Des platines de l'Haçienda aux tapis de yoga
DJ ou prof de yoga, Matt Ryan ne fait jamais les choses à moitié
Don’t stop the dance
En rentrant, il doit décider de son avenir. Un choix aisé, assure-t-il : « L’idée de retourner à cette vie qui m’avait causé tant de problèmes était inconcevable. Donc j’ai décidé de devenir professeur de yoga. Parce que c’était la seule chose que je pouvais faire. » Paradoxalement, c’est son expérience dans le monde de la nuit qui l’aide à percer rapidement dans sa nouvelle profession. « Promouvoir des soirées ou des séances de yoga, c’était un peu pareil », ricane-t-il. Plus difficile est de faire comprendre à son entourage son nouveau hobby. « Tous mes potes du milieu me disaient : ’qu’est ce que tu branles avec ton yoga, putain ?’ Ils ne comprenaient pas. Mais les potes que j’ai perdus, je n’en n’étais pas assez proche pour qu’ils sachent à quel point j’allais mal. Mes vrais amis savaient. Et me supportaient. Même si, eux aussi, avaient du mal à comprendre. » Puis, avec le temps, tout s’arrange. Les contemporains de Matt finissent également par freiner sur les excès. Jusqu’à ce que certains de ses anciens copains de soirée finissent par s’intéresser à sa profession. Parmi les plus célèbres, Matt cite Mani, bassiste des Stone Roses qui assiste à des cours et l’invite chez lui, pour des séances privées. L’ex-DJ considère que beaucoup « viennent au yoga car ils comprennent que cela aide à trouver une équilibre. »
La recherche de l’équilibre qu’il a aussi enseignée au comédien britannique Russell Brand, est la véritable nouvelle drogue de Matt Ryan. Un objectif qu’il semble avoir atteint. À la fin de ses années de DJ, Matt évite carrément d’écouter de la House, qui représente « ses jours sombres » et lui préfère le blues, le jazz, la northern soul. Bien mieux dans sa tête, en 2012, il est enfin prêt pour mixer à nouveau. Un retour aux sources qui se déroule chez lui, à Manchester, à la Kraak Gallery. « C’était fantastique, se souvient-il, extatique. Des vraies platines, à l’ancienne. Ressentir le beat, le sol qui tremble. Ça me transporte dans un endroit incroyable. Comme si j’étais sous drogues, sans l’être. » Si Matt est sobre depuis 18 ans, il tient à préciser : il n’est en rien un repenti qui croit savoir ce qui est mieux pour les autres. Si, pour lui, drogues et yoga sont incompatibles, il ne souhaite pas généraliser. « Si tu arrives à trouver la voie du milieu, celle que prêche Bouddha, pourquoi pas », lance-t-il, avant de conclure : « Une fois à fond dans le yoga, je n’avais même plus envie d’un fish and chips. Donc si le yoga a une place importante dans ta vie, tu auras forcément moins envie de prendre de la drogue. Mais pas d’arrêter la fête !»
Thomas est journaliste freelance. Retrouvez le sur Twitter.