Gqom: le son underground explosif d'Afrique du Sud qui perce en Europe

Si les enthousiastes comme Gift restent attachés au son classique du gqom, la scène électronique des cités de Durban évolue rapidement. Après son set, Thuksin me présente à d’autres DJs et des producteurs qui jouent au billard près du bar, à côté du dancefloor. “Les styles et les tendances évoluent très rapidement dans les cités,” dit Thaksin. “Le gqom produit de nos jours est complètement différent des morceaux gqom qui tournaient il y a deux ans - et de nombreux producteurs sont partis dans d’autres sous-genres.”

“Les gens adorent le gqom sur une nuit comme celle-ci, mais en tant que producteur, le sgubhu offre plus d’opportunités,” nous confie Thuksin, qui comme d’autres producteurs gqom, a commencé la production très jeune - à 14 ans. “Ça a un groove qui fera bouger les fans de gqom, mais un peu moins dur. Ce n’est ni étrange, ni extrême. Un son qui a plus de chances d’être choisi par les exécutifs de l’industrie musicale et être joué à la radio en Afrique du Sud.”

Malgré l’intérêt croissant qu’a pu susciter le gqom à l’international - avec des DJs de renom comme l’auto-proclamé ‘gqom king’ DJ Lag parcourant l’Europe pour représentant le son sur ses tournées - cet engouement n’a pas réussi à se concrétiser en revenus pour les producteurs locaux.

Aux environs de 5 heures du matin, le Club 101 ferme pour deux heures, avant de rouvrir ses portes aux clubbers désireux de s’offrir un ‘morning bang’. À l’approche de la seconde fermeture, les adeptes tapageurs se déversent dans l’allée étroite qui entoure le club, la plupart s’engouffrent dans les taxis et les voitures menant aux clubs non déclarés des cités, où la soirée peut continuer.

Alors que nous évitons les vendeurs de cacahuètes et quelques rôdeurs dans l’allée sombre, Gift nous demande si on veut qu’il nous dépose à un gqom club all-night-long à 30 kilomètres du centre-ville.

“Le battement de coeur ne s’arrête jamais,” dit-il, avec un grand sourire.