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Fables, réalité et expériences techno : Renart conte sa musique

L’univers fantastique qui a inspiré son premier album 'Fragments Séquencés'

  • Camille-Léonor Darthout
  • 8 November 2017

Repéré sur les bancs du label lyonnais Dawn Records, sur lequel il sort son premier EP 'Voyage Chromatique', puissant et mystique, c’est à Paris que Renart confirme ses talents de producteur lorsque Cracki Records choisit le 4 titres 'Petits Charmes' pour son premier EP. Techno psychique et organique, la musique de Renart séduit le public avec ses lives dynamiques et dansants. L’artiste travaille ses textures et repense son univers qui n'hésite pas à flirter parfois avec la trance, parsemé d’archives sonores surprenantes, entre rêve et instant présent - mythologie et illusion.

Son premier album Fragments Séquencés, paru le 24 octobre sur Cracki Records, fait l’apologie d’un univers inventé de toute pièce dans lequel il aime se perdre. L’imaginaire en ébullition, Renart nous conte sa musique.

Frédéric Destres est discrètement accoudé au comptoir du bar. Calme et posé, c'est un autre homme que celui aperçu dans la cale de Concrete, rebondissant avec frénétisme sur les 140 BPM crachés au cours d’un set techno psychotique. Frédéric, Fred, Renart, sont pourtant les mêmes individus, partageant le même imaginaire et la même sphère créative dans lesquels beaucoup de choses, de personnages, d’histoires prennent forme.

Frédéric est Renart, mais Renart n’est pas Frédéric. Le jeune homme tient à conserver une distinction entre sa vie personnelle et son projet musical ; il ne se cache pas pour autant. Frédéric garde un côté mystique, une forme d'anonymat à l'instar des écrivains du Roman de Renart qui inspirent son alias. La musique l’a pris jeune, c’est presque une affaire de famille : son arrière grand-père jouait de l’orgue, son cousin lui apprend la guitare. Garçon de la ville avec un projet musical qu'il qualifie de « champêtre » , Frédéric s’est baladé entre Lille, Nantes et Paris. Dans la capitale il étudie les Lettres Classiques à La Sorbonne et pendant ses cours, il se perd parfois dans les songes et écrit des histoires, crée des personnages fictifs à partir de ce qu’il entend en classe. Singifus Pontifex voit ainsi le jour, un homme-singe aux airs de Caligula régnant avec tyrannie sur une exoplanète. Une fable parmi d'autres, le socle créatif de son premier album Fragments Séquencés.

« Le délire de l’album part de cette exoplanète sur laquelle réside Singifus Pontifex. On y retrouve une partition que j’essaie de réinterpréter au travers de ma musique. »

La partition, c’est l’illustration de la pochette de l’album. Un dessin imaginé par Renart, entre Antiquité et civilisation extraterrestre, langage cryptique inspiré de partitions de musique contemporaine. Un univers fantastique dans lequel le producteur veut se réfugier. L’imaginaire lui est vital, désillusionné par la réalité, un quotidien trop sombre. Pour Frédéric, les mythes permettent de lire la réalité d’une autre façon. Sa passion pour les textes antiques et les élégiaques nourrissent sa créativité. Le jeune artiste est doté d’un intellect certain dont il se sert pour basculer entre sa culture littéraire riche et son envie d’ailleurs. Mais Fragments Séquencés est une suite d’histoires qui ne sont pas toutes fabuleuses. Plusieurs morceaux sont d’ailleurs très personnels, composés pour certains il y a quatre ans. Renart refusait de faire l’impasse dessus ; et voici comment mythes, réalité et souvenirs ne font plus qu’un.

Attaché à la littérature, c’est pourtant à la musique que Renart dédie son art. Dans son laboratoire situé au Nord de la capitale, le Schnell Institute Laboratory, le producteur devient scientifique. Il expérimente dans un « joyeux bordel » où les machines et les archives de Cracki Records investissent une cave sans trop de lumière. Un espace de liberté que Renart apprécie tout particulièrement, car il y compose sans pression.

« Ici, on ne se demande plus si c’est bien, si ce n’est pas bien ou si ça va plaire à quelqu’un. Dans le Schnell Institute Laboratory, j’expérimente seul et c’est essentiel pour savoir ce que je veux faire. »

Renart avait posté un statut Facebook, se disait à la recherche d’un stagiaire pour son laboratoire. Une blague qui aura néanmoins reçu plusieurs candidatures très sérieuses. Mais Frédéric préfère faire cavalier seul quand il s’agit de produire. Et de présenter son travail. S'il sort son premier album sur Cracki Records, c’est parce qu’il se sent plus libre de présenter son travail à ceux qui sont en réalité des amis, un cercle proche et sur lequel est basé une relation de confiance qu’il entretient également avec Dawn Records.

« Je pourrais difficilement envoyer mon travail à d’autres labels, car j’aurais l’impression qu’ils ne comprendraient pas. »

Car bien que Fragments Séquencés soit déjà un gros travail créatif et d’imagination, Renart ne compte pas en rester là. Ce premier album est la genèse d’une série dans laquelle le fantastique aurait toute sa place. Entre deux, Frédéric imagine bien se consacrer à la création de livres audio. Même si ce dernier aime l’idée que la techno puisse narrer une histoire sans parole, il aimerait aussi couper court à la distinction souvent faite entre paroles et musique. Les ambiances sonores et le field recording représentent quant à eux un projet pour le second album. Si Fragments Séquencés est composé de toute pièce par Renart, le producteur envisage de s’ouvrir à autre chose. Plus ancré dans le réel avec les enregistrements qu’il projette de faire ? Ou simple support pour conquérir une nouvelle exoplanète ? Renart a bien des possibilités qui s’offrent à lui, mais il doit d’abord assumer une tournée qui débute en février 2018. Les dates et lieux seront bientôt annoncés, cela vous laisse le temps de faire vos valises pour rejoindre Singifus Pontifex, le Cyber-Moineau, et toutes ces créatures surnaturelles auxquelles les sets lives techno envoûtants de Renart donneront bientôt vie, sur notre chère planète Terre.


Crédits Photo : Rebekka Deubner

@CamilleLéonor

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