Quand le rap français fait entendre sa voix
NTM, IAM, Nekfeu ou Médine
Début juin, le magazine britannique The Guardian s'est intéressé au rap français et à sa lutte contre l'extrême droite. Marine Le Pen et son père sont deux personnes que les rappeurs adorent détester. Les paroles de l'une des dernières chansons de Kalash expriment d'ailleurs cette haine contre la famille Le Pen : "J'emmerde Jean-Marie et sa fille l'orang outan". Lors des Victoires de La Musique en février dernier, Nekfeu a électrisé la scène avec sa chanson 'On Verra' et a ajouté "Prenez Marine Le Pen et libérez Moussa". Depuis le 22 décembre, un humanitaire français du nom de Moussa Ibn Yacoub est incarcéré au Bengladesh pour "activités suspectes" alors qu'il était parti venir en aide aux Rohingya, une minorité musulmane persécutée en Asie du Sud Est.
Si les rappeurs français actuels s'engagent contre l'extrême droite et la famille Le Pen, leurs prédécesseurs avaient déjà souhaité faire passer des messages profonds à travers les paroles de leur chansons, quelques années auparavant. En 1989, des groupes comme NTM et IAM évoquent les violences policières, leur identité au sein de la société et la vie en Seine-Saint-Denis ou à Marseille. Aujourd'hui, cette seconde génération de rappeurs semble vouloir suivre le pas en évoquant les problèmes sociaux qui ont rongé leurs parents, la vie dans les banlieues, le racisme et la pauvreté, mais aussi les attentats terroristes qui ont été perpétrés en novembre dernier à Paris.
Dans son dernier album, Médine évoque l'hypocrisie de la laïcité en France avec sa chanson 'Don't Laïk'. Il confiera également aux Inrocks que "La laïcité est instrumentalisée pour diaboliser l'islam". En 2012, Booba sort l'album 'Futur' et fait référence au racisme et aux "galères" avant de décrire son enfance à Libération : "L’enfer. La vraie prise de conscience du racisme, des discriminations au quotidien. Je ne fréquentais que des Arabes et on nous prenait pour des sauvages." Autre exemple : Youssoupha, qui ne souhaite pas être vu comme un rappeur "conscient" mais qui fait passer ses messages à travers des vidéos ou des images. Dans sa vidéo avec L'Entourage, il porte d'ailleurs un sweat où il est écrit "I can't breathe", faisant référence aux derniers mots d'Eric Garner, mort en 2014 après avoir subi un "chokehold" (technique d'étranglement interdite) de la part d'un officier de police New-Yorkais.
Si les rappeurs français ne sont pas toujours reconnus par les médias français, ils restent les seuls à dire tout haut ce que les minorités n'ont pas le pouvoir de rappeler
[Via : The Guardian]