Fête de la musique : Lyon soutient-elle vraiment la musique électronique ?
Focus sur la ville de Lyon
Le site de Gerland
Ce n’est pas seulement la distance, mais aussi le fait que le parc de Gerland est séparé du centre ville par une rocade et une zone industrielle. Avec le quartier Perrache, c’est un des lieux les plus désaffectés de Lyon. Un quartier à l'écart des regards et des oreilles des citoyens honnêtes, les bras ouverts au royaume de la nuit - celui des dealers et des prostituées.
L’offre Electro de la ville de Lyon est donc reléguée à l'extérieur de la ville, hors de portée des promeneurs curieux. Ce faisant, elle limite la portée des artistes électroniques à un public d’initiés. Flore explique: “La ville de Lyon montre depuis des années un soutien certain à la scène. La seule chose que je déplore, c'est que les plateaux Electro sont toujours installés en dehors du centre. Certes, les sound systems peuvent jouer plus tard, mais la fête de la musique est l'occasion de mélanger non seulement les musiques, mais surtout les publics! Mettre les scènes Electro en dehors du centre ramène un public qui est déjà intéressé par ces musiques, mais exclut la découverte par un public non initié.”
L'évolution de l’offre Electro à la FDLM à Lyon
Le traitement de la scène électronique par la ville de Lyon ressemble à celui que l’on réserve à un enfant terrible dont on a un peu honte. Entre 2008 et 2013, elle offrait de nombreuses scènes aux collectivités locales, et celles-ci étaient faciles à obtenir. Cette politique ouverte s’est peu à peu raffermie, et les scènes se sont vues fortement limitées en nombre.
Florent, membre d’une association lyonnaise pourvue une scène sur le boulevard Electro cette année, décrit les récents changements de la politique locale: “Pendant 5 ans on avait le boulevard Electro, c'était intéressant: il y avait beaucoup d'assos représentées, ça brassait beaucoup de monde, dans tout les styles. Mais ces dernières années, je suppose parce que c'était devenu trop gros et ingérable, ils ont réduit le nombre de scènes et les ont déportées sur le Parc des Berges. Cette année, ils sont repartis pour faire six scènes à Gerland.”
La politique de la ville protège certainement les oreilles sensibles de ses habitants, mais ces restrictions croissantes pèsent certainement sur le moral des acteurs locaux. Sébastien, DJ, décrit une politique urbaine restrictive, qui tend à exclure les acteurs locaux plus qu’elle ne les inclus aux festivités nationales: “Ça fait quelques années que la scène Electro est cantonnée vers le stade de Gerland, avec chaque année plus de restrictions sur la tenue de l’événement: moins gros, fin moins tardive, etc. On a l’impression que toutes les actions que peuvent mener les acteurs de la scène pour arranger les choses sont vaines, la municipalité reste cantonnée sur ses positions.”