CEE, l'artiste qui a tout quitté pour installer son studio dans la jungle
10 ans de vie racontés en 18 morceaux
À l’instar du chat, le producteur originaire de Vienne CEE est un artiste aux neuf vies. En vingt ans de carrière, Christian Schwanz aura connu la gloire avec Al-Haca Soundsystem, duo formé avec son compatriote Alexander Pehlemann pour des projets musicaux variés (Barefoot Movement ou encore Bass Sekolah) et surtout, une expatriation au plus profond de la jungle malaisienne. Aujourd’hui père de famille comblé, celui qui figure parmi les pionniers européens de la bass music s’apprête à dévoiler une partie de sa vie en Malaisie - de son arrivée à son déménagement au plus près de la nature - sur une bande cassette dont les deux faces se composent en tout de 18 morceaux.
Exclusivités, field recordings, unreleased, collaborations et souvenirs : le producteur se confie dans un “presque” livre-audio autobiographique.
As-tu vraiment passé 10 ans de ta vie dans la jungle ?
J’ai quitté Vienne avec ma copine il y a 9 ans pour partir vivre à Kuala Lumpur en Malaisie. On s’est mariés peu de temps après et on a décidé de quitter le centre ville pour s’installer au plus près de la jungle. Mais pour être tout à fait honnête, on ne vit pas vraiment dans la forêt, on lui fait face et notre maison est ouverte sur tout le pan qui lui fait front. Il n’y a pas de climatisation. C’est un peu comme vivre avec les éléments. Alors quand il y a de grosses averses, on doit s’empresser de baisser les stores, sous peine de retrouver la chambre d'ami complètement submergée.
Lorsque tu étais en Europe, tu faisais partie des pionniers de la scène Bass music, alors pourquoi avoir tout quitté pour la jungle malaisienne ? Pourquoi cet endroit ?
J’ai suivi mon cœur. Avec celle qui est aujourd’hui ma femme, nous avions une relation à distance et on sait que c’est rarement un bonne chose, pas vrai ? La distance était bien trop dure à supporter. Et puis j’avais l’impression que Al-Haca était arrivé à l’apogée de sa carrière. Avec Stereotyp, on avait contribué à implanter les sonorités de la future bass un peu en avance sur notre temps. On était connus, mais vivre de la production et des tournées n’allait durer qu’un temps. J’avais des dettes avec mon assurance santé et l’aspect financier est aussi une source de stress, en particulier au sein de relations entre partenaires musicaux. J’avais besoin de retrouver un aspect plus “sauvage” pour passer à la prochaine étape de ma vie, et quand je regarde derrière moi je suis fier d’avoir franchi le pas. L’Asie a tellement évolué ces dix dernières années, je suis heureux d’y avoir posé mes marques. Vivre à Kuala Lumpur les 3 premières années, lorsque j’ai déménagé en Malaisie, aura été la meilleure chose à faire afin de se connecter avec la scène. Mais vivre dans cette ville n’avait jamais été très attrayant pour moi et je ne m’y suis jamais vraiment senti chez moi. La famille de ma femme commençait tout juste à tenir l’hôtel The Dusun et on était tout les deux de plus en plus impliqués dans l’affaire. Quand le business est devenu assez stable pour nous permettre de bouger, on a quitté la ville et construit notre maison ici.
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