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Flashback : Black Devil Disco Club raconte la musique et les soirées de sa jeunesse

"Les évolutions viennent souvent de gens qui font des conneries"

  • Thomas Andrei • Photos : © Robin Benisri
  • 25 September 2017
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Vous vous souvenez d’où vous étiez la première fois que vous avez entendu un son électronique ?

C’est quand j’ai vu Vangelis sur scène. Quand je faisais des galas avec les Francs Garçons. On pouvait croiser Vangelis comme Adamo. J’ai rencontré son fils qui est fan de ce que je fais ! Adamo lui même aussi, apparemment. Vangelis, je me disais « tiens, ça c’est nouveau. » Ce qui m’intéresse c’est ce qui est nouveau. J’ai aimé le reggae. J’ai aimé le punk. Nous on était des révoltés des années 60 et on espérait que ça allait encore péter avec le punk. Mais ils n’étaient pas assez nombreux. C’est pour ça que je m’ennuie un peu maintenant. Il n’y a pas d’invention. J’ai eu la chance de vivre des années d’invention très fortes, jusqu’aux années 80. Là je travaille sur un projet sur l’intelligence artificielle dans la musique. Actuellement, les machines sont plus responsables que l’auteur. C’est un petit peu gênant.

Dans le disco, l’électro ne m’intéressait pas trop. Les basses m’intéressaient. Je les préfère jouées. Dans le disco traditionnel, il y a très peu de choses électro. Ce qui me plaisait dans le disco, c’est que j’adore danser. Le projet Black Devil visait à rendre la musique de Bernard Fèvre facile d’accès. Ça n’a pas été facile d’accès puisque personne n’a rien compris.

Il y avait de la révolte dans le disco ?

Bien sûr. La révolte des gays, par exemple. Complètement dedans. Ce n’est pas une musique particulièrement gentille. Elle a des messages à l’intérieur. Elle est révoltante parce qu’elle recherche la fraternité. Ça, c’est révoltant pour tous les états du monde. Ça dérange, quand on cherche à ce que les gens s’entendent bien. Et c’est une musique qui était faite pour ça. Les vieux peuvent danser sur du disco, bouger les jambes. C’est une musique facilement compréhensible, le rythme est basique. Ce n’est pas comme la valse.

Vous avez eu votre premier synthé en 1973. Vous l’avez trouvé où ?

Au métro Anvers, dans un petit magasin de musique. Une petite boutique sur le Boulevard, là où les émigrés campent. J’ai très vite compris ce qu’on pouvait faire avec. Je pense que j’étais fait pour ça. Comme petit j’étais fait pour régler la télévision que mon père n’arrivait jamais à régler. Comme mon fils de 23 ans peut faire des trucs sur mon iPhone que je ne sais pas faire. J’étais de la génération du XXIe siècle, pas du XXe. Je pigeais énormément ce qui allait se passer. Même politiquement. Maintenant, je cherche quelque chose qui pourrait être aussi en avance qu’à l’époque mais c’est pas évident. C’est un peu compliqué pour quelqu’un qui a 16 ans aujourd’hui d’écouter une musique faite par des DJs et savoir d’où elle vient. Alors que c’est très important, l’origine.

Ce festival, Ballà Boum, est un festival qui célèbre la musique électronique et le disco. Le collectif à son origine s’appelait d’ailleurs Le Disko. C’était comment les premières soirées disco en France ?

C’était plutôt jeune. Assez melting-pot. Pas du tout ségrégationniste, le disco. J’ai vu des copains black regarder un mec danser, parce qu’ils trouvaient que c’était vachement bien ce qu’il arrivait à faire avec ses pieds. Puis pendant la semaine, ils travaillaient devant leur glace. Le week-end d’après, ils revenaient à côté des mecs pour leur montrer qu’ils savaient le faire, ce pas. Je trouvais ça adorable. C’était en dehors de Paris, peut-être à Aubervilliers. Un truc très bon. Après ça a commencé à merder, parce qu’à un moment donné, ça vire en bagarres. Parce que les ethnies ne s’entendent pas très bien. Des histoires de gonzesses, des histoires de mecs. Mais ça a toujours été. Quand mon père allait au bal, il y avait aussi des conflits. (Il pouffe)

C’est vrai que les gens dansaient beaucoup plus à l’époque ou c’est juste un mythe ?

Ils dansaient s’il y avait des lieux pour danser. On arrivait à trouver des boîtes en banlieue pour danser. Quand j’étais ado, j’étais plus Tamla Motown que disco. En réalité, c’est la base de la disco. On était plus ethniques américains. D’ailleurs j’ai joué à Detroit et ils m’adorent, là-bas. En France, ça n’a pas débarqué du jour au lendemain. C’est progressif. L’influence c’était Shaft, qui n’était pas vraiment du disco mais annonçait la guitare wa-wa. Les musiciens sont des gens qui ont de l’humour. Donc les évolutions viennent souvent de gens qui font des conneries. Les seuls gens avec qui j’ai fait des bœufs qui ne s'engueulaient pas, c’était des blacks. Les blancs disaient toujours (il mime un air renfrogné) « j’aime pas ce que tu fais, gnehgneh. » C’est aussi pour ça que ça s’appelle Black Devil Disco Club.

Suite ci-dessous.

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