Moby raconte son apocalypse personnelle et celle du monde
Immeubles en feu, tempêtes et nuages sombres
Vous avez été confronté à la mort très jeune. Vous vous rappelez de vos premières funérailles ?
Les premières dont je me rappelle sont celles de mon grand-père. Mon père est mort quand j’avais 2 ans et demi. Je n’ai aucun souvenir de lui. D’autres membres de ma famille sont morts quand j’étais petit, mais je ne me souviens pas de leurs enterrements. Quand mon grand-père est mort, j’avais 10 ans. C’était quelqu’un de très important dans ma vie. C’est mon premier véritable souvenir de deuil. Après l’enterrement, j’étais assis, tout seul et je pleurais. Un de nos voisins s’est approché. C’était un gros dur, ancien joueur de foot qui travaillait à Wall Street. Il m’a dit d’arrêter de pleurer. « Sois un homme. Les hommes, ça ne pleure pas ! ». Je me souviens penser : « quel putain de connard ! ». Heureusement, je n’ai ressenti aucune honte.
Un des titres s'appelle The Last of Goodbyes. Quel a été le au-revoir le plus douloureux de votre vie ?
Quand ma mère est morte. La mort, c’est pour les vivants que c’est dur. Une personne qui disparaît nous manque. Mais, le pire, c’est quand on fait le deuil d’une personne qui n’a pas eu la vie qu’elle voulait. Quand la personne a dû lutter avec beaucoup de déceptions et de tristesse. Quand une personne comme ça meurt, ça met un terme à la possibilité qu’elle puisse réparer sa vie. Ma mère n’a pas eu la vie qu’elle voulait. Elle est morte avec beaucoup de frustration et de ressentiment.
Une autre chanson est intitulée The Tired and The Hurt. Quand, dans votre vie, vous-êtes vous senti le plus fatigué ?
Probablement juste avant d’arrêter l’alcool et la drogue. J’étais très malade. J’ai été sobre jusqu’à 1995. Puis, dans le livre, j’écris qu’à partir de là, je me suis mis à boire. J’ai dû arrêter en 2008 parce que mon alcoolisme était totalement hors de contrôle. Je buvais 15 verres et dépensais 200 dollars en cocaïne. Chaque jour. C’est très cliché. Je n’ai rien d’unique ni d’extraordinaire en tant que drogué alcoolique. J’ai fini par devenir un drogué alcoolique triste, entre deux âges, comme nombre de musiciens. Je dormais jusqu’à 17h chaque jour. Je prenais des tonnes de Xanax et de Vicodin. À chaque fois, j’étais surpris de me réveiller. Le soleil se couchait et j’étais surpris de toujours être en vie. Chacune des cellules de mon corps était épuisée. Rien que me lever et marcher jusqu’à la douche, c’était douloureux et épuisant. Je suis sobre en partie pour ne plus jamais ressentir ça.
L'album Everything Was Beautiful and Nothing Hurt est sorti sur Because Music.
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Photo en une : DR, courtesy of Because Music
Propos rapportés par @Thomas_Andrei