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Reportage

La Géorgie n’était pas sur la carte des raves européennes - jusqu’à GEM Fest

Un mois de house et de soleil à la croisée de l'Europe et de l'Asie

  • Publireportage
  • 26 July 2017

Avec l’explosion de la scène électronique, ce sont des dizaines de nouveaux festivals qui naissent chaque été en Europe. Si la Croatie a vu fleurir ces dernières années de nombreux rassemblements - Sonus, Dimension, etc - la Géorgie semble elle aussi bien décidée à s’imposer comme une destination de premier choix ; pour commencer grâce au Gem Festival, un festival jeune et particulièrement ambitieux qui s’étend sur un mois – du 14 juillet au 14 août – et tend à rassembler différents publics sur les rives de la baie d’Anaklia, autour de quelques 500 artistes. Nous avons découvert l’impressionnant événement lors du week-end d’inauguration.

Avant de nous envoler pour Tbilissi, nous étions curieuses et, il faut l’admettre, presque préoccupées : comment les organisateurs du Gem Festival vont-ils faire ? La durée de l’événement, l’organisation et les capacités logistiques qu’il requiert - c’est à a dire inviter plusieurs centaines d'artistes venus des quatre coins du globe, accueillir et gérer chaque jours des milliers de festivaliers, maintenir le site propre et en bon état, tout cela pendant un mois… une ambition colossale.

Dépaysement et farniente faciles d'accès

Pour ceux qui recherchent le dépaysement à moindre coût, le Gem Fest pourrait bien être la destination idéale. Le pass au mois coûte la modique somme de 108€, mais il existe également des forfaits au week-end, à la semaine et à la journée pour ceux qui n’assumeraient pas un mois de fête non-stop. Le pass au mois reste cependant une bonne alternative pour ceux qui souhaiteraient faire une pause et visiter la Géorgie une semaine ou deux avant de revenir faire la fête au bord de la mer Noire. Si vous prévoyez un road trip en Europe de l’Est, on ne saurait que trop vous conseiller de faire un stop à Anaklia une journée ou deux, avant de mettre le cap vers la capitale géorgienne Tiblissi.

Si on le compare à d’autres destinations prisées par les festivaliers l’été, le Gem Fest est très bon marché et permet en plus de conjuguer musiques électroniques et farniente au bord de l’eau, histoire de faire d’une pierre deux coups. Encore faut-il savoir comment s’y rendre. Pour se repérer, la Géorgie possède des frontières avec la Russie, la Turquie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ; en somme, la localisation parfaite pour tous ceux qui veulent du dépaysement aux portes de l’Orient.

Par sa situation géographique, le Gem Fest attire des amateurs de musiques électroniques de différentes nationalités. Au cours de notre week-end, nous avons ainsi pu croiser des compatriotes français, mais aussi et surtout des Russes, des Iraniens, des Israéliens, des Anglais et des locaux. Vous ne rencontrerez peut-être pas d'Australiens à Anaklia, mais vous pouvez être sûr d’enrichir votre vocabulaire russe de quelques mots.

Découvrir la culture géorgienne

La plage d’Anaklia, site du festival, est loin d’être le seul lieu digne d’intérêt de la Georgie. Ce petit pays, à la croisée de l'Europe et de l'Asie, possède des frontières communes avec la Fédération de Russie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Turquie. Un mix d’influences culturelles aussi étonnant qu’attrayant. En terme de paysages, la Géorgie n’est pas en reste, on passe très rapidement de la haute montagne, à la campagne verdoyante ou bord de mer de type méditerranéen sans oublier la capitale, Tbilissi.

La capitale géorgienne fait cohabiter le moderne et l’ancien. La ville et son architecture sont parvenues à concilier les influences orientales et russes, tout en se construisant une identité forte. Outre ses nombreux marchés, commerces, parcs, restaurants et bars, elle possède une vie nocturne souterraine foisonnante ; en effet, ces dernières années, Tbilissi est devenue un véritable creuset des musiques électroniques, tout genre confondu, techno, house mais aussi scène alternative. Des clubs comme Fabrika, Bassiani, Khidi - récemment ouverts - ou Café-Gallery font battre le coeur de la ville, attirant de plus en plus de DJs à la renommée internationale. Programmations recherchées, soundsystems d’excellente qualité, artistes accueillis chaleureusement et public passionné. Ajoutez à cela l’ambiance si particulière de la ville, vous obtiendrez un cocktail séduisant et unique.

Loin du son des basses et de l’agitation du dancefloor, vous pouvez aussi profiter de la nature géorgienne ; randonnée, rafting, balades au fil de l’eau, spéléologie, visite de ruines d’époques diverses, route des vins...

Une gastronomie généreuse et conviviale

Car on ne peut pas se nourrir seulement d’amour et d’eau fraîche, même en festival. Sans compter que les spécialités locales donnent toujours une saveur particulière aux trips musicaux. Que les palais difficiles se rassurent, les spécialités géorgiennes sont aussi accessibles que délicieuses et les tables très généreuses. Que vous soyez vegans, carnivores, intolérants au lactose ou même végétaliens, vous nourrir sur-place sera extrêmement facile et bon marché.

La noix, le fromage et le raisin sont font partie des inconditionnels de la gastronomie géorgienne et intègrent beaucoup de recettes. Aussi, vous verrez beaucoup de plats à base de fromages, frais ou fondu, comme par exemple le « khatchapouri », sorte de cheese naan local, savoureux pain fourré au fromage fondu, - pour vous dire, nous en avons mangé tous les jours avec plaisir. On trouve aussi beaucoup de plats végétariens composés de noix, d’épinards, d’aubergines, de champignons mais aussi de nombreuses spécialités à base de viandes - brochettes, boulettes, raviolis, de porc mais aussi de boeuf ou d’agneau. Côté dessert, les fruits sont à l’honneur : frais l’été - mention pour la pastèque et le melon frais au soleil en plein festival - secs ou confits l’hiver. Vous pourrez déguster du « chourchkhéla » - sorte de confiserie locale faite de perles de noix sur un fil et cuite dans du jus de raisin farine épaissie ; saine, énergétique et délicieuse, idéale pour reprendre des forces avant de foncer en after. Les tables sont particulièrement bien garnies, les Géorgiens ayant un grand sens de l’hospitalité.

La Géorgie est un pays de tradition viticole depuis des temps immémoriaux… Amateurs de petit blanc, de rosé, de rouge sucré, vous pourrez boire de tout votre saoul et appréciez les quelques 550 cépages du pays : vins sucrés et rafraîchissants. Sans oublier la tchatcha - ou chacha - eau-de-vie locale à base de raisin, particulièrement redoutable. On rappelle quand même que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé et que la modération est de mise, surtout à l’étranger.

Un festival "à la carte"

Sur la programmation d’un festival se déroulant sur un mois, il y aura forcément des jours ou week-ends qui plairont plus à certains qu’à d’autres. Voilà pourquoi il est intéressant de voir ce festival sous l’angle d’un gigantesque événement « à la carte ». Choisissez-le meilleur et oubliez le reste, comme la scène EDM qui cible un public bien précis. Sur quatre week-ends, vous pouvez choisir vos dates en fonction de vos artistes préférés, mais aussi de vos disponibilités, de vos vacances ou même de la tenue d’un autre festival ou événement à proximité…

Toujours afin de divertir le public et cela en plus de la programmation musicale, le festival propose aussi nombre d’activités comme des cours de danse, des ateliers de théâtre, du trampoline sur eau, des tournois de volley, des batailles d’oreillers, un spectacle de cosplay et une « freak parade ». Entre la musique, les espaces de repos et de détente, les food-trucks, les bars à jus et à alcool, la mer, le soleil et le panel d’activités programmées, il est simplement impossible de s’ennuyer.

Le site du Gem Fest, entre créativité et démesure

En terme de scénographie, le GEM Festival est vraiment impressionnant. Les organisateurs de l’événement et leurs différents prestataires - food trucks, bars, petits restaurants - ont profité de la taille démesurée du site et de la beauté de la plage pour laisser libre-court à leur imagination ; le résultat est plutôt convaincant.

Pour accéder au site, il vous faut traverser un pont piéton de près de 500 mètres; à votre gauche, la Mer Noire, à votre droite, l’embouchure de l’Ingouri. Un pas après l’autre, vous laissez le monde réel derrière vous pour entrer dans celui, démesuré, du GEM Festival. Sept scènes dont trois principales, chacune dotée de son propre univers. Certaines d’entre elles sont exclusivement nocturnes, d’autres tournent toute la journée, d’autres encore sont réservées au soleil et aux pool parties tandis que certaines sont particulièrement propices aux afters et danses du petit-matin.

Tout d'abord, le Colosseum, qui comme son nom l’indique comporte des gradins en hémicycle faisant face à la scène : cette installation impressionnante - système-son surpuissant, écrans LED et batterie de lumières et de projecteurs - est réservée au gros noms du festival, en majorité des acteurs de la scène EDM - nous avons ainsi pu voir le show délirant de Steve Aoki et son cortège de lance-flammes, canons à confettis, lights éblouissantes sans oublier le tant attendu lancer de gâteau sur un public hystérique et ravi - mais aussi à des artistes house coutumiers des gros events comme Solomun, Paul Kalkbrenner ou Boris Brejcha Le Space Bar est la scène à la programmation la plus pointue du GEM Fest ; deux grands bars se rejoignent en une extrémité pour accueillir le DJ booth, comme une sorte de proue de navire qui regarde à la mer. Les danseurs évoluent sur le plancher ou les pieds dans le sable, à quelques mètres à peine des eaux de la Mer Noire. Enfin, the Eye Stage, la scène la plus captivante de l’événement. Nichée au pied d’une tour futuriste, mi phare-mi droïde, sur une sorte de petite presque-île, coincée entre le fleuve et la mer. Nous y avons vécu un inoubliable lever de soleil, dansant dans les brumes matinales et les volutes des machines à fumée. The Sun can’t compare de Larry Heard résonnait à au moins 200 mètres à la ronde ce matin-là.

Côté son et lumière, vous ne serez pas déçus, c’est extrêmement professionnel, simple et très efficace, les organisateurs ayant tout de suite compris qu’on ne pouvait pas lésiner sur ces aspects de l’événement. Les installations sonores sont bien réglées et puissantes - il n’existe pas vraiment de limitations du niveau sonore, hormis celles imposées par le bon déroulement de l’événement. Côté lumière, c’est la même chose, efficacité et professionnalisme sont les maître-mots.

Après avoir fait un tour des différents espaces du Gem Fest, on s’est demandé si les Géorgiens n’étaient pas les maîtres incontestés en matière de chill out. Ici tout est fait pour que les festivaliers puissent se prélasser en profitant du son : on recense un grand nombre de hamacs tout le long du festival, mais aussi des balançoires avec coussins hyper confortables, ou encore des cabanes équipées de matelas et de moustiquaires pour siestes improvisées… Le chill est à l’honneur de bien des manières et le public n’a que l’embarras du choix pour se détendre.

Que vous soyez plutôt « gin tonic » ou team « chai tea », vous trouverez forcément un bar pour épancher votre soif, ceci à toute heure du jour et de la nuit. Notre spot préféré ? À l’extérieur du site du festival, sur la Off Stage, un groupe de jeunes femmes russes tenaient un palais des thés, « Tea Time ». Véritables expertes en thé, elles vous accueillent avec un « power tea », histoire de vous préparer aux festivités à venir. Cette décoction naturelle est préparée avec minutie et l’expérience est vraiment appréciable - la propriétaire de l’endroit éphémère n’hésitera pas à vous expliquer les bienfaits de cette boisson et son histoire. Soit une autre idée du before.

La programmation : le nerf de la guerre

Bien entendu, faut un peu plus qu’un événement d’un mois organisé sur un site idyllique pour faire se déplacer les foules… Aujourd’hui, la programmation d’un festival c'est un peu le nerf de la guerre et les organisateurs du GEM Fest l’ont parfaitement intégré. Aussi pendant un mois jour après jour, plus d’une centaine d’artistes reconnus qui vont faire danser les festivaliers, rejoints par les talents de la scène locale. Une chose essentielle à garder en tête : le site est de taille colossale et les scènes sont plusieurs à tourner en même temps, ainsi il est parfaitement possible de faire votre festival en faisant abstraction quasi totale de la scène EDM - personne n’étant jamais à l’abri d’un petit « I love you Martin (Garrix) » ou d’un « Cake me Steve (Aoki) ».

La programmation du GEM Festival est orientée house, minimal house, son roumain et tech-house, choix plutôt cohérent pour un festival de plage organisé en plein été. On retrouve néanmoins quelques surprises comme les charismatiques Français de dOP, lesquels ont mis une ambiance enflammée sous the Eye Stage. Parmi les gros noms du DJing, on retrouve Matthias Tanzmann, Voigtmann, Dennis Ferrer mais aussi Martin Buttrich, Robag Wruhme, tINI ou James Zabiela. Des artistes dont la réputation autant que le talent derrières les platines sont confirmés.

La scène roumaine et la house minimale sont aussi particulièrement bien représentées : cette année étaient conviés séparément le trio magique de Arpiar soundsystem - Rhadoo, Petre Inspirescu et Raresh - mais aussi Praslea, Barac, Gescu, Herodot, Cezar et Priku. Ajoutez-y de grands noms de la minimale comme Thomas Melchior, DoubtingThomas, Seb Zito ou l’Italien Hubble. Tous ces artistes sans exception jouent sur le Space Bar ; nous avons eu la chance par exemple d’écouter Rhadoo jouer quatre heures sur la plage tout en profitant du lever du soleil.

La cerise sur le khatchapouri ? La scène trance - psytrance cachée en plein coeur d’un îlot boisé. Effectivement, un peu en retrait du site, se trouvait cette petite scène confidentielle - néanmoins pourvue d’un bar et parfaitement sonorisée - perdue au fond des bois. Pour y accéder, il fallait sortir de l’enceinte du festival, marcher une dizaine de minutes et traverser le fleuve…Toute la journée et une partie de la nuit résonnaient psy-trance, trance et deep techno méchamment pitchée.

Le GEM Festival, événement démesuré, unique en son genre, possède sans l’ombre d’un doute un gigantesque potentiel. Peu de points négatifs au final si ce n'est les premiers jours, l'absence de programme ou de protection auditives. Relativement minime en particulier pour un pays encore novice dans l’organisation de ce genre d'évènements.

On peut toutefois redouter les effets d'un mois de festival électronique sur la population locale. De l’apparition d’un nouveau tourisme de masse en Géorgie, entre Tbilissi et Anaklia. Ce tourisme estival fondé sur la plage et la dance music pourrait étouffer peu à peu la culture locale et ses traditions, tout comme elle mettrait en péril la vibe underground de Tbilissi. David, l’un de nos guides, lui même acteur de la vie nocturne géorgienne, nous confiait redouter cette issue tragique. La solution contre l’apparition de cet Ibiza eurasiatique résiderait dans l’éducation du public.

Ce festival est bien conçu, surtout pour un événement-concept qui s’étend sur un mois. Nous avons eu de très belles surprises, notamment concernant les installations scénographiques, sonores et les décorations du GEM Festival, mais aussi la qualité de l'accueil et la beauté naturelle du lieu. Le temps et l’expérience aidant, le GEM Festival se hissera peut être au rang d'événements estivaux incontournables, au même titre que Sunwaves - qui montre déjà des signes d’essoufflement - en Roumanie ou que le Dimension en Croatie. Autant dire que nous avons hâte de voir le projet évoluer sur ces prochaines éditions.

Chapeau bas aux organisateurs du GEM Festival ainsi que l’Office du Tourisme Géorgien, pour leur professionnalisme, leur générosité et leur accueil. Cheers - ou გაუმარჯოს, "gaumarjos" - et, on l’espère, à l’année prochaine.


Crédits photos : Clark Engelmann

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