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En bref

Londres : ‘The Museum of Drug Policy’ soulève le débat sur la lutte antidrogue

Un concept initié en Avril 2016 à New-York et qui pourrait prochainement arriver en France

  • Camille-Léonor Darthout
  • 14 November 2017
Londres : ‘The Museum of Drug Policy’ soulève le débat sur la lutte antidrogue

Le constat est accablant : les campagnes de répression antidrogue menées par les gouvernements du monde entier ces quarante dernières années se sont avérées largement inefficaces. De par le monde, elles ont eu des effets dévastateurs sur les communautés et la dignité humaine. Des résultats qui ont incité l'ONU à inviter les États à « réexaminer les politiques et pratiques » l'an passé.

Aux États-Unis, qui comptent la plus importante population carcérale au monde, 48.6% des détenus sont emprisonnés pour des délits liées aux drogues. Principalement des afro-américains. Et ça n'a pas empêché le pays de connaître l'épidémie d'opioïdes la plus meurtrière de son histoire : 100 personnes perdent la vie chaque jour des suites d'une overdose. Leur nombre a triplé ces vingt dernières années. Des évolutions alarmantes au vu des moyens de prévention mis en place ces dernières années pour favoriser la prévention et les dépistages élaborés afin de protéger les consommateurs. La lutte acharnée contre les réseaux de narco-trafiquants initiée en 1969 par le président Richard Nixon pour stopper les flux de drogues en provenance du Mexique a largement échoué. Une grande partie des arrestations sont jugées racistes : une personne noire interpellée pour possession de drogue a aujourd’hui cinq fois plus de chances d’être condamnée qu’une personne blanche. Des résultats désolants, car les moyens financiers considérables déployés pour la lutte antidrogue n’ont en rien freiné la consommation de stupéfiants à travers le monde.

En réaction à ce combat vieux de plusieurs décennies, l’organisation anglaise Release a mis en place du 3 au 5 novembre une exposition temporaire intitulée The Museum of Drug Policy soit "Le musée de la lutte antidrogue", afin de sensibiliser le public aux impacts sociaux de la criminalisation sur différentes communautés de part et d’autre de la planète. L’exposition va de continent en continent, à travers les âges et met en lumière les évolutions majeures et le coût humain considérable des politiques de coertion. Une initiative jamais vue en France mais qui pourrait inspirer quelques associations et organisations.

Parmi les travaux exposés, la série de documents Waiting Girls de Sadegh Souri, qui met en avant le sort de jeunes femmes iraniennes, emprisonnées pour des infractions liées à la drogue et quoi doivent désormais attendre leur majorité pour être exécutées. L’artiste Jesse Krimes, emprisonné 70 mois pour possession de cocaïne et intention de vente, a assemblé depuis sa cellule une pièce murale de 39 éléments faites de draps de lit, gel capillaire, pages du New-York Times et autres instruments de fortune que sa petite-amie lui procurait secrètement. Une fois libéré, l’oeuvre de 30 mètres de long a été exposée dans un musée conceptuel et Krimes s’est vu retirer son visa de visite britannique.

Niamh Eastwood, directeur exécutif de l’organisation Release, déplore au travers de cette exposition l'inefficacité des moyens déployés et leurs problèmes moraux :

« Les morts liées à la drogue dans le pays atteignent des records jamais atteints, et des milliers de personnes qui consomment de la drogue sont incriminées au lieu de recevoir l’aide dont elles ont besoin. Le musée est une excellente opportunité pour soulever le débat : utiliser l’art pour mettre en lumière la relation entre lutte anti-drogue et les problèmes du contrôle social, en particulier entre classes et ethnies, sur lesquelles le gouvernement refuse de s’exprimer .»


Crédits :

Photo : Medicine Man, Daniel Goldstein photography Megan Taylor for the Open Society Foundations

@CamilleLéonor

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