Influences : la techno immatérielle et mystifiée de Marco Shuttle

Marco Shuttle, producteur allemand issu du milieu de la mode, a sorti son second album le 9 mai dernier. Intitulé 'Systhéma', ce nouvel opus techno est sorti sur le label de Donato Dozzy et de Neel, Spazio Disponibile.

Un univers obscur dépeint par l’ancien designer au gré de 8 tracks faites de claquements de basse ténébreux. Le tout sonne comme une mélodie - métallique et éthérée - et confirme le talent de Marco Shuttle pour les atmosphères planantes.

"J’avais entendu ce morceau à la télévision, avec toute la représentation dansante. Je n’étais alors qu’un enfant de 5 ans, peut-être 6. Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé l’immense impact que cette pièce a eu sur moi. Toute mon esthétique sonore est ce qu’elle est grâce à cette expérience auditive lointaine. Ça m'obsédait, et j’étais complètement fasciné à chaque fois que je pouvais voir le ballet à la télévision. L’incroyable progression de ce thème répétitif, la monotonie, la construction sans fin, l’exotisme, le ritualisme, la narration cinématographique, et puis le drame… Tous ces éléments sont ceux que je recherche dans la musique électronique - autant d’un point de vue de musico que de musicien.

Et comment ne pas parler de la danse, du ballet, dont les étapes ont quelque chose d’à la fois critique et sexuel. Je trouve cela à la fois complètement effrayant et dérangeant mais je suis à la fois totalement emporté.

Je pense que c’était pour moi la première fois que j’étais happé par la musique dans sa beauté répétitive. Dans un sens, je pense que c’était ma première rencontre avec la techno, et je continue aujourd’hui à regarder cette pièce comme un élément techno. Je pense d’ailleurs qu’il n’est pas si difficile de voir une connexion entre mes productions et cette pièce."

"Ce film n’a vraiment pas besoin d’être présenté à toute personne s’intéressant un peu au cinéma…La science-fi surréaliste à son apogée et un indiscutable joyau de l’histoire du cinéma.

J’ai décidé d’inclure ce film à ma sélection principalement pour ses fantastiques effets sonores bourdonnants finement généré par des synthétiseurs analogiques. Et aussi pour la magnifique soundtrack d’Edward Artemiev qui représente juste un superbe orchestre et une pièce maîtresse de la musique d’ambiance dans sa globalité.

Dès mes débuts en tant que styliste, j’ai été obsédé par la marque japonaise Comme des Garçons. Maintenant que j’ai quitté ce milieu et que je me consacre à 100% à la musique, Rei Kawakubo (celle à l’origine de CDG) reste un modèle pour son approche inflexible, fondamentaliste, extrême et individuelle ainsi que pour son esthétique visionnaire, ultra-moderne et ultra-cohérente.

C’est la seule styliste qui continue de me démanger et c’est la seule qui a été capable de mettre la mode au service de l’art contemporain (il y aura d’ailleurs bientôt une rétrospective complète de son travail au musée MOMA à New-York) tout en transmettant de sa folie dans ses produits. Elle est coiffée d’un carré qui ne l’a quittera jamais, elle ne parle pas et n’esquisse pas de sourire : pour moi c’est la « Aphex Twin » de la mode. Elle est très inspirante pour mon travail bien que nous ne soyons plus issus de la même branche.

Tout ce qu’elle fait repousse les limites… Mais en réalité, des limites, il n’y en a pas pour une femme comme celle-ci. Elle est capable de tout, et de toute façon ce sera toujours grandiose. J’aurais aimé être comme elle, mais c’est une déesse…

Ce bel avion spatial fut lancé en 1981 et on a malheureusement été congédié il n’y a pas si longtemps. C’est lui qui est à l’origine de mon nom d’artiste, alors je pense lui redevoir un certain hommage en tant qu’élément influent de ma carrière.

Il a bercé mon enfance et mon adolescence naissante, à l’époque de la télévision. C’est la plus grande icône visuelle de l’exploration spatiale, l’objet de mon esthétique artistique."

Pour écouter le nouvel album de Marco Shuttle «Systhéma», suivez le lien.

Camille est rédactrice stagiaire à Mixmag France. Suivez-la sur Twitter.