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En bref

Gimic Radio : la radio-bar indépendante qui dynamise la scène électronique bruxelloise

Rencontre avec Robin et Arthur, fondateurs de Gimic Radio

  • Wendy Dofeza
  • 21 March 2025

Depuis son ouverture en septembre dernier, Gimic Radio s’est imposée comme un espace hybride à Bruxelles, mêlant radio indépendante et bar. Située au cœur des Marolles, cette initiative née de l’amitié entre Robin (DJ et compositeur) et Arthur (DJ, compositeur et ingénieur du son) repose sur une vision commune. Créer un lieu où la musique, la rencontre et la découverte se rejoignent. Leur complémentarité entre programmation, gestion du lieu et direction artistique est la clé de l’identité et du dynamisme de Gimic.

Le projet est né sur un canapé lors d’une discussion passionnée qui a découlé sur une envie commune : proposer autre chose à la scène bruxelloise. Quand l’opportunité d’investir une ancienne taverne dans les Marolles s’est présentée, grâce à l'aide de Léo Henault, l'architecte du booth, ils ont retroussé leurs manches et ont reçu le soutien d'une vingtaine de bénévoles. Chaque détail du lieu raconte cette aventure : un DJ booth construit à la main, un espace pensé pour favoriser la connexion entre les artistes et le public, et une identité visuelle minimaliste et captivante.

En quelques mois, la radio-bar a su réunir une communauté et attirer des artistes comme GigiFm, Hadone, Sybil et bien d’autres. Gimic se démarque par sa volonté de mettre en avant des artistes avant-gardistes et des genres musicaux éclectiques, allant de la techno mentale au breakbeat, en passant par la dub et les sonorités atmosphériques et expérimentales. C’est un véritable laboratoire sonore, où l’émergence et l’originalité sont au cœur de la programmation. Nous avons rencontré les deux fondateurs pour en savoir plus sur leur parcours, leur vision et les défis qu’ils ont relevés pour donner vie à ce projet ambitieux.

Pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours avant Gimic Radio ?

Robin : Je suis DJ et compositeur sous le nom de KÔMA depuis quatre ans. Je suis le fondateur du collectif Breaxx et on organise des soirées à Bruxelles et à Paris.

Arthur : Je suis DJ VCR, compositeur et ingénieur du son de formation. J'ai travaillé dans plusieurs studios à Bruxelles et je suis également un membre du collectif Breaxx. Ensemble, nous avons cofondé Gimic Radio.

D’où vient l’idée de créer une radio indépendante à Bruxelles, et pourquoi avoir choisi ce format hybride de radio-bar ?

Arthur : Il y a un peu plus d’un an, on trouvait dommage que la scène électronique à Bruxelles soit relativement restreinte. On voulait créer un espace où la communauté puisse se réunir, favoriser les connexions et apporter quelque chose de nouveau à la scène locale.

Robin : L’idée était aussi d’apporter un souffle nouveau, un lieu qui permette aux artistes de s’exprimer librement et de toucher un public plus large.


D’où vient le nom "Gimic" ? Quelle signification a-t-il pour vous ?

On aimait l'idée d'un nom simple et reconnaissable. "Gimic" fait référence à une mélodie ou à une note qui te reste en tête, quelque chose de marquant qui perdure dans le temps.

Comment choisissez-vous les DJ résidents et les invités ? Quels sont les critères principaux ?

Robin : Je m’occupe de la programmation. C’est un processus assez organique, un peu comme une toile d’araignée. L'idée est de mettre en avant la scène bruxelloise, surtout notre génération, tout en explorant des styles émergents comme la techno mentale, le break ou la dub. On veut aussi donner de la visibilité aux artistes qu’on apprécie.

Arthur : On propose aussi des "takeovers" à des collectifs et chinons de nouveaux talents. Un formulaire est disponible sur notre site internet pour permettre aux artistes de postuler. Actuellement, on compte 54 résidents et on essaie de varier la programmation, avec des émissions une à deux fois par mois.

Quels ont été les plus grands défis que vous avez rencontrés depuis le lancement de Gimic ?

Arthur : Les travaux de conception ont été un véritable challenge. On voulait que tout soit juste et précis, mais on a dû tout gérer à deux, avec l'aide de bénévoles. Jongler entre la direction artistique, les travaux et la gestion globale était intense.

Robin : L’idée était d’ouvrir le 29 septembre, et on a fini les travaux la veille ! Depuis le début, nous avons été ambitieux sur ce projet.

"On veut être un carrefour où se croisent des artistes émergents et confirmés, tout en restant fidèles à nos valeurs."

Quel impact souhaitez-vous avoir sur la scène musicale bruxelloise et au-delà ?

Arthur : Nous voulons être un curateur et une plateforme pour les artistes. L’objectif est de donner plus de visibilité à la scène bruxelloise, de prouver qu’il y a de nombreux talents ici et d'aider les artistes à se développer. Nous espérons devenir un pilier de cette scène tout en conservant nos valeurs. Bruxelles est un carrefour culturel, ce qui nous permet aussi d’inviter des artistes internationaux.

Y a-t-il des styles musicaux que vous privilégiez ou souhaitez mettre plus en avant ?

Robin : On privilégie des styles plus niches, comme les musiques atmosphériques, mentales, le break ou la dub. L'idée est de ne pas trop s’enfermer dans la house et la techno classiques, mais de proposer une programmation variée et innovante. De temps en temps, nous aimons aussi inviter des piliers de la scène électronique.

Si vous pouviez inviter un artiste de rêve pour un set à Gimic, qui serait-ce et pourquoi ?

Robin : Brian Eno, un producteur fascinant d'ambient électronique qui a produit U2.

Arthur : Aphex Twin, même si ça paraît impossible. Ce serait une référence absolue en termes de créativité.

Comment fonctionne Gimic au quotidien ? Qui fait quoi dans l’équipe ?

Robin : Je m’occupe de la programmation et de tout l’aspect back-up.

Arthur : Je gère la radio au quotidien, l’organisation sur place, le bar et la coordination avec les bénévoles.

Robin : On ouvre du mercredi au dimanche, de 14h à 22h et le weekend on tire jusque minuit. On vit ensemble, donc on fait régulièrement des réunions pour gérer tous les aspects liés à la radio et au bar.

Comment décririez-vous la scène électronique bruxelloise aujourd’hui ? Quelles sont ses forces et ses faiblesses ?

Arthur : Elle est éclectique et cosmopolite. Il y a un vrai mélange de cultures et de styles, et les gens sont très ouverts à la découverte.

Robin : En revanche, il manque des espaces, et il y a peu de soutien institutionnel. On a contacté plusieurs fois l’échevine de la culture, mais il n’y a pas d’écoute. On fonctionne en solitaire, ce qui est un défi en soi.

Arthur : D’un autre côté, on ne veut pas non plus que des subventions influencent nos valeurs. On veut garder notre liberté artistique et rester authentiques.

Avec Gimic Radio, Arthur et Robin ont su créer un lieu de vie pour la scène musicale bruxelloise. En misant sur une programmation avant-gardiste et expérimentale, ils offrent aux artistes, comme au public, un espace où la musique s’écoute, se vit et se partage. Et ce n’est que le début : entre résidences, événements et découvertes, Gimic compte bien continuer à surprendre et à fédérer autour de sa vision unique.


Crédits photos : Tom Lyon


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