75 flyers de raves d’antan issus de la plus grande archive de flyers au monde
The Rave Preservation Project commémore l’histoire de la rave
Appelez ça de l’obsession ou de la fascination – la recherche des images archives et des aperçus des moments les plus importants des heures de gloire des raves underground des années 90 est une passion partagée par plus d’un fan de musique électronique. Qu’il s’agisse de revisiter les temps forts de la culture soundsystem ou de regarder en arrière pour comprendre l’histoire de la dance music, la curiosité pour les souvenirs de rave old school est bien présente.
Le flyer de rave est sans doute le medium le plus emblématique des débuts de la musique électronique. Aux premières heures de la dance music, les flyers exprimaient un style artistique unique qui laisse à voir la lutte, l’esprit DIY et l’harmonie de cette culture alternative dans ses différents foyers d’expansion à travers le monde.
Ces prospectus mystérieux, tracts, posters, brochures et stickers sont devenus les reliques précieuses de la scène dance music – les pièces d’un puzzle bariolé qui titille l’imagination et amorce des histoires émouvantes d’influence musicale et d’hédonisme. Qu’ils aient créé des designs kaléidoscopiques originaux ou éhontément pompé des logos commerciaux, les artistes derrière ces flyers sont parvenus à capturer la passion et l’identité de scènes locales variées.
La plus grande archive personnelle de flyers de rave au monde se trouve bien cachée dans les montagnes de l’Oregon, sous l’aile d’un homme nommé Matthew Johnson. Lorsqu’il a lancé The Rave Preservation Project en 2018, Johnson avait déjà amassé quelques 40 000 souvenirs de rave du milieu des années 80, 90 et début des années 2000. En comptant les copies, son archive compte plus de 250 000 objets. « Très tôt, j’ai décidé et affirmé que je n’étais pas un collectionneur », a-t-il dit à Mixmag. « J’évoquais le rôle de l’archiviste et le but était et sera toujours de protéger et préserver les documents de l’archive ».
Pour Johnson, la tâche ardue d’organiser, digitaliser et préserver correctement ces pièces de l’histoire de la musique – toutes stockées dans un environnement à l'atmosphère contrôlée – a commencé comme une ode à sa famille de copains de rave de la baie de San Francisco. « Je fais tout ça pour rendre quelque chose à la scène qui m’a tellement apporté au fil des ans, tant en terme d’amitiés que d’éveil spirituel », il explique. « Je crois que cet amour perdure dans les souvenirs et je me suis donné la tâche de le préserver ».
Le site web a commencé comme une base de données pour sa collection personnelle de flyers – un outil qu’il pourrait utiliser pour se rappeler du « bon vieux temps » de la scène underground californienne avec ses amis. Peu après son lancement, ses amis ont commencé à demander s’ils pourraient faire don de leurs souvenirs au site, le projet prend alors une nouvelle dimension.
Pour pouvoir « rester fidèle à l’ethos underground originel », The Rave Preservation Project n’accepte que les contributions papier et aucune transaction financière pour ses pièces. Peu à peu, les dons du monde entier ont commencé à affluer. Son site compte plus de 2400 galeries avec des flyers de 23 pays – tous ont été méticuleusement organisés par événement, pays, état ou région et par ville.
« Les souvenirs sont un rappel qu’on devrait apprécier la vie, chérir ceux qui comptent, donner plus qu’on reçoit, toujours grandir, devenir une meilleure personne et laisser chaque endroit dans un meilleur état que celui dans lequel on l'a trouvé », affirme Johnson. Objet de commémoration pour certains et source d’inspiration pour d’autres, la magie fermement ancrée qui vit dans les flyers de soirées est quelque chose que The Rave Preservation Project entend bien partager et protéger. « Une petite chose comme un flyer qui a peut être amené quelqu’un à découvrir un événement empli d’énergie positive vaut bien qu’on le préserve ».
Retrouvez le site web ici.
Nous avons choisi 75 de nos flyers préférés, issus de 5 pays listés par l’énorme archive de The Rave Preservation Project. Retrouvez-les ci-dessous.
UK flyers
Après le Second Summer of Love au Royaume-Uni, la scène rave britannique s’était transformé en une vague d’hédonisme et d’amour irrépressible que les autorités avaient bien du mal à maîtriser. Les énormes soirées organisées par les crews Fantasia, Universe, N.A.S.A (Nice And Safe Attitude), Raindance et Amnesia House ouvraient sur des festivités non-stop qui attiraient parfois plus de 30 000 participants.
Au début des années 90, la scène a commencé à se transformer peu à peu, les autorités locales passant des arrêtés municipaux et augmentant les coûts en vue d’empêcher les organisations d’obtenir les licences nécessaires. Au milieu des années 90, la scène s’était fragmentée en différents genres de dance music, chacun développant son esthétique et ses designs propres à captiver l’imagination de leur audience. Ces flyers montrent la palette colorée d’une scène électronique britannique provocatrice et en pleine effervescence, dont la vitalité n’a guère changé depuis.
US flyers
Alors que les échanges culturels entre le Royaume-Uni et les USA s’intensifiaient à la fin des années 80 et au début des années 90, la rave culture britannique s’est frayé un chemin pour se répandre dans les villes de l’autre côté de l’Atlantique. Des mythiques raves Toontowns de San Francisco aux Storm Raves de Frankie Bones à New York, les métropoles américaines commencent à développer leur énergie et vision propres qui fonderont les bases de leurs scènes locales.
Le flyer devient alors un outil de recrutement pour inviter les gens à rejoindre la folie ambiante. Mélangeant l’idée du sampling avec la culture consumériste américaine, bon nombre de ces flyers copiaient le design de produits, de logos de grandes entreprises et de publicités pour les réinventer en outils de promotion. Dans le documentaire ‘Better Living Through Circuitry’, un graphiste note que son style était une manière d’« émasculer » le pouvoir des produits sur les consommateurs.
Allemagne
Après la réunification de l’Allemagne, la musique électronique a joué un rôle majeur dans le rétablissement de liens sociaux entre la jeunesse de l’ancien bloc de l’Ouest et celle du bloc de l’Est. La chute du mur de Berlin s’est suivie d’une explosion de soirées techno underground à Berlin Est et bientôt, la ville allait donner forme à sa célèbre scène rave.
Alors que les tendances musicales de l’Allemagne commençaient à s’éloigner de la house au profit de la techno et de l’EBM, les flyers étaient conçus pour rappeler les sons industriels agressifs qui se diffusaient dans tout le pays.
Canada
De Marcus Visionary à Plastikman, la scène underground hyper dynamique du Canada a fait des émules depuis que la techno a franchi la frontière entre détroit et la ville de Windsor en Ontario.
La scène rave de Toronto était dominée par des évents comme les soirées happy hardcore de Hullabaloo et du Free Space Collective – une rave fière d’investir les endroits les plus abandonnés et clandestins de la ville. De l’autre côté du pays, pléthore de grands DJs de la côte Ouest montaient jusqu’à Vancouver pour jouer dans les soirées wild et imprévisibles dans des lieux réputés comme Graceland. D’un style direct, puissant et graphique, les flyers old school du Canada ont la capacité de retenir l’attention de n’importe quel fan de musique électronique.
Australie
Les raves australiennes ont débuté dans les années 80 et se sont prolongées jusqu’à la fin des années 90. Similaires à leurs homologues des États-Unis et du Royaume-Uni, les raves australiennes étaient majoritairement illégales et avaient lieu dans des zones industrielles, des entrepôts, des usines et des salles d’exposition.
Sans oublier les banlieues ; des stades de basket aux gares ferroviaires en passant par les tentes de cirques, les organisateurs rivalisaient d’ingéniosité. À Sydney, la fête s’installait souvent en extérieur dans des lieux comme le Sydney Park, des décharges dans le Sud Ouest de la ville, Cataract Park et autres terrains vagues. Les raves mettaient l’accent sur les liens entre l’homme et la nature, un thème souvent dépeint par les flyers australiens hyper colorés des années 90.