Pour sa première édition, le géant américain Lollapalooza a su séduire le public français
Retour sur le lancement du plus U.S des festivals parisiens
Voilà maintenant 26 ans que le festival Lollapalooza est né aux États-Unis sous l’impulsion de Perry Farrell du groupe Jane’s Addiction. Il souhaitait alors en faire LE festival du rock alternatif. Durant ses premières années d’existence, le festival avait pour particularité d’être itinérant entre les États-Unis et le Canada – avant de s’établir pour de bon à Chicago et d’élargir sa programmation pour toucher un plus grand public.
Au fil des années, « Lolla » est devenu une référence en matière de festivals, amenant chaque année des milliers de festivaliers à se retrouver en plein cœur du Grant Park de Chicago. Quand un festival marche aussi bien, on pense forcément à l’exporter pour en faire profiter le plus de monde possible. Et c’est comme cela que le géant Lollapalooza a commencé son parcours hors de l’Amérique du Nord, en investissant d’abord l’Argentine, puis le Chili, et même l’Allemagne, avant d’arriver à Paris en 2017. Cette première édition française, annoncée en novembre 2016 par Live Nation, a fait languir les festivaliers pendant de longs mois avant le grand week-end du 21 au 22 juillet. En marge de l'événement, Jack Lang avait exprimé ses craintes quant à "l'invasion de multinationales américaines sur la vie musicale française". S'il est difficile d'essuyer une telle critique, Lollapalozza s'en est pourtant très bien sorti pour cette première édition :
Skepta, The Roots et Pixies… ces concerts qui nous ont marqués
C’est bien connu, le plus dur en festival n’est pas de tenir la forme tout du long - le Guronsan est là pour vous aider, le thé vert aussi -, mais bien de réussir à constituer un programme de concerts qui tienne la route, et duquel vous sortirez sans la frustration d’avoir loupé vos artistes préférés.
À Lollapalooza, il y a deux scènes principales, situées l’une à côté de l’autre et qui fonctionnent en battement, vous évitant ainsi de manquer un headliner si tant est que vous ayez prévu de passer votre festival près de ces deux scènes. On retrouve également une scène Alternative et la Perry’s Stage consacrée à l’EDM. On s’y est d’ailleurs aventurés dès notre arrivée, lors du live de Black Tiger Sex Machine, avant d’aller reposer nos oreilles au son de Crystal Fighters. Après un passage par le Greenroom Village, on s’est posé devant la main stage 1 pour attendre Skepta, l’un des meilleurs représentants de la scène grime. Le londonien a su faire vibrer Lollapalooza au rythme de son flow saccadé, le tout enlevé par les gros beats envoyés par DJ Maximum, montrant ainsi tout son talent de « lord of the mic ». Plus tard, c’est The Roots qui nous a conquis, avec une belle énergie sur scène et un special guest qui s’est amusé à reprendre le thème de Mario Kart en faisant virevolter ses doigts sur ses pads. Cette première journée se terminera par le concert de The Weeknd qui a repris ses tubes que la grande majorité du public connaissait sur le bout des doigts. Un feu d’artifice plus tard et nous voilà en chemin pour nous remettre de cette première journée.
Pour le second jour de festivités, notre programme était déjà tout tracé : il fallait impérativement réussir à voir IAM, La Femme, Liam Gallagher, mais aussi Pixies et pourquoi pas Lana Del Rey. On a dû faire l’impasse sur la moitié d’Oasis – une séance de rattrapage est possible grâce à Culture Box, ouf ! -, mais on a réussi à voir tout le reste. IAM d’abord, dont la prestation fut malheureusement peu appréciable, car le groupe passait sur la scène alternative, bien plus petite que les deux mains stages et surtout dépourvue d’écrans géants. Tout le monde voulait voir le groupe mythique et les premiers rangs semblaient apprécier le show, mais derrière c’était un peu plus compliqué. Qu’importe, on aura quand même pu entendre le groupe chanter sur leurs titres les plus mythiques, sans même les voir s’agiter sur scène. Réussir à voir Pixies et La Femme fut assez compliqué, car ils étaient programmés avec seulement 15min de battement sur deux scènes situées à l’opposée – mais on l’a fait et l’enchaînement était plus que réussi, nous permettant de passer d’un groupe monument du rock alternatif américain à un groupe charnière dans le renouveau du rock français, avec en prime la belle surprise Jacques qui débarque sur scène. Plus tard, la diva Lana Del Rey ne provoquera pas le même engouement chez nous, mais on terminera tout de même ce festival sur une belle note avec le concert tant attendu des Red Hot Chili Peppers dont la prestation fut rythmée par les acclamations du public sous une pluie battante.
La parenthèse Greenroom Village
Après avoir parcouru de long et en large le festival Lollapalooza, on peut vous affirmer sans l’ombre d’un doute que le GreenRoom Village fut l’un des des meilleurs spots de ces deux jours sur l’hippodrome de Lonchamps. Pourquoi ? Parce qu’on a pu y danser dans des cabanes décorées selon les quatre continents, mais aussi parce que les maîtres d’orchestre de cette sauterie atypique étaient des collectifs, des médias et des labels français.
Le samedi, on a pu participer à un blind test organisé par Trax dans la cabane Kimshi Pop Box. Notre culture musicale a été mise à rude épreuve par le trio aux commandes du jeu, mais on a quand même réussi à reconnaître des titres de Nina Kraviz, Midland ou encore Gesaffeltsein. Ensuite, on a été faire un tour dans la cabane Radio Ndebele rythmée par Mawimbi et Pouvoir Magique dont la sélection respirait bon la chaleur de l’Afrique. Notre track préféré ? « Only You » de Steve Monite – un titre d’ailleurs dispo sur l’excellente compilation Doing it in Lagos, pour ceux qui voudraient s’essayer au disco et boogie du Nigéria. Et histoire d’être à jour sur nos classiques hip-hop, on a réussi à se frayer une place dans le Coco Beach Hotel où le crew Yard a littéralement cassé la cabane en passant des morceaux trap. Le lendemain, on a particulièrement retenu le karaoké Classics Only animé par le fringant Willax qui a emmené sa troupe de chanteurs très très loin – c’est à dire de « I Believe I Can Fly » de R Kelly à « Let me love you » de Mario. Comme l’impression d’avoir 12 ans à nouveau. À noter aussi la présence de la Konbini Radio qui, juste avant le showcase de Polo & Pan, passait « Tonton du bled » de 113. Le titre parfait pour retourner un Greenroom Village déjà bien fiévreux.
Malgré quelques petits couacs - un temps d’attente aux toilettes très long et IAM sur la scène alternative – cette première édition de Lollapalooza a tenu ses promesses, amenant quelque 110 000 festivaliers à se réunir à Longchamps autour d’une même passion. Pour les habitués des festivals électroniques, cette virée à Lollapalooza aura permis de sortir de nos habitudes et d'apprécier des concerts que l'on n'aurait peut-être pas vus dans un cadre différent. Une seconde édition a d’ores et déjà été annoncée, on attend vos pronostics quant à la future programmation !