika, qui nous a invités à participer à la Fabrika Connection Experience, un voyage rendu possible grâce à la participation de l’Office National du Tourisme de Tunisie et de Tunisair.

Pendant quatre jours, nous avons pu découvrir la scène tunisienne lors de soirées, mais nous avons également été confrontés aux difficultés que ses acteurs rencontrent lors de la première table ronde locale sur les musiques électroniques. Mais avant de vous raconter la scène tunisienne telle qu’on a pu la vivre, voici l’histoire de Fabrika, ce petit collectif devenu grand.

Les débuts à Paris

Si aujourd’hui l’histoire de Fabrika est à cheval sur deux continents, tout a commencé à Paris, comme l’explique Walid Triki, cofondateur du collectif : « Fabrika a été fondé il y a maintenant 6 ans à la maison de Tunisie, qui se trouve à la cité universitaire internationale. C’est un endroit où l'on recense 10 000 étudiants étrangers ».

Fabrika est donc né à Paris, au moment où la scène électronique française montrait qu’elle en avait encore dans le ventre. Dans cette fameuse cité universitaire, il n’y a à l’époque aucune soirée consacrée aux musiques électroniques. Walid et ses amis vont régulièrement en banlieue pour assister à des raves qui leur donneront envie de créer leur propre événement : « C’est clairement ces soirées hors de Paris qui nous ont motivés à nous lancer ». La première soirée Fabrika se déroule en février 2013, Walid se souvient : « On adorait la musique électronique, mais on n’en jouait pas. À la première Fabrika, cela faisait seulement 6 mois qu’on avait commencé à mixer. On était vraiment des amateurs, et ce qui nous a donné envie de continuer après c’est de voir qu’on avait réussi à réunir 500 personnes dans un esprit super chaleureux».

À la Cité universitaire, le collectif reçoit le soutien de la maison de Tunisie : « Ils nous ont donné les locaux pour qu’on puisse vraiment évoluer comme un collectif. On était impliqué dans le comité associatif de la maison de Tunisie donc ça nous a donné le luxe de pouvoir d’organiser les événements que l’on souhaitait. Ils n’ont pas été rigides du tout, et après le succès de la première soirée ils nous ont même permis d’acheter une petite table de mixage. »

L’expansion en Tunisie

Un été, Walid et ses amis décident de faire évoluer Fabrika en l’exportant en Tunisie : « Après trois éditions à Paris, avec un public certes international, mais avec une forte concentration tunisienne, on s’est dit que ce serait sympa de faire un événement en Tunisie. Du coup on a organisé la première édition à Hammamet dès l’été 2013. C’était une soirée où l’entrée était gratuite et les DJs étaient tous des membres du collectif. Ça a été un véritable succès ! On ne réalisait même pas comment on avait pu avoir autant de monde pour une première en Tunisie. »

Comment font-ils pour fédérer autant de monde autour du projet ? « On n’arrive toujours pas à comprendre comment on a pu réussir à créer cette sauce Fabrika. À chacun de nos événements, il y a toujours cette ambiance, même si on grandit forcément. Lors de notre dernier événement au Carpe Diem où il y a eu environ 1 000 personnes, on retrouvait cette ambiance cool, les artistes sont d’ailleurs restés pour faire la fête avec vous, il y en avait qui dansait dans la foule », raconte Walid.

Au fil des années, Fabrika a mûri : l’identité visuelle du collectif s’est affinée et les goûts musicaux évoluent, mais ils mettent un point d’honneur à ne pas cloisonner Fabrika dans un seul genre : « La dernière édition de Fabrika était très techno, d’ailleurs on avait avec nous Bezhad et Amarou de Concrete. Cette fois-ci, on a eu Thylacine, mais également Cristi Cons et De Walta. Chacun de nos membres a son propre style, donc on peut totalement assurer un événement où il n’y aura que de la deep house et des sons très doux, mais on peut également en fait un autre avec de la bonne grosse techno. »

Le futur au Mexique ?

Mais pour qu’une telle aventure puisse bien évoluer, il faudrait quand même un soutien du gouvernement. Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce n’est pas encore gagné : « Pour l’organisation de Fabrika tous les fonds viennent des membres du collectif. On ne pourra pas avoir du jour au lendemain un soutien institutionnel immense, mais cela va se faire petit à petit. La table ronde qu’il y a eu durant la Fabrika Connection Experience va justement nous permettre de faire un dossier recensant toutes les recommandations afin de les envoyer aux différents ministères. On pourra ainsi pérenniser cette action pour sensibiliser les différentes institutions à notre cause. »

Parce que le collectif est né dans un cadre international, son évolution ne pourra se faire que dans ce sens. Walid nous a d’ailleurs confié que leur ami Alfredo Najera, un Mexicain rencontré à la cité universitaire et membre à part entière du collectif, est actuellement en train de monter une soirée à Mexico. Pas de doute, le futur s’annonce particulièrement beau pour Fabrika.

Nora est rédactrice freelance pour Mixmag France, suivez-la sur Twitter.

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