Cera Khin: “Lorsque je joue en France, je peux comprendre la foule, je sais exactement ce qu'elle veut”
Entre deux avions pour enflammer les clubs de ses sets, nous avons rencontré la sulfureuse DJ Tunisienne Cera Khin.
Cera Khin est aujourd’hui une des figures de proue de la techno hardcore Berlinoise. Et si elle s’est fait remarquer aux quatre coins du monde pour ses sets, toujours vertigineux, la jeune DJ et créatrice du Label LazyTapes s’est aussi engagée à lever le voile sur la question de la santé mentale dans le milieu de musique. À travers le compte instagram Techno Mental Health, elle donne des conseils pour mieux appréhender cette question essentielle mais souvent oubliée par les acteurs de la scène musicale internationale.
Elle sera accompagnée du pionnier de la house, Jack de Marseille et du DJ Berlinois Subjected le 22 avril 2022 au cabaret aléatoire pour notre événement Electronic Subculture.
Tu as grandi en Tunisie avant de déménager à Berlin, c'est d'ailleurs là que tu as commencé à mixer. Comment as-tu découvert la musique électronique ?
J'ai grandi en Tunisie, en écoutant beaucoup de musique et j'ai fini par écouter de la techno. C’est à ce moment que j’ai décidé de m'installer ici à Berlin pour découvrir la vrai "techo city". Quand je suis arrivée, j'étais d'abord une raver. J’allais dans les clubs tout le temps, découvrant le Berghain et l’éclectisme de sa programmation. Après quelques années de fête, j'ai essayé de faire ma propre musique au lieu de me contenter d'écouter celle des autres. Alors j'ai acheté beaucoup de vinyles et j'ai commencé à mixer. Au début j’ai eu la chance de faire quelques émissions de radio, puis j'ai posté certains de mes mix sur SoundCloud et ça a marché. Tout ça s’est fait très naturellement.
Tu arrives à créer des ambiances uniques et tes sets sont souvent assez envoûtants. Comment décrirais-tu tes influences ?
J’ai écouté beaucoup de musique hardcore britannique, de la musique française des années 90 et j’ai été bercée par les musique orientales. Je pense que toutes les phases de ma vie font partie intégrante de mes influences et de ce que vous pouvez trouver dans mes sets. Je suis aussi une très grande fan de David Lynch dans le domaine du cinéma. Tu peux trouver des aspects sombres de films d'horreur et psychologiques dans mes sets et aussi dans la musique que je fais. J'essaie donc de créer des liens entre toutes ces palettes pour qu’au final ce soit de la bonne techno.
Comment décrirais-tu ton rapport à la scène française ?
Comme j'ai grandi en Tunisie, le français fait aussi parti de ma culture. Je pense que c'est en partie pour cela que lorsque je joue en France, je peux facilement comprendre la foule, je sais exactement ce qu'elle veut.
J'ai lu dans un de tes posts sur Facebook que tu avais passé un diplôme d'hypnothérapeute, comment est-ce que tu t'es dirigé vers cette discipline ?
Pendant le confinement et avec la pandémie, tout le monde était stressé et il n'y avait pas d'endroit pour jouer de la musique. Il n'y avait pas de festival, pas de clubs. C'était important pour moi d'étudier cela à ce moment-là, c'était un outil qui me permettait de mieux comprendre le cerveau humain. Alors j'ai pris des cours en ligne et j'ai obtenu le diplôme, puis j'ai lancé le compte Instagram @technomentalhealth pour briser la stigmatisation de la santé mentale dans la scène de la musique électronique. Les gens ignorent souvent les problèmes de santé mentale, qui deviennent parfois un sujet tabou. Aujourd’hui, les choses changent donc de plus en plus de gens en parlent. Ils ont compris que la vulnérabilité n’était pas seulement une faiblesse.
D'autres projets en ligne de mire ?
Je travaille sur beaucoup de choses mais je ne veux pas trop en parler maintenant. Je fais beaucoup de tournées en ce moment donc je suis aussi très concentrée là-dessus. Et j'attends avec impatience mon concert à Marseille. Ce sera ma première fois ici donc je suis super excité. Ça va être incroyable, alors vous devriez venir, danser et raver.
Cera Khin sera présente au Cabaret Aléatoire le 22 avril. Pour plus d'informations rendez-vous sur l'event Facebook et pour réserver ta place, direction la billetterie.