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En bref

Pourquoi ​Resident Advisor met fin à son classement de DJs

Une initiative qui s'est éloignée de sa vocation première

  • Camille-Léonor Darthout
  • 23 November 2017
Pourquoi ​Resident Advisor met fin à son classement de DJs

Dans un article d’opinion publié mercredi 22 septembre, l’équipe de Resident Advisor a annoncé à ses lecteurs mettre un terme à son légendaire classement annuel DJs en détaillant la prise de conscience qui a précédé cette décision.

Lorsqu’en 2006 Resident Advisor organise son premier classement, Michael Mayer, Ricardo Villalobos et Richie Hawtin sont en tête. Bien que leur talent ne soit pas remis en question, ces trois là n’ont plus rien à prouver, ce podium est et restera l’illustration même du problème auquel est aujourd’hui confronté la publication. Trois hommes, trois blancs, tous hétérosexuels, en bref : des artistes qui ne représentent qu’une partie de l’immense sphère club et underground. Il ignore largement les communautés LGBTQ et afro-américaines qui ont porté ce mouvement dès ses débuts à Détroit, New-York ou encore Chicago plusieurs décennies auparavant.

Pire encore, le classement devient peu à peu la marotte de l'industrie, des bookers aux attachés de presse en passant par les organisateurs : pour un artiste, une bonne position sur le classement ou une progression importante d'une année sur l'autre devient un argument de vente, qui fait et défait des carrières.

Le classement Resident Advisor est pourtant bien né de l’envie de rendre justice à ceux qui ne sont pas assez répertoriés dans le milieu. Soumis à partir de 2008 aux votes des internautes, année après année les podiums restent cependant détenus par des artistes de même catégorie : Tale of US, Solomun, Dixon, Maceo Plex ou encore Jackmaster. Systématiquement des hommes blancs cisgenres et hétérosexuels.

« Lorsque nos classements ont débuté, c’était pour documenter ce que nous pensions être une carence dans l’industrie. Les autres magazines faisaient des choses similaires depuis des années, de Mixmag à DJ Mag en passant par Pitchfork, mais aucun ne semblait couvrir la musique devenue une vocation pour RA, à savoir le vaste tier restant de la musique électronique dite ‘underground’, faute d’une meilleure expression, regroupant DJs, producteurs, clubs et labels qui font des choses superbes mais qui en dépit de leur succès et du culte qui leur est voué, ne sont pas reconnus à leur juste valeur dans les autres classements.»

Partant du constat que le classement RA ne sert plus sa cause première, qui était de représenter l'ensemble des artistes les plus méritants, c’est ainsi que le webzine met un terme à son répertoire des meilleurs DJs en concluant : « C’est un monde que nous aimons et que nous respections, que nous voulons traiter avec amour et respect. En partant de ce point, en finir avec les classements nous semble le meilleur moyen d’y parvenir ».

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