Les Plages Électroniques : comme un air d’Ibiza sur la Croisette
La beach party géante qui apporte un souffle de renouveau sur sa région
Cannes : ses belles voitures, ses palaces hors de prix et son fameux Festival. Non, on ne parle pas du festival de cinéma hyper médiatisé. Mais bien des Plages Électroniques, une des plus grandes « Beach Party » d’Europe. Pour cette treizième édition, 40 des artistes les plus en vue de la scène électronique sont venus faire danser près de 40 000 festivaliers durant trois jours dans un cadre exceptionnel. On vous raconte.
Difficile de rester insensible à au charme des Plages, fête située sur une des plus belles plages de la Côte d’Azur, . Avec plus de 40 000 m2 de piste de danse répartis sur quatre scènes, dont la « Beach Stage » qui permet de se trémousser les pieds dans l’eau, il faut admettre que le festival offre une formule originale. Le fait de pouvoir se déhancher sur le toit du Palais du Festival et des Congrès ne laisse personne indifférent. Habituellement réservé aux plus grandes stars du cinéma, le Palais s’offre ici à tous les festivaliers, sans distinction aucune. En terme d’installations, les Plages jouent dans la cour des grands : les festivaliers disposent d’une armada de food trucks et d’un village d'activités, dont l’incontournable stand de make-up. Mais nous sommes bien loin des standards de la première édition.
Car les Plages Electroniques ont bien changé depuis leur création en 2006. A l’époque, seule une centaine de locaux initiés était venue faire la fête au rythme d’une programmation techno, trance et minimal. Il fallait alors débourser la somme de 5 euros pour assister à des DJ sets intimistes et pointus. Treize ans plus tard, le line-up s'est étoffé. Le public a également beaucoup changé et des espaces VIP sont apparus. Les locaux sont toujours là, mais des groupes de touristes et de curieux sont venus se joindre à la fête. Si certains pourraient le déplorer, d’autres s’en réjouissent.
C’est le cas de Cécile et Jérôme. Ce (jeune) couple de quarantenaires écume les nuits de la région depuis des années, en quête de techno et de sensations fortes. Jérôme confirme que « les Plages Electroniques n’ont plus grand-chose à voir avec leurs premières éditions », mais il apprécie particulièrement l’intérêt des nouvelles générations pour les musiques électroniques. L’amour du son par dessus tout. Le festival est devenu une véritable référence dans le Sud depuis quelques années et il attire un public de plus en plus large, sans pour autant délaisser les amoureux de musique électronique qui ont construit sa réputation. La rançon de la gloire. Après ces quelques jours passés sur place, on commence à comprendre pourquoi le festival ne pouvait pas rester « anonyme » bien longtemps.
Photo : la Terrasse, Plages Électroniques 2018, Cannes © Alexandre Macchi
Ibiza sur la Croisette
Le premier jour des Plages a laissé planer un air d’Ibiza sur la Croisette. Sur la scène de la terrasse du Palais, Amélie Lens a littéralement mis le feu avec sa techno sombre et décomplexée. Et lorsqu’on levait les yeux au ciel pour reprendre son souffle et ses esprits, on pouvait admirer la vue imprenable de la scène sur les hauteurs de Cannes. Le dépaysement était immédiat, et le contraste était saisissant.
Sur la « Beach Stage », Sven Väth faisait encore monter l’ambiance d’un cran. La sélection précise du producteur allemand a rapidement conquis le public. Quelques heures plus tard, c’était au tour de Sweely et Leo Pol d’enflammer la Croisette avec des live sets infiniment « groovy ». Les deux poulains de la scène house française ont enchaîné leurs compositions avec une aisance déconcertante. Un moment plein d’énergie qui a rassasié les fans de house de la première heure, et les autres.
Après cette journée bien remplie, on se dit que la meilleure chose serait encore de rentrer se reposer, mais pas cette année. Pour la première fois en treize éditions, les Plages organisaient des afters jusqu’à 5 heures du matin dans la Rotonde du Palais des Festivals. Un lieu incroyable qui dispose d’une des plus belles vues panoramiques sur la baie de Cannes. Lunar Disco, Satori et Damian Lazarus se chargeaient de l’ambiance. Le charme n’a pas mis longtemps avant d’opérer – un moment privilégié.
Photo : Les Plages Électroniques 2018,Cannes © Camille Dufosse
Un festival qui fédère sa région
Le samedi, l’office du tourisme avait prévu une journée pour découvrir le charme et la beauté de la région. Au programme : visite des parfumeries Fragonard avec atelier de confection de parfum, visite de la ville de Grasse et de l’île Saint-Honorat, accompagnée d’une dégustation des vins produits par les moines qui occupent l’île depuis le 5e siècle. En prenant le temps de s’immerger dans la culture locale, on découvre des aspects moins connus, là où la beauté et le charme d’une ville coïncide avec son patrimoine culturel, chez les personnes qui le font vivre au quotidien. Que la parfumerie Fragonard est bien une référence incontournable du savoir-faire régional et la ville de Grasse une carte postale du charme architectural de la Côte d’Azur. L’histoire passionnante de ses moines qui ont investi une des plus belles îles du littoral afin de perpétuer une quête spirituelle millénaire. Afin de préserver ce patrimoine culturel exceptionnel, les locaux ont appris à le partager. Le lien qui unit le festival à la ville devient plus clair.
De retour sur le site, les Plages avaient changé de visage. Avec une programmation plus accessible et grand public, l’atmosphère « Ibiza » avait laissé la place à une ambiance plus populaire. Sur la scène de la Terrasse, le duo parisien « Haute » a installé une ambiance ultra décontractée. Avec un set aux sonorités house, rap et r’n’b, le groupe dompte la foule avec une sélection variée. Sur la scène principale, c’est Kygo qui clôture cette deuxième journée. La face B des Plages Electroniques.
La journée de clôture allait elle aussi réserver son lot de surprises. La ferveur populaire avait une nouvelle fois laissé place à une atmosphère encore plus conviviale, voir familiale. Sur la « Beach Party », c’est le duo Synapson qui ouvre le bal avec un live set accompagné de musiciens. Ambiance bon enfant idéale pour accueillir le groupe suivant, les frangins toulousains Bigflo et Oli. Les deux rappeurs parviennent à enflammer le festival grâce une énergie incroyable et un humour bien ciselé. La soirée se clôture ensuite avec The Avener. Bien aidé par une scénographie impressionnante, le Français a construit les derniers souvenirs du public des Plages Électroniques 2018.
Photo : Les Plages Électroniques 2018,Cannes © Camille Dufosse
Après Nice, la fête reprend ses droits
Difficile d’aborder un événement d’une telle ampleur sans évoquer le trauma du tragique attentat de Nice, survenu il y a seulement deux ans. En 2016, les Plages Electroniques fêtaient leurs 10 ans d'existence. Selon les organisateurs et les acteurs locaux du milieu culturel, personne n’avait le cœur à la fête.
Cet épisode tragique a impacté la région de nombreuses manières. Selon un rapport de l’office de Tourisme, la région a subi une baisse de la fréquentation d’environ 10% sur la période estivale en 2016 : un coup dur pour le secteur de l’hôtellerie, et aussi pour les commerces locaux plus modestes qui dépendent directement du tourisme. Mais l’aspect le plus important à prendre en compte reste la fracture psychologique collective, que seul le temps peut recouvrir.
D’après les organisateurs, les choses ont tout de même évolué depuis deux ans. Les tensions s’apaisent peu à peu et la fête reprend ses droits. Cette édition des Plages Électroniques a été plutôt calme, avec simplement 4 interpellations sur les 3 jours. Un sentiment général de sérénité, malgré un très impressionnant dispositif de sécurité. Le bilan est donc positif. La vie continue.
Voilà peut-être l’une des plus importantes missions des Plages Électroniques : redonner vie à la Côte d’Azur. C’est sans doute pour ces raisons que le festival est massivement soutenu par la région. Il représente un remède et un antidote à la morosité ambiante. Cette édition 2018 n’a pas dérogé à la règle.
Plus intimiste à ses débuts, le festival a vu sa mission et son image évoluer au fil des éditions. À l’image de la ville, il est désormais plus accessible et plus grand public, pour le plus grand bonheur des amateurs de musiques électroniques. Il fait désormais partie des plus grandes références européennes de la scène électronique. En constante évolution, le festival a su s’adapter à son succès. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’histoire ne fait sûrement que commencer.
Reportage : Jérémy Randrianarisoa
Cet article a été rédigé dans le cadre d'un partenariat avec les Plages Électroniques.