Humans of the Sesh forme une nouvelle génération de fêtards

Si vous lisez Mixmag ou que vous suivez la page Facebook Humans Of The Sesh, il y a des chances que vous ne dites pas non à une bonne grosse soirée.

Sans trop m'avancer, je peux logiquement assumer que vous vous êtes déjà vautré dans l’hédonisme et l’indescriptible dépression de l’after, plus que ce que vous voudriez l’admettre. Parce que par défaut, qu’importe si vous êtes un client curieux ou un raver irréductible. Vous y avez été, l’avez fait et avez gagné la médaille. Vous avez porté la médaille tout en discutant de théories socialistes, assis dans un panier pour chien sur les carreaux froids d’une cuisine à 8 heures du mat’, en galérant avec les restes d’un paquet de tabac.

L'utopie/dystopie de l'after, qui fait mystérieusement son apparition après une nuit où vous vous étiez promis de « ne pas y aller trop hard », se retrouve au sommet de votre feed grâce aux deux mecs qui se cachent derrière Humans Of The Sesh. À ne pas confondre avec les chaleureuses histoires d’humains rebelles et rêveurs partagées sur la page Humans Of New York, Humans Of The Sesh est la page FaceBook parodique qui partage les incroyables histoires de soirées à rallonge, d'abus d'alcool, de grimaces mal-contrôlées, de coke, encore plus de dérives faciales rares et autres situations douteuses qu'on pensait avoir oublié.

La page a été lancée en 2015 en Irlande par deux amis qui, pour des raisons d'anonymat, ont préféré se faire appeler Grand Feen et Brown Sauce. En deux ans d'existence, leur page a atteint des sommets de fréquentation, et comptabilise plus de 500 000 likes sur Facebook. Ils ont lancé il y a un petit moment Sesh FM, un podcast hebdomadaire sur Soundcloud et ont été invités à jouer dans plusieurs festivals et clubs aux vues du succès de The Sesh. Cela a bien sûr accru leur présence sur Twitter et Instagram grâce à leurs innombrables memes, sujets autour de la drogue et des contenus qui critiquent la culture de notre temps.

J’ai parlé au duo de politique, de la beauté de la satire, et aussi de la raison pour laquelle Humans Of The Sesh est devenu l’un des commentaires sociaux les plus influents de sa génération.

Pouvez-vous expliquer qui vous êtes ? Comment la page a commencé?

Grand Feen: On est deux potes de Cork qui se cachent sous les pseudonymes de Grand Feen et Brown Sauce. On gère une énorme page sur les réseaux sociaux, et on est potes depuis qu’on a 15 ans et maintenant on en a 22/23. Notre humour est par conséquent assez similaire. Ça a commencé lors d’une soirée il y a deux ans, en buvant quelques bières et fumant des pétards dans une maison de vacances d’un pote à nous - un squat avec une grosse ambiance. L’un de nos potes a commencé à nous lire les posts de la page Humans Of Amsterdam et a commencé à délirer en lançant : « Et on dit quoi à propos de Humans Of The Sesh? Ça pourrait être cool » (Sesh est le diminutif de session, qui évoque les moments où l’on boit, fume, joue à l’ordi pendant une bonne période de temps). Alors on a créé la page mais on n’y a rien posté pendant plusieurs mois, parce qu’on l’avait complètement zappé. Ensuite on a commencé à poster des satires complètement stupides de Humans Of New York où on remplaçait les photos par les têtes de nos potes. Et elles sont toujours sur la page en plus, désolés les mecs. Et puis on a commencé à grossir. Alors on a continué parce que j’adorais voir le chiffre grossir, 100 likes, 500 likes, etc. C’était hilarant de voir qu’autant de personnes lisaient nos posts de merde.

Brown Sauce: ‘The Sesh’ est arrivé bien avant cela. Beaucoup de gens ne savent probablement pas que nous sommes irlandais et que la ‘sesh’ était ici depuis bien longtemps. Genre, mon père faisait des ‘sesh’ et son père avant lui. Du mieux que je sache, c’est un terme assez récent ailleurs, qui est apparu quand on a commencé à grossir. La page a pris tellement d’ampleur en un rien de temps et je ne suis absolument pas qualifié pour gérer tout ça correctement. Je suis tellement dyslexique les gars, je ne sais même pas faire la différence entre ‘their’ et ‘there’. J’ai loupé autant de cours d’Anglais que je le pouvais. Donc oui, je ne suis pas du tout qualifié pour faire ça, mais on l’a fait pour le fun.

Vous vous attendiez à ce que ça prenne autant d’ampleur?

Grand Feen: Pas du tout. C’était vraiment un truc qu’on a fait pour rigoler, on n’aurait jamais pensé que des personnes en dehors de notre groupe d’ami ou des lieux cités puissent s'intéresser au contenu. J’ai récemment retrouvé un ancien post pour célébrer nos 500 likes, c’est marrant de voir que maintenant on en a un demi-million. Une grande partie de cet croissance est arrivée si soudainement grâce à nos posts viraux; je me rappelle qu’on est passé de 1 000 à 5 000 en un jour et un autre post nous a propulsé de 5 000 à 20 000 likes en un jour aussi. Tant de personnes qui aiment notre contenu, c’est complètement fou. Et je continue de le penser. Le jours ou on a atteint les 20 000 likes, Brown Sauce m’a envoyé la photo d’un stade avec une capacité de la même envergure et m’a dit : « Tu peux remplir ce stade de toutes les personnes qui likent notre page ». Et maintenant on dépasse presque la population de l’Islande.

Je pense que le truc qui m’a fait réaliser à quel point c’était devenu important, c’était quand on a été invités à faire une conférence dans la fac de notre ville en Février. On avait un PowerPoint de présentation, on parlait dans un micro de merde sur scène en buvant des canettes là où des mecs qui ont un doctorat parlent tous les jours. Le truc le plus étrange, c’est qu’il y avait les 300 places de la salle de conférence qui étaient occupées et des gens qui étaient assis sur le sol. Alors arriver dans cette auditoire avec une canette à la main pour trinquer avec une cagoule sur la tête, c'était complètement fou. Noam Chomsky nous avait fait une conférence au même endroit quelques mois auparavant et avait attiré la moitié de notre public. C’est ma plus grande fierté, d’avoir ce jour-ci été « plus grand que Noam Chomsky ». Je rigole bien sûr, mais c’est dingue.

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