Menu
Home Latest News Menu
Blog

10 grands moments électroniques des 30 éditions du Dour festival

Rencontre avec Alex Stevens, programmateur du festival

  • La Rédaction
  • 14 June 2018

La scène musicale belge a le vent en poupe. Alors que sa scène techno a récemment révélé deux jeunes DJs hyper cotées - Amelie Lens et Charlotte De Witte - le rap belge a fait une entrée fracassante dans les charts avec la sortie des albums de Roméo Elvis x Le Motel, Damso, Caballero & JeanJass et Swing. Les festivals et événements belges connaissent une recrudescence auprès du public européen et c’est dans ce contexte que le plus grand événement musical et touristique de Belgique, Dour festival, a explosé ses records d’entrée en 2017 avec plus de 242 000 festivaliers sur 5 jours.

Pour sa 30e édition cette année, Dour a dévoilé une programmation ahurissante où la musique électronique est représentée sous toutes ses coutures, de la drum’n’bass à la house en passant par la techno et l’afro-punk. En attendant l'événement qui prendra place du 11 au 15 juillet prochain, son programmateur Alex Stevens partage 10 moments clés de la programmation électronique du Dour festival. Séquence souvenirs.


1 1997 : La techno débarque à Dour avec Dave Clark et CJ Bolland

1997 - C’était les premières soirées techno à Dour où un jour était ajouté à cette époque-là, une soirée d’ouverture, une soirée de fête autour des musiques électroniques, c’était une des premières fois que la techno arrivait en tout cas en Belgique, en partenariat avec le Fuse, mythique discothèque bruxelloise. Et cette année-là, il y avait Dave Clark et CJ Bolland et je ne sais pas pourquoi, mais ça avait été mixé avec un défilé de mode, donc il y avait un catwalk en même que le set de CJ Bolland. (Rires)

2 1999 : La minimal à Dour pour la première fois

1999 - ce sont les premières apparitions de musiques à la fois minimales mais aussi plus expérimentales, avec de la techno, déjà avec Plastikman et Luke Slater. C’était un tournant aussi dans l’histoire parce qu’on a gardé cette fibre là pour la suite.

3 2000 : La drum'n'bass s'offre une place de choix

2000 - c’est le début aussi de la scène drum’n’bass à Dour avec Grooverider, qui était venu pour la première fois cette année-là, et on garde cette scène depuis cette époque… Quelle que soit la mode autour de la drum’n’bass, on a toujours gardé une scène consacrée à ça, une scène en ouverture. C’est encore le cas cette année, donc le jeudi qui est « le premier vrai jour » du festival, même si on ouvre le mercredi, d’avoir toujours ce plateau de drum’n’bass. Ça fait 18 ans maintenant.

4 2004 : Soulwax sur la Grande Scène

Et puis il y a aussi eu le premier set de deux gars de Gand, qui sont les frères Dewaele, qu’on connaît mieux maintenant sous 2 Many DJ’s ou Soulwax et qui avaient demandé à l’époque « bah voilà on a peu de disques est-ce qu’on peut venir en mettre ?». Et ils étaient venus faire leurs premiers sets sous le nom de The Fucking Dewaele Brothers. Puis je pense qu’ils ont eu des problèmes avec le nom « Fucking » - c’est devenu les Flying Dewaele Brothers.

Après, ils sont devenus 2 Many DJ’s : il faut savoir que depuis lors, on reste aussi en lien avec eux parce qu’ils sont venus 5 années d’affilées je pense, entre 2000 et 2004 et ils ont notamment terminé la Grande scène en 2004 avec James Murphy de LCD soundsystem. En fait, la météo était vraiment dingue en 2004 et ils jouaient le dimanche, dans un chapiteau, je crois que c’était le Dancehall et là on eu l’idée de passer 2Many DJ’s en clôture de la grande scène.

Ça n’avait jamais été fait de mettre des DJs là, mais là il faisait beau il y avait du monde on sentait que les gens avaient envie, parlaient et qu’ils voulaient voir 2Many DJs, il y avait vraiment un buzz autour de ça. James Murphy les a rejoint donc ça distingue les Deweale, ça a vraiment créé un moment fort cette année-là. D’ailleurs les Dewaele viennent présenter leur label Deewee cette année, donc on leur consacre une nuit dans le Labo en ouverture.

5 ​2005 : Mike Patton joue du Amon Tobin

Un moment marquant : Mike Patton (lead singer de Faith No More, ndlr) qui a joué Amon Tobin sur scène. Amon Tobin clôturait la scène et à un moment donné, on n'a pas compris pourquoi, Mike Patton qui est un habitué du festival est venu faire une reprise du groupe de metal Slayer.

Je crois que c’est resté gravé dans la mémoire de beaucoup de monde, personne ne s’attendait à ça. Et la première de Vitalic aussi en 2005, chapiteau, tente bondée, Vitalic qui envoie la sauce sur son album mythique.

6 2007 : Premier gros sold out avec Autechre, Vitalic et Ed Banger

Pour moi autre moment fort, c’est 2007. Une année qui a cartonnée on a eu un boom sur les ventes, on a eu plusieurs dizaines de milliers de personnes qui sont venues en plus et premier gros sold out en avance, on a dû arrêter les ventes 1 semaine à l’avance. Le samedi, pour donner un peu l’état de la situation (rires), on avait Autechre, Justice et Vitalic qui jouaient au même moment dans trois chapiteaux. Justice qui étaient là avec tout Ed Banger, avec DJ Mehdi, avec SebastiAn, avec Busy P, tandis que Autechre faisaient leur set dans le noir, ils voulaient qu’on éteigne toutes les lumières, moment également super dark, super intense, et puis Vitalic de l’autre côté, on s’en souvient bien.

7 2009 : Aphex Twin en 5.1 pour la clotûre du festival

2009 - on a fait la même avec Diplo & friends, cette fois-ci. Quand on regarde le line-up il y avait Rusko, Diplo, Masterkraft sur la même scène, donc quand on regarde dans le rétroviseur, on se dit que c’était un peu incroyable d’avoir tout cela sur une même nuit.

La même année, on a clôturé le festival avec Aphex Twin et Florian Hecker sur un show en 5.1. Là on avait rajouté des enceintes tout autour, tournées vers le public et Hecker était à la console et faisait circuler du son produit par Aphex Twin sur la scène : on était au cœur du cyclone, c’était assez exceptionnel.

8 2011 : La musique électronique obtient sa propre scène

2011 - je dirais quand même que c’est l’arrivée de la fameuse Red Bull Elektropedia Balzaal, on sentait que la musique électronique avait peut-être besoin d’une tente (à l’époque c’était une tente) rien que pour elle avec du son en journée. Avant il y a un programme de jour et un programme de nuit (d’ailleurs c’est toujours le cas sur tous les chapiteaux à Dour), donc on fait plutôt des lives dans différents styles - soit hip-hop, soit rock, soit pop dans la journée et puis vers 22h on bifurque vers des plateaux plutôt musiques électroniques. Là, on a décidé de créer un plateau non-stop donc de 15h à 3h du matin.

Il y a eu un engouement incroyable, le chapiteau était dans l’entrée, il était sans cesse bondé et donc les années d’après nous avons décidé de le bouger déjà pour arrêter d’encombrer l’entrée donc on l’a mis à l'arrière, il n’a toujours pas désempli donc on lui a carrément consacré une zone extérieure avec un rappel du son qui se passait à l’intérieur du chapiteau jusqu’à un moment donné où on s’est dit « ça suffit, on va devoir le passer plein air ».

L'année passée, c’est devenu une scène plein air avec entre 10 000 et 15 000 personnes, une espèce de cathédrale à ciel ouvert avec une super production. C'est une des meilleures productions de musiques électroniques plein air je pense, on a investi quand même pas mal dans la production et ça a pas mal évolué depuis 2011.

9 2012 : La scène trap fait une entrée fracassante sur le dancefloor

Je retiendrai 2012 - c’était TNGHT une histoire audio-visuelle toute jeune en 2008, HudMo qui faisait son duo avec Lunice et là on pas compris ce qui se passait, c’était le début de la trap avec un son dément - les gens sont devenus complètement dingues. On sentait qu’on assistait un peu à un moment d’histoire.

10 2013 : Modeselektor joue dans une tente pleine à craquer

2013 - je retiens Flume, Flume c’était un peu particulier, parce qu’ il était vraiment tout jeune à l’époque et il jouait après Flying Lotus qui venait de retourner le chapiteau avec une super production entre deux tulles, des espèces d’écrans transparents avec des projections des deux côtés de l’écran un show vraiment incroyable.

Flume se dit « Premier grand festival en Europe, comment est-ce que je peux passer après ça ? ». Il était tout tremblotant, il avait une pression maximum. Le public est resté et il a vraiment tout donné. Il s’est passé la même chose qu’il s’était passé l’heure d’avant avec Flying Lotus, avec une ambiance… J’en ai encore des frissons à en reparler… Flume est allé se chercher un t-shirt de Dour au stand merchandising. Et son MTV Awards en Australie, il est allé le chercher avec son t-shirt : c’est vrai que c’était un super moment, il est revenu deux ans après clôturer la grande scène, il voulait absolument faire Dour.

En, 2013 je retiendrai aussi peut-être Modeselektor où la tente était deux fois trop petite et les festivaliers taguaient les bâches pour m’engueuler moi, pour engueuler les programmateurs : « Pourquoi vous avez-mis Modeselektor là, la tente est beaucoup trop petite ! ».

Et voilà un peu l’évolution de la musique électronique au festival de Dour sur les trente dernières années.

Crédits

Photos 1,2, 3, 4, 5, 7 : Dour Festival

Photos 6, 8, 9, 11, 12, 13, 14 : Kmeron

Photo 10 : Caroline Lessire

Texte : Guillaume Genestine et Camille-Léonor Darthout

Load the next article
Loading...
Loading...