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Variations: pourquoi les musiciens électro, jazz et classiques devraient collaborer davantage

Retour sur la série vidéo CultureBox, qui a apporté un vent de fraîcheur sur la scène contemporaine

  • Marie-Charlotte Dapoigny
  • 3 February 2017

Révolu le temps ou les adeptes de l’électronique tournait le dos à l’héritage classique, souvent jugé trop hermétique et rigide: la dernière décennie a mis le passé à l’honneur, et lorsqu’il s’agit de beaux projets tels que celui de Variations, la série mise en place par l’équipe de tournage de Sourdoreille, La Compagnie des Indes et CultureBox - la plateforme web de France Télévisions - on en redemande.

Dans le cadre du Cabaret Sauvage, avec une scénographie magnifique, imaginée par les équipes de Sourdoreille et le collectif Parenthèse - plusieurs rideaux de fils auxquels sont accrochés des milliers de médiators en métal, couleur or - la série de cinq épisodes s’est faite le théâtre de la rencontre de cinq duos de producteurs et musiciens classiques ou jazz, et les a filmés en live sur une reprise de titre de musique dite “savante” comme Bach, Steve Reich ou Bernard Hermann, avec pour but de sortir les artistes de leurs habitudes scéniques.

Le concept de Variations est venu d’une idée originale de Nathan Bénisty, le réalisateur de la série, nous a confié l’équipe de Sourdoreille:Les rencontres d'artistes électro/classique ou électro/jazz ne sont pas nouvelles, mais on a voulu aller plus loin : former des duos éphémères qui ne se connaissent pas, et qui doivent travailler sous la contrainte du temps, avec un thème imposé.

La difficulté majeure convaincre les artistes d’une telle prise de risque “On a discuté avec beaucoup d'artistes depuis de longs mois. Certains ne se sentaient pas de s'engager sur ce terrain de la création, il a fallu les rassurer, bien expliquer ce qu'on attendait eux. D'autres n'étaient pas rassurés par le côté sans filet, qui plus est devant les caméras.” Mais ces craintes se sont vite dissipées, et le projet a pu voir forme. Une performance dont nous saluons le résultat et dont l’équipe tire une grande fierté: Se rendre compte que les duos qu'on a imaginés depuis de longs mois fonctionnent, aussi bien humainement qu'artistiquement. Là-dessus, on est fiers de voir qu'on ne s'est pas trompés. C'était un sacré pari, mais il a fonctionné.”

Le projet a permis de mettre en lumière la facilité avec laquelle les univers électronique et classiques entrent en collision, tout en mettant en valeur leurs approches complètement différentes. Comme le confirme Zadig, les artistes classiques brillent sur scène par leur virtuosité et dédication exemplaire, ouvrant de nouvelles voies d’exploration et d’inspiration pour les producteurs: “La rencontre avec cet univers est très bénéfique et profitable pour les artistes Techno.”

Il ajoute d’ailleurs “La Techno est très brute, intuitive, parfois même accidentelle ; elle s’appuie sur les bases musicales les plus simples qui soient mais elle a tout de même réussi à chambouler les codes, à repousser certaines frontières. C’est une autre façon de penser la musique et la rencontre des ces deux univers que tout semble opposer peut donner réellement quelque chose de très unique et magique.”

Le saxophoniste Emile Parisien, qui a pris part à l’aventure aux côtés du grand Jefff Mills, a vécu un véritable partage avec l’artiste pour sa toute première représentation avec un artiste électronique: je pense avoir beaucoup de chance que ce baptême eut été avec Jeff Mills. J'ai été très impressionné par le personnage, par son engagement, sa musicalité, son ouverture d'esprit et cette classe incarnée !"

J’ai vraiment l'impression que nos univers se sont rencontrés, nous sommes allés l'un vers l'autre, ce fut un vrai partage, une conversation, tout en ayant le place de déployer nos jeux respectifs.” Une performance belle et bien déterminante dans la carrière du musicien: “cela m'a donné beaucoup l'envie de continuer à explorer les terrains de cette collaboration, des portes se sont ouvertes pour moi, il y a beaucoup de choses à faire, c'est très stimulant !

L’artiste électro et DJ française Chloé quant à elle s’avoue également très inspirée par l’expérience qui lui a permis de jouer avec Vassilena Serafimova, “Ce projet est arrivé à un moment où je tournais beaucoup en DJ set, donc préparer quelque chose de spécial en live avec une musicienne de marimba m’a beaucoup inspiré. Les directives thématiques de l’émission ont permis aux musiciens de laisser aller leur imagination, et a donné lieu à une véritable synergie entre les duos: “On avait comme direction : ‘Steve Reich’, mais on s’est laissé une grande part d’improvisation, ce qui nous a permis de créer notre propre univers et d’essayer le plus possible de faire se rencontrer le marimba avec la musique électronique de façon la plus intuitive possible.

Les retombées de la série s’annoncent déjà fort positives, et la plupart des musiciens sont prêts à renouveler l’expérience: “Quatre duos sur cinq ont d'ores et déjà décidé de poursuivre l'aventure, a confirmé l’équipe. “Par exemple, Jeff Mills et Emile Parisien vont jouer ensemble dans l'un des plus grands festivals de jazz en Europe cet été, en développant encore un peu plus le travail entrepris pour Variations autour de Coltrane.” Une initiative que Mixmag supporte de tout coeur. On a hâte de les retrouver sur la prochaine saison.

Retrouvez la série en intégralité sur le site de CultureBox.

[Crédit : Hana Ofangel pour Sourdoreille]

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