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Reportage

Les Plages Electroniques, ou l'art de concilier mainstream et underground

L'édition 2019 a marqué un nouveau tournant pour le festival de la Croisette

  • Jeremy Randrianarisoa | Photos : Camille Dufoose, Robin Baird, Zouhair Lalaam
  • 3 September 2019

Cette année encore, les Plages Électroniques ont enflammé la Croisette. Fidèle à sa réputation, le festival a réuni pas moins de 40 000 fêtard·e·s venus du monde entier grâce un line-up aussi surprenant que diversifié. Pour cette 14e édition, les Plages sont restées fidèles à leur identité : créer un événement ouvert à toutes et à tous : l’essence même du festival. Il serait difficile de dresser le profil type du / de la festivalier·ère, tant les Plages arrivent à faire vivre en harmonie curieux·ses, vacanciers·ères venu·e·s profiter de la région, les locaux et les mordu·e·s de musique électronique prêt·e·s à parcourir de nombreux kilomètres pour assister à un DJ set.

Un festival en pleine expansion

Premier constat en arrivant sur le lieu : les Plages Électroniques sont en train de changer de dimension. Si le site n’a pas beaucoup changé, on remarque tout de suite la différence avec l’édition précédente. Les stands partenaires se sont multipliés, et de nouvelles activités sont proposées aux festivaliers : body painting, massage, etc. Arrivés sur place sur les coups de 17h, on remarque aussi une affluence beaucoup plus importante. Un parfum de fête et de liberté flotte sur la Croisette. Car oui, le festival est aujourd’hui une des plus grandes Beach Party d’Europe.

Sur la scène Plage, qui peut accueillir jusqu’à 18 000 personnes, les sets des plus grands noms de la scène électronique se succèdent, des Helvètes d’Adriatique à Maya Jane Coles en passant par l’inévitable Maceo Plex. Ça y est, le festival est bien lancé. L’une des grandes attractions de cette première journée reste la performance incroyable du groupe Meute, fanfare allemande composée de 11 musiciens plus charismatiques les uns que les autres. Le programme ? Des reprises des plus grands titres techno. Le résultat : une foule conquise et complètement sous le charme de cette formule quasi-inédite.

Meute n’est pas qu’une simple curiosité programmée au hasard, le groupe a enflammé la scène Terrasse grâce à une énergie communicative et un enthousiasme débordant. Solomun offre un set très remarqué sur la scène principale. Et pour la deuxième année consécutive, les Plages ont proposé des afters parties au sein de la Rotonde du Palais des Festivals : un dancefloor indoor pouvant accueillir 3 000 personnes avec une scène à 360° et une scénographie qui n’a rien à envier aux plus grands clubs d’Europe.

Comme souvent aux Plages, le festival change de visage de jour en jour. Et ce samedi n’a pas dérogé à la règle. En effet, l’une des principales forces des Plages reste sa programmation diversifiée, mêlant sans complexes mainstream et underground. Sur la scène Plage, on pouvait retrouver la fine fleur de la scène dance et house française.

Sur la scène de la Croisette, plus intimiste, les femmes étaient mises à l’honneur avec une programmation beaucoup plus pointue. La soirée a commencé avec l’enthousiasme et le groove légendaire de Piu Piu, véritable figure de la scène électronique parisienne. Avec un set bourré d’énergie et de petites pépites, la soirée avait parfaitement commencé. Mais elle a pris une toute autre tournure sur la plus grande scène du Festival. Et pour cause : Vladimir Cauchemar venait de monter sur scène. Il est quasiment impossible de décrire l’ambiance que la dernière signature du légendaire label Ed Banger a su installer à Cannes. Le DJ a rendu fou les 18 000 personnes entassées sur une des plus belles plages de la Croisette à l’aide d’un charisme impressionnant et d’un style unique et insaisissable. Vladimir surprend à chaque track : afro-house, EDM, Trap, Techno, tout y passe. De quoi désarçonner les plus puristes. Mais force est de constater que son set restera un des moments forts du festival.

Sans avoir le temps de reprendre ses esprits, c’était au tour d’Elisa Do Brasil de d’enflammer la scène Croisette avec sa drum’n’bass survitaminée. Un set incroyable qui a considérablement fait grimper l’énergie. Difficile de ne pas citer Miley Serious. La résidente de Rinse France et ex-membre du collectif TGAF a une nouvelle fois électrisé son public avec cette douce violence dont elle a le secret.

Et pour finir cette belle soirée, DJ Snake a fait danser les Plages grâce avec ses tubes interplanétaires comme Lean On ou encore Taki Taki Taki. Véritable attraction des Plages, tout le monde avait envie d’assister au set du Parisien, par simple curiosité ou par réelle conviction. Le moins que l’on puisse dire, c’est que personne n’a été déçu.

Le dimanche est toujours un jour spécial aux Plages. L’ambiance est plus conviviale, voir familiale, et après 2 jours de fête intense, ce n’est pas pour nous déplaire. Cette année encore, ce troisième jour de festival a été marqué par une incroyable Open Water Party. Avec une scène installée sur l’eau et quelques centaines de bouées géantes distribué aux festivaliers, le dépaysement est total.

Pour cette nouvelle édition de l’Open Water Party, l’ambiance a été confié à Sims, et à… Djibril Cissé. L’ex-footballeur est connu à travers le monde pour ses talents de DJ. Si la sélection musicale reste une affaire de goût, le natif d’Arles n’est pas maladroit avec ses platines : une vraie bonne surprise. En début de soirée, c’est le rappeur Orelsan qui a fait vibrer la scène principale. Et là encore, le Caennais d’origine a su emporter la foule dans son univers pour nous livrer un concert mémorable, dans un cadre toujours aussi idyllique.

Sur la scène terrasse, Ouais Stéphane et Mr.Oizo ont également enflammé le public grâce à des sets audacieux. Il semblerait que la diversité des artistes programmés les encourage à tenter de nouvelles choses, à expérimenter de nouvelles sonorités. Et c’est aussi ça qu’on aime, aux Plages. Malgré la fatigue accumulée, il était impossible de manquer la dernière after party. Amine K, Konstantin Sibold et Pachanga Boys ont clôturé le festival en beauté.

Underground vs mainstream : voir au delà du clivage traditionnel

La façon de consommer la musique a sensiblement évolué depuis quelques années, et le festival l’a très bien compris. Nous avons la chance de nous entretenir avec Piu Piu et Miley Serious, deux figures incontournables des nuits parisiennes. Et pour ces deux amies de longue date, la réponse est claire : ces deux notions si chères aux « puristes » vont disparaître petit à petit, et pour l’animatrice du Nova Mix Club, elles n’existent déjà plus: « Je trouve ça hyper intéressant de mélanger les scènes, et je pense qu’aujourd’hui, dans la manière où on écoute la musique… on écoute plus la musique en se disant « ça c’est underground, ça c’est mainstream », je pense que ça n’existe plus vraiment. », explique Piu Piu.

Premièrement, l’avènement du streaming a largement bousculé notre façon de consommer la musique. Mais cette nouvelle « liberté » provient également des artistes eux-mêmes. C'est ce qu'explique à son tour Miley Serious. Issue de la scène punk hardcore, la boss du label 99cts s’y connait en matière de mélanges : « N’aimant souvent que les petites scènes indés, j’adore ce genre de challenge, d’être sur des gros festivals comme ça. »

Et pour elle, les Plages Électroniques représentent une véritable expérience, et une opportunité de découvrir de nouvelles choses et surtout, de se confronter un autre public. « Des artistes fat comme Nina Kraviz jouent de la musique qui est dite « underground », alors qu’ils ne le sont pas ou plus du tout », ajoute Piu Piu.

« Je trouve ça super intéressant pour un festival, une teuf, parce que ça permet aux gens de découvrir des trucs qu’ils ne connaissaient pas avant. » Vladimir Cauchemar est également un très bon exemple. Signé sur le label Ed Banger, l’ex-moitié du duo The Shoes oscille entre house, EDM, hip-hop et sonorités afro, tout en se payant le luxe de remixer et/ou collaborer avec certains des artistes les plus en vues de la scène rap francophone comme Lomepal ou Vald.

Vers davantage de diversité

En 2018, les Plages accueillaient plus de 40 artistes, dont seulement 3 femmes. La programmation affiche davantage de têtes féminines cette année. Pour cette 14e édition, on pouvait retrouver une dizaine de femmes au line-up. Et les artistes programmées ne sont pas forcément les noms habituels des festivals de cette envergure. C’était un véritable bonheur de voir une pionnière de l’underground comme Elisa Do Brasil, la DJ sud-africaine Kampire qui fait de plus en plus de bruit sur la scène électro, ou encore Miley Serious et sa techno débordante d’énergie. Pour Miley, c’est l’aspect le plus important : « Moi je trouve qu’on avance bien, c’est cool. Quand c’est fait parce que les gens aiment les artistes et qu’ils veulent les promouvoir, c’est hyper touchant, et pas quand c’est fait pour se donner bonne conscience. »

Cette nouvelle édition des Plages Électroniques a une nouvelle fois réservé son lot de surprises. L’identité du festival se renforce d’année en année, et ce n’est pas prêt de s’arrêter : rendez-vous en 2020, quand les Plages fêteront leur quinzième anniversaire.


- Jeremy Randrianarisoa



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