Non aux 60 minutes, les extended sets devraient être la norme
Exigeons la fin des créneaux horaires
En entrant dans le Village Underground un dimanche à 7h, Enzo Siragusa joue à plein régime. Il est en train de mixer depuis 3 heures déjà et ce n’est que le début. C’est le label Fuse et son fondateur qui sont aux commandes, pour un rare set “all-day-long”: 10 heures de house débridée et de prouesses techniques, par celui qui possède une collection de vinyles tout aussi impressionnante que sa prestation derrière une paire de Technics 1210. Il tient le club dans le creux de sa main, chaque track et chaque transition sont dévorées par un entrepôt peuplé de danseurs.
Jouer un set prolongé à un niveau aussi pointu exige une oreille habile pour une sélection pointue, un set bien ficelé et bien évidemment, l’aptitude technique avec l’équipement adéquat. Il y a quelque chose d’infiniment satisfaisant, autant pour l'audience que pour l’artiste dans un set plus long que la normale. En d’autres termes, le DJ a le temps nécessaire pour entraîner la foule, bâtir un set avec un début, un milieu et une fin, et explorer les moindres recoins de son répertoire.
Le public peut se rendre vraiment compte ce qu’est un DJ : ce n’est pas juste une heure de puissance où chaque morceau est balancé dans le but d’avoir une réaction, mais une chance pour les fans de voir leurs artistes préférés poussés dans leurs limites et, même mieux, c’est un véritable spectacle à admirer.
C’est sur ce point que les clubs comme le Berghain et le Panorama Bar ont tout compris. Chaque set dure au minimum quatre heures, et chaque DJ, si on le regarde assez longtemps, a l’opportunité de nous montrer ses sons, sélections et personnalités. Les meilleurs sets que j’ai pu voir avaient lieu au Panorama Bar, et si l’on met de côté les réglages et le soundsystem, la qualité était principalement liée à la longueur du set. Voir Ryan Elliott, un résident des deux clubs, balancer de la house décapante et des sons d’ambiance au Panorama Bar restera une des meilleures expériences que j’ai pu vivre dans un club.