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Working Week-Ends : Ryan Elliott

S'il a beau être un DJ incontournable, son ancienne vie en tant qu'employé de bureau pourrait être la clef de son succès

  • Texte : Nicolas Stecher | Photos : Juliana Bernstein
  • 25 March 2016
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Bien sûr, ce n’est pas comme si Elliott était un total inconnu en 2008. Il avait déjà des résidences mensuelles au Goodnight Gracie’s – aux côtés de Matthew Dear - rien que ça-, au Ann Arbor et à Shelter, Detroit. Il a joué franc jeu face aux 12 000 festivaliers au Sónar By Night avec son équipement Spectral Sound.

Ce n’est pas à cause de sa vie d'analyste financier qu’il a pu réussir en tant que DJ, mais ses expériences précédentes pourraient l’avoir aidé à devenir aussi bon dans son nouveau travail. Elliot incarne certains maîtres de la techno, et étend les clichés du cerveau gauche à des extrémités presque comiques. Ses compétences organisationnelles et l’attention qu’il porte aux détails sont étonnantes. Il avait l’habitude d'écrire ses sets sur des feuilles de calcul Excel, il coordonne les piles de vêtements de son placard en poids, en matière et en qualité (mais évidemment, pas par la couleur... la techno : « c’est presque toujours noir » s’amuse-t-il). La longueur de sa barbe est une forme d’art finement maîtrisée – il a toujours la même expression sur chaque photo. C’est un homme de précision. Et, paradoxalement, c’est cette précision, ce calibrage quasiment minuté qui fait de son travail de DJ un travail aussi exceptionnel « Je dirais que de me trouver loin des US, loin des entreprises depuis maintenant six ans a dopé mon côté artistique » dit Elliott en prenant une longue gorgée de sa pinte de Stella Artois en grattant son noir menton.

Un frisson le traverse, signe que la température baisse, pincé par l’air froid de décembre. « J’ai apprécié mon temps chez Ford, mais ce n’était pas ce à quoi j'étais dédié » ajoute-t-il avec un grand sourire. « Parfois, les lundis étaient durs, on va dire ça comme ça. »

À peine quatre heures plus tard, la scène a considérablement changé. Finis les grands palmiers emmitouflés dans les lumières de Noël, le lit de saphir étincelant qu’est la piscine du Roosevelt. Envolée aussi, la musique pop-jazz qui suinte des haut-parleurs de l’hôtel. À là place, une scène qui aurait pu être tirée de LA Friday night playbook.

Studieux, Elliott s’applique sur ses platines Technics 1200, tandis que devant lui, une fille fait de son mieux pour imiter Cléopâtre, offrant une éblouissante ondulation égyptienne dans une robe tube chatoyante. Derrière elle, 250 personnes se joignent à elle. Des hommes à la moustache délicatement ourlée et bien entretenue, le pantalons retroussé dévoilant de délicates chevilles parcourent l'espace sombre, alors que des filles emmitouflées dans de chauds manteaux en fourrure rose qui matchent avec leurs cheveux marchent en cercles. Dans l'obscurité, une douzaine d'hommes couronnés de buns rebondissent sur la musique, en totale synchro.


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