Au cœur de Bogota, techno, salsa et bass culture latine font bon ménage
Le joyeux désordre des afters-hours colombiennes offre un melting-pot culturel d’une diversité rare
Avant l’ouverture du Video Club en 2016, Mansvr a passé trois ans à organiser des soirées illégales dans un vieux squat délabré avec Saga Uno, membre du collectif de graff mexico-colombien Animal Power Culture. « On les appelait les soirées Bello Room, qu’on pourrait traduire par ‘chambre à merde’ - un clin d’œil au concept Boiler Room, parce que l’immeuble tombait en ruine », s’amuse Mansvr. « Saga Uno était super pointu en hip hop et j’étais bien versé dans l’electronica, alors au début on a commencé à organiser des soirées 50-50 - moitié electronica, moitié rap. » À ce moment-là, les styles traditionnels de Colombie redevenaient à la mode. Des selectors et collectionneurs de vieux titres comme Mario Galeano avaient le vent en poupe et des figures comme les DJs de Tru Thoughts et le producteur Quantic, installé en Colombie en 2007, s’intéressaient à la scène. « À la fin, nos soirées Bello Room passaient un peu de tout. » se souvient Mansvr. « Calypso, cumbria, champeta, old-school reggaeton, salsa, techno. La variété et le lieu ont attiré à la fois les fils à papa et les mecs du ghetto - un vrai mix. C’était une dynamique unique à l’époque. »
Depuis la fin des années 90 à Bogota, tout un éventail de producteurs et d’artistes live s'est nourri de l’incroyable patchwork d’influences à l’œuvre dans la métropole et l’a utilisé pour créer de nouveaux sons électroniques. Parmi eux, des pionniers électroniques amateurs de vibes tropicales comme les explorateurs de sons dub Cero39, des groupes comme Bomba Estereo, Choc Qui Town et Systema Solar qui ont tous combiné leurs influences de diverses régions de Colombie avec des éléments électroniques de l’Occident pour percer en Amérique Latine.
Suite ci-dessous.