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Nantes: La charge policière sur une soirée techno pousse 14 personnes dans la Loire, une est portée disparue

Une enquête a été ouverte par le parquet de Nantes

  • Marie Dapoigny
  • 25 June 2019
Nantes: La charge policière sur une soirée techno pousse 14 personnes dans la Loire, une est portée disparue

Le bilan est désastreux : 14 personnes tombées dans la Loire, un homme de 24 ans toujours porté disparu. Dans la nuit de vendredi à samedi 22 juin quai Wilson à Nantes, une violente charge de policiers a mis un terme à une soirée techno organisée pour la fête de la musique à Nantes, un épisode de violence et une bousculade qui ont poussé 14 personnes à se jeter dans la Loire. Un des fêtards est toujours porté disparu.

L’intervention policière a lieu vers 4 heures du matin : les policiers sur place ont demandé l’arrêt de la musique selon l’horaire prévu par la préfecture. Les sound systems du quai Président-Wilson se plient à la règle, à l’exception d’un DJ, qui aurait décidé de passer un dernier morceau pour clôturer la soirée selon CheckNews, le service de fact-checking de Libération. Un organisateur du collectif des Alberto Tek raconte au média: « Le dernier soundsystem a décidé de relancer le son, ce qui a énervé la police, qui était juste à côté, et remotivé au moins trois cent personnes à se rebeller contre les forces de l’ordre ».

À partir de là, la confrontation dégénère. Une vidéo tournée vers 5 heures du matin montre un nuage de lacrymo et plusieurs véhicules de police. Une compilation de vidéo postée dimanche sur la page Facebook Nantes Révoltée apporte des éléments d’information supplémentaires : chiens, coups de matraque, sprays et grenades lacrymogènes sont utilisés et une personne (au moins) est frappée à terre. CheckNews a également recueillis plusieurs témoignages faisant état de tirs de LBD.

C’est la débandade. Et le quai Wilson est dépourvu de garde-corps. « Il y avait des gens qui couraient dans tous les sens pour échapper aux lacrymos, a confié Aliyal, étudiante, au Monde. J’ai vu des personnes tomber à l’eau qui criaient pour que les bateaux de secours viennent les chercher. »

« Il y a eu disproportion de la réponse, elle ajoute. Charger comme ça sur un lieu aussi risqué, à presque 5 heures du matin, alors qu’il y a des gens bourrés et d’autres qui ont peut-être pris des substances, ça relève de la mise en danger ».

Selon la préfecture, onze individus ont été secourus par les pompiers et la Sécurité nautique Atlantique, trois autres ont pu regagner la terre terme par des échelles le long du quai. Mais un jeune homme de 24 ans, Steve Maia Caniço, est toujours porté disparu. Les patrouilles ont sillonné la Loire jusqu’à 8 heures du matin pour tenter de le retrouver. De nouvelles recherches ont été lancées depuis, sans succès.

Les services de l’Etat dans le département ont depuis admis un « contact un peu violent », de la compagnie départementale d’intervention (CDI) qu’ils justifient comme normal lors d’une « opération de rétablissement de l’ordre ». Le préfet de Loire-Atlantique et des Pays de la Loire, Claude d’Harcourt, a demandé l'intervention du ministre de l’intérieur Christophe Castaner. L’IGPN – la police des polices – a ainsi été saisie du dossier. Une enquête a été ouverte par Pierre Sennès, procureur de Nantes, pour disparition inquiétante. Plusieurs participants ont également affirmé vouloir porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui.

Lors des précédentes éditions, les sound systems avaient pris place sur l’île de Nantes, un lieu que certains témoins ont jugé plus sûr. La préfecture défend que la responsabilité de l’organisation de la fête de la musique incombe à la ville. Nantes déclare quant à elle que les sound systems présents sur place n’avaient pas fait l’objet d’autorisation au sein du périmètre prévu : « Là où elle était déployée, la free party relevait du ressort de l’Etat. »

Cette année, l’ONU a épinglé la France pour les violences policières recensées notamment lors des manifestations des gilets jaunes, un rappel à l’ordre qui a également visé le Soudan, le Zimbabwe et Haiti. Son communiqué, publié en février 2019, cite un groupe d’expert des droits de l’homme : « les autorités devraient repenser leurs politiques en matière de maintien de l'ordre pour garantir l'exercice des libertés ». Dans une résolution votée la même semaine par 438 voix pour, 78 contre et 87 abstentions, les députés européens avaient aussi « dénoncé le recours à des interventions violentes et disproportionnées de la part des autorités publiques lors de protestations et de manifestations pacifiques ».

@MarieDapoigny

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