Vitalic : « Au fond j'avais envie de le faire, cet album rétro-futuriste »
Aux Eurockéennes de Belfort, l'artiste est revenu sur les cinq années passées à composer son album 'Voyager'
Vitalic est en pleine promotion de son album ‘Voyager’. Parue en janvier dernier, cette sortie marque le retour du pilier de l’électro made in France après cinq années passées en studio. Un come-back signé sur Citizen Records, le propre label de Vitalic, jusqu’alors en sommeil. Et tandis que le producteur en tournée arpente les routes des festivals, nous l’avons rencontré lors de son passage aux Eurockéennes de Belfort. Pour qu’il nous raconte sa musique. Pour qu’il nous raconte son histoire.
Le soleil est à la limite entre ciel et terre. Une lumière rosâtre engloutit la végétation et sur le lac du Malsaucy se reflètent les derniers rayons d’une journée caniculaire. La chaleur étouffante et le brouhaha festif laissent place à une plénitude sereine et mélancolique sur les rives endormies. Un fourgon blanc, apparu au détour du sentier principal dans un nuage poussiéreux, s’invite dans le panorama. Une porte coulisse et de là, émerge Vitalic. L’artiste allume une cigarette. Sur un mobilier de jardin cubique, dans un cadre somptueux, le producteur français s’installe et raconte. Comment il a écrit un nouveau chapitre de son histoire. Comment, avec ‘Voyager’, il s’est ré-affirmé.
« Dans mes albums, il y a souvent des textes, il y a souvent des histoires. Ça met du temps à venir. C’est un peu comme écrire un bouquin ».
L’artiste s’est absenté de la scène pendant longtemps. Cinq années, plus précisément, se sont écoulées entre ‘Rave Age’ sorti en 2012 et ‘Voyager’. Vitalic produit à son rythme, sans ressentir le besoin d’occuper la scène. Et ce, parce que Pascal - de son vrai nom - raconte avant tout des histoires.
Chaque morceau est un chapitre. Le « bouquin » est composé de nombreuses collaborations. Parmi elles, on retrouve son amie de longue date. Celle qui avait aussi été lancée par DJ Hell sur le label International Deejay Gigolo records : Miss Kittin.
Épris d’une envie d’aborder la poésie qui anime sa vie d’artiste, Vitalic s’inspire de l’incontournable passage du tour bus comme thème, pour l’un de ses morceaux. Lors d’un dîner, le projet est suggéré à Miss Kittin, il lui plaît. En deux heures à peine, ‘Hans is Driving’ voit le jour.
Des chants siréniens, une mélodie télescopée, et puis l’histoire de Hans, le chauffeur de bus. Les paroles concises conte la magie du fourgon nomade. « Behind the wheel and my pillow » (« entre les roues et mon oreiller »). L’âme divague, emportée par la nuit d’après-show.
Les histoires de Vitalic donnent un sens à sa musique. L’artiste ne se cantonne pas aux studios, ni aux machines. Le rapport humain l’inspire.
Il rencontre Charli Le Mindu lors d’une soirée à Paris. Artiste capillaire de métier, Charli se prête au rôle de Directeur Artistique lorsque Vitalic et lui décident de travailler ensemble sur l’identité visuelle de ‘Voyager’.
C’est lui, à l’origine des femmes nues et couvertes de paillettes de ‘Waiting for the Stars’ - morceau sur lequel David Shaw prête sa voix. Une collaboration folle, spontanée, dont le producteur s’amuse.
« S'il y a un an, on m’avait dit qu’il y aurait des filles nues et couvertes de paillettes dans un de mes clips, j’aurais dit que c’était pas possible. Et maintenant je suis complètement d’accord ».
L’acceptation. Une phase par laquelle le producteur a dû passer pour engendrer ‘Voyager’. Pour engendrer cet univers rétro-futuriste qu'il voulait aborder depuis longtemps. Le thème cosmique, les années 80 et les influences disco : beaucoup de Pascal est investi dans l’album. Des pièces longtemps passées sous silence, qui devaient être exprimées.
« J’ai tourné autour du pot mais au fond, j’avais envie de le faire cet album rétro-futuriste ».
L’idée du temps, de ne pas savoir quand les événements se sont produits. Voilà la notion phare de ‘Voyager’. Un album finalement osé parce qu’il est personnel. Un retour aux sources, guidé par ses envies. Pascal assume ses lubies. ‘Eternity’ en est le symbole même. Un orchestre synthétique en guise d’instrumental, une voix d’opéra. Depuis dix ans, l’idée taraudait l’esprit de Vitalic. En 2017, il l’a fait.
« C’est la quarantaine maintenant, je me sens libéré ».
Les notions d’âge et de temps ne sont finalement jamais loin. Maintenant que le chapitre disco a été abordé et conclu, l’artiste est déjà inspiré par une autre ère. ‘Voyager’ était un virage.
Un lendemain moins techno : plus punk, plus rock. Le synthé, un jour peut-être. Le retour en studio sera pour sûr différent. Mais Vitalic n’en est pas encore là et se concentre sur sa tournée et sur la scène qu’il chérit infiniment. Pour la suite, ce n’est qu’une question de temps.
Camille est rédactrice stagiaire à Mixmag France. Suivez-la sur Twitter.