Subjected : "La pandémie a été une libération pour moi, la techno ne pouvait plus évoluer ainsi"
Le Dj/producteur berlinois et sa vision du paysage musical actuel
Près de trois ans après la sortie de l’énigmatique Opera Scenes (2019), rencontre avec Subjected, DJ et producteur Berlinois.
Subjected (alias Martin Schulz), c’est le DJ Berlinois qui a écumé les pistes des clubs avant d’en prendre le contrôle. Lors de ses sets remarqués, de Melbourne à Brooklyn, il distille une techno minimale aux accents groovy. Dans cette interview, il livre les conseils qu’il aurait aimé entendre à ses débuts et sa vision de la musique pour l’avenir.
Il sera accompagné de la sulfureuse Cera Khin et du pionnier de la house, Jack de Marseille le 22 avril 2022 au cabaret aléatoire pour notre événement Electronic Subculture.
Tu as grandi à Berlin, c'est d'ailleurs là que tu as commencé à mixer, très jeune. Comment as-tu découvert la musique électronique ?
Un samedi soir, je devais avoir 13 ou 14 ans et mon oncle m'avait emmené à la gare. Sur le chemin nous avions écouté un live de Marusha à la radio et j'ai dit à mes parents : "Aujourd'hui, je veux aller dans les clubs, je veux danser sur cette musique”. Je pense que c'était mon premier contact avec la techno, j’avais vraiment été frappé par l’énergie que ça dégageait. Plus tard, je suis sorti avec des amis qui m'ont emmené au Matrix club et au Tresor, c’est ainsi que j'ai été initié à la musique électronique.
À quoi ressemblaient tes débuts en tant que DJ ?
C'était très simple, je suis sortie en club !
Au collège, j'ai fait un peu de hip-hop, j'étais MC mais je n'étais pas très bon. Alors un de mes amis m'a emmené dans des clubs. Un jour, nous étions à une fête, défoncés au LSD, on était au milieu de la foule et on a vu Mister X & Mister Y. Il y avait tellement de monde, ils ne pouvaient pas faire de bonnes transitions. Et j'ai dit à mon ami : “Mec, on peut faire ça en beaucoup mieux”. La semaine suivante, un ami m'a montré quelques techniques et ma carrière en tant que DJ a commencé en 2001.
Comment décrirais-tu l'évolution de ton style musical ?
Quand tu commences, tu ne sais pas vraiment ce que tu veux jouer. Tu vas en club, tu écoutes la musique et tu te dis “c’est le set que j’aimerais pouvoir jouer”. Au début, j’étais vraiment dans le truc techno-électro. Puis la musique a évolué vers quelque chose de plus minimal. C'est là que j'ai commencé vers 2005, je jouais régulièrement dans des clubs et il y avait une grosse hype autour de ça. À cette époque, j'allais souvent au Berghain et il y avait un nouveau truc de “techno pumpy”. J'ai réalisé que c'était la musique que j'écoutais avant, quand j'étais gamin dans la voiture. À ce moment-là, j'ai quitté cette mauvaise musique minimale et je me suis dit que je devais faire mon propre voyage, alors j’ai créé mon propre label.
As-tu l'impression que la scène techno a beaucoup évolué depuis que tu l’as intégrée ?
Avec la pandémie, quand tout a dû s'arrêter, ça a été un peu une libération pour moi. La techno ne pouvait plus évoluer ainsi. Nous étions tous dans cette cage où chacun devait jouer de la techno un peu hard pour être aimé. Pour moi, ça n'évoluait pas de la bonne manière, j’avais plus envie de revenir aux racines de la techno.
Quel serait le meilleur conseil que tu donnerais si tu pouvais parler au jeune DJ que tu étais il y a 20 ans ?
Pour moi, le meilleur conseil serait "fais tes propres trucs". Et sois toi-même aussi.
Ton meilleur souvenir de Live ?
J'ai eu tellement de bons moments, dans beaucoup de pays différents. J'ai joué dans un très petit club à Melbourne que j'ai beaucoup aimé. J’ai aussi joué dans un entrepôt à Williamsburg (Brooklyn). Après mon set, j’étais allé dans la foule pour partager cet état d’extase avec tout le monde.
Comment as-tu envie d’orienter ta musique pour l'avenir ? Tu as des projets dans les tuyaux ?
Aujourd’hui j'ai plus de temps pour me concentrer sur la musique, donc je vais faire plus de musique ambiante et générative. Cette musique qui sort de mon cœur. Avant la pandémie, quand j'ai sorti mon deuxième album, je me suis dit que j'allais introduire la notion de “post-industrie” dans ma musique. Je produirais une techno plus groovy et excentrique qui n'est plus liée à ce style industriel hardcore à la mode.
Un mot pour la fin ?
Je suis très excité à l'idée de venir pour la troisième fois à Marseille, j’aime vraiment cette ville !
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