Est-il jamais acceptable de choper sur le dancefloor ?

L’explosion des applications de rencontre nous a aussi rendus moins enclins à rencontrer l’amour en soirée. Pourquoi faire l’effort de draguer quelqu’un IRL qui va probablement vous rejeter, quand vous pouvez passer une bonne soirée avec vos potes et choisir quelqu’un, le lendemain, en solitaire et en pleine descente?

Mais dans ce monde d’inépuisables opportunités de rencontres simplifiées par la technologie, embrasser quelqu’un juste parce que cette personne se trouve à côté de vous sur le dancefloor n’est pas dépourvu de charme.

« En vrai, choper en club a quelque chose de romantique, comparé aux applis de rencontre, » explique Sarah, 28 ans, lorsque je lui demande si elle pense que choper sur le dancefloor est OK, ou vraiment dégueu. Becky, 28 ans également, voue une haine sans faille aux applications de rencontre et préfère choper en club, mais peut-être est-elle aussi un peu amère à cause du mec sur Bumble qui l’a insultée pour ne pas avoir répondu à son texto d’invitation de dernière minute.

Il y a l’art et la manière de choper sur le dancefloor, et loin de moi l’idée de donner du crédit au comportement des sales prédateurs - n’hésitez pas à vous plaindre à la sécurité ou à alerter un ami si vous sentez que quelqu’un envahit votre espace personnel ou vous fait vous sentir vulnérable. Je ne suis pas là pour écrire un guide « comment flirter sans être un sale-type », seulement notez qu’il est assez simple de lire le langage corporel d’une personne, souriez et s’ils ne vous renvoient pas votre sourire, passez votre chemin. Sans exception, toutes les femmes que je connais ont fait l’objet de harcèlement ou d’agressions en club, alors ne faites pas partie de ceux-là. Et n’allez pas en soirée avec l’intention de tirer : ayez un peu d’intégrité. En plus vous finirez probablement amer et déçu, et ça ne colle pas à la recette d’une soirée réussie, pour vous ou pour vos amis. Mais ça ne veut pas dire que si l’opportunité se présente, vous ne devez pas la saisir.

Il y a un vrai protocole du baiser sur le dancefloor. « Le premier baiser est acceptable, » raconte Becky, se remémorant une expérience récente dans un club de Londres, « mais se dévorer le visage pendant une demi heure est assez immonde. » Sarah possède son propre set de règles : « on ne se monte pas sur les chaises dans les coins des clubs, pas de doigts, pas trop de salive ou de langues. J’ai pu voir tout ça aux premières loges. Ce n’est pas joli. »

Sortir avec l’esprit ouvert, l’espoir au cœur et capotes en poche fait partie des grandes joies de la vie. C’est le côté inattendu de la possible romance au coin de la rue : vous voilà deux inconnus, jusqu’à ce que vous ne le soyez plus, après avoir partagé sueur, coït et peut-être même une bonne vieille MST. J’ai rencontré mon ex en écoutant Omar S en club et ça a rendu notre rencontre assez spéciale pour un moment, même si je n’aime plus trop écouter Omar S.

Les clubs sont des espaces magiques, fertiles, des terrains d’aventure pour des adultes qui devraient probablement faire preuve d’un peu plus de bon sens, mais choisissent de ne pas le faire. J’aime le hasard d’une connection établie sur le dancefloor. C’est une bonne histoire à raconter à vos petits enfants (ou votre docteur, selon là où la romance vous mène. On ne juge pas !)

En tant que société, nous sommes devenus déconnectés les uns des autres. Nous vivons dans de petits silos, et renforçons nos propres chambres d’échos sur les réseaux sociaux. Les médias de masse veulent nous faire croire que les jeunes ne sortent plus, que les clubs ferment à une vitesse alarmante et que les autres luttent pour rester ouverts. Mais on devrait aussi mentionner l’euphorie salée et moite d’un baiser sur le dancefloor, alors que la basse vous engloutit et que les endorphines font pétiller vos synapses. On dit que le couple qui va en soirée ensemble reste ensemble pour la vie - alors quel meilleur moyen de vérifier que vous êtes bien compatibles qu’une rencontre en club?

Sirin Kale est rédactrice à Broadly et contributrice régulière pour Mixmag. Suivez-la sur Twitter.