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Le DJ masqué raconte l’histoire de l’orga défoncé au volant

Quand le mec qui te récupère à l'aéroport est un cowboy

  • The Secret DJ • Traduction: M.-C. Dapoigny
  • 27 February 2017

"The Secret DJ" est une série de blogs rédigés par notre artiste invité qui, sous couvert d'anonymat, nous fait part des expériences et des déboires de la vie de DJ.

C’est comme une danse nuptiale subtile et délicate, le protocole avec les drogues. La règle tacite: les stimulants sont là si le DJ y fait allusion, mais c’est souvent mauvais signe si on te les offre, en particulier dans la voiture. Après un vol de 4 000 km, quand t'as pas touché l’oreiller depuis trois jours, qui veut taper une trace sur le parking de l’aéroport histoire de rester alerte et bavard pendant 40 minutes dans une bagnole ?

Le signe avant-coureur est souvent le BOUM BOUM BOUM qui s'échappe de la voiture quand la porte s’ouvre, et il devient alors évident que le conducteur écoute constamment de la musique à plein volume, à s’en faire saigner les oreilles. Les DJs travaillent avec de la musique à plein volume, donc certains pensent qu’ils aiment écouter leur musique forte tout le temps. Non.

Le meilleur (ou pire) moment d’entre tous est le point où la conversation se termine et le conducteur passe “accidentellement” son propre mix : « Au fait, celui-là est de moi ! » Cela-dit, il est toujours bon de se réveiller et de prêter attention s’il s’agit des propres prods du conducteur ; non seulement tu obtiens une leçon gratuite d’A&R mais aussi un cours intensif sur les goûts locaux. Souvent, la personne qui te récupère à l’aéroport est l’organisateur, le DJ résident peut-être un des meilleurs producteurs de la ville - parfois même du pays. Des fois, c’est aussi une nuisance sonore qui fait vomir par les tympans.

Paulo était à la fois l’organisateur et le DJ de la soirée. Mon arrivée en Italie était prévue tard le soir, en transit depuis Ibiza. Il était plus que probable que j’arrive en retard : on était alors en saison creuse et il y avait un minimum de deux vols pour n’importe quelle destination. Certaines parties de l’Italie sont assez bohémiennes, et je pensais qu’il serait faisable d’atterrir à 2 heures du matin pour un set de 4 à 8 heures. Je commence à me poser des questions en voyant sur l'itinéraire que le trajet depuis l’aéroport dure 90 minutes. Ça me semble un peu long. Paulo est un citadin bien looké et étrangement timide à l'arrivée. Ce n’est qu'une fois dehors, dans la chaleur, que je remarque qu’il transpire énormément et que ses mâchoires bougent constamment. Là, à côté de l’arrêt de bus, juste devant la porte principale, se trouve une Lamborghini Murciélago garée en diagonale, avec l’angle obtus typique qui dénote l'arrogance généralement réservée aux voitures de police. “Sympa,” je me dis, en dépassant la voiture.

“Nononono” aboie Paulo en me rappelant en arrière, ouvrant les ailes de la voiture et fourrant, écrasant et traumatisant mes sacs dans le compartiment minuscule. Je suis impressionné.

Alors que les portes se referment et que nous nous éloignons des arrivées à grand renfort de crissements de pneus, je mentionne timidement la distance de l’aéroport à un Paulo visiblement énervé. Pour réaliser que l’événement se trouvait dans une toute autre ville, elle-même pourvue de son propre aéroport, parfaitement fonctionnel. J’arrive alors à extraire d'un Paulo monosyllabique le raisonnement derrière cette décision : il était simplement moins cher de réserver des billets pour celui-ci, à 500 kilomètres de distance. Et de toute façon, il m’informe, c’était un honneur, car je me faisais conduire dans sa meilleure voiture. “Tu aimes la voiture ?” J’aime bien la voiture. Mais elle est assez (très) inconfortable avec toutes mes valises sur les genoux.

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