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Max Cooper, un scientifique au service de la musique électronique

Lorsque la musique n'est plus qu'une simple écoute

  • Camille-Léonor Darthout
  • 4 September 2018

Depuis le lancement de son projet musical en 2007, Max Cooper a su s’installer de manière tout à fait singulière dans le paysage de la musique électronique. Depuis son premier album à succès Human, l’artiste irlandais basé à Londres a fait de la musique son terrain d’expérimentations et de recherches en dédiant ses compositions à des applications scientifiques et à l’art audiovisuel.

Cooper s’est récemment isolé et coupé de toute communication et approche sociale pour mettre en place son dernier album et live audiovisuel One Hundred Billion Sparks : un cheminement méthodique et un processus créatif propres à cet ancien biologiste de métier. Prévue pour le 20 septembre prochain, cette composition interroge les mécanismes intérieur - celui du cerveau - avec une idée d’esthétique visuelle mise en images par un vidéaste différent pour chaque morceau. Loin du club, loin des dancefloors, ce nouvel opus electronica est un fragment audio en 12 actes, une composition visuelle en 12 réalisateurs - à découvrir pour la première fois en France au Scopitone festival. Point de vue d’un scientifique musical, celui de Max Cooper.

Max Cooper est en studio, encore. Il vient à peine de conclure un album qui n’est même pas sorti. Pourtant il est toujours là - au milieu de ses machines. À créer, à inventer, à étudier. «J’ai eu des idées hier soir, après un live que je donnais à Londres. Dans ce cas là, je peux rester toute une nuit éveillé. Quand j’ai une idée, il faut que je travaille dessus.»

Même s’il a laissé tomber sa blouse blanche depuis de longues années, son âme de biologiste est restée quelque part en lui, son studio devenu son nouveau laboratoire. Il faut dire que ça n’a pas été facile pour Max Cooper d’abandonner la génétique et la recherche. Spécialisé dans l’utilisation d’ordinateurs pour simuler des systèmes biologiques, le producteur mène à cette époque une double vie. De retour à la maison, il remplace ses ordinateurs scientifiques par ses ordinateurs de composition et dédie son temps libre à la musique. Une combinaison impossible avec un emploi du temps trop difficile à manager : le choix s’impose, la musique se revendique de par elle-même.

Une concession difficile pour Max Cooper, qui n’est pas sans quelques regrets. Rechercher le fonctionnement des choses, c’est ce qui le fait vibrer après tout. Alors c’est comme ça que sans même y penser, cet artiste originaire de Belfast va monter un projet musical unique, expérimental et à succès. Il y a d’abord eu son premier album Human en 2014, chaleureusement accueilli par la critique, puis Emergence en 2016. Des albums de musique électronique entre techno, expérimentale, electronica - et vidéo. Pour comprendre cet engouement autour des images dans la musique, il faut un peu comprendre le personnage. Le scientifique.

«J’ai toujours plus d’idées que de temps en ce qui concerne la musique. J’ai beaucoup de centre d’intérêts différents que ce soit la science, la nature, les livres. Tout ce que je fais nourris naturellement mon esprit créatif.»

En ces mots se résume une passion omniprésente. Le fait est que quelque soit l’endroit et le moment : la musique l’habite. En particulier au cours de ses voyages entre deux dates. Alors perdu dans ses pensées lors de ses transferts - à écouter des livres audio ou simplement songeur - Max se plonge dans son imagination. La somnolence cultive de nouveaux projets. Depuis longtemps intrigué par la question du cerveau, des neurones et du mécanisme interne en son terme le plus large, le scientifique se plonge dans des ouvrages pour trouver certaines réponses. Le neuro-scientifique Antonio Damasio explique dans son livre ‘The Strange Order Of Things’ que ce que le corps ressent est tout aussi important que ce que pense l’esprit, qu’il faut se tourner vers les émotions pour expliquer la conscience humaine et les cultures. L’esprit, la conscience et le processus créatif. Par esprit il faut entendre la faculté d'imaginer, de comprendre et de créer selon Daniel Dennett, qui inspire lui aussi Max Cooper. Si le scientifique cherche des réponses, l’artiste cherche à produire. Comment faire de ces recherches un album? Comment trouver des réponses et comment les traduire en musique ? Et si finalement, la clé à toutes ces énigmes, c’était Max lui-même qui la détenait ?

Les recherches trouvent leur solution dans l’isolation. Le mécanisme interne ne peut logiquement être traité que par soi-même. «Ça tombait sur le sens de choisir de se couper de tout. Le mécanisme interne et les questions autour du cerveau sont les sujets les plus personnels que l’on puisse traiter.»

Le biologiste laisse de côté l’objectivité, l’artiste prend part à la subjectivité. Un mois durant, Max Cooper est seul avec lui-même. Pas de mail, pas de téléphone, pas de contact extérieur : ce qui compte c’est ce qu’il se passe dans sa boîte crânienne, au sein même de cet organe principal du système nerveux qu’est le cerveau. En immersion totale dans son sujet, le producteur apprend et comprend comment ressentir les choses. Il faut maintenant parvenir à mettre ceci en musique. Après le temps d’isolation, des mois de création ont été nécessaires pour qu’enfin One Hundred Billion Sparks naquisse. Max Cooper élucide ses mystères - ceux de l’émotion, des sentiments et des sensations. C’est sans aucun doute le projet le plus personnel qu’il n’ait jamais produit.

Pourtant pour ressentir la musique, l’image est une arme. La construction d’un environnement visuel est essentielle pour ce genre d’expérimentations, car après tout, la Nature en suit les mêmes règles. L’océan est une expérience audiovisuelle rythmée par les clapotis de l’eau et le remous des vagues, le paysage coloré d’une forêt regorge d’anecdotes auditives construites autour du crissement des feuilles et du vent qui s’engouffre dans les branches. One Hundred Billion Sparks est à l’instar de tout ces expériences, un album visuel - destiné à un show immersif.

S'il a été pensé en solo, il a été construit en équipe et en collaborations. Grâce à d’anciens contacts, à des recommandations d’amis et à la recherche de nouveaux talents qui accepteraient de travailler sur un tel projet, Max Cooper s’entoure d’autant de réalisateurs qu’il y a de morceaux - 12.

Le clip du titre ‘Hope’ est le premier a être dévoilé. Une suite d’images destructurées sur des nuances glaciales orchestrée par le réalisateur indépendant Thomas Vanz qui, à l’instar de Max Cooper, se penche lui aussi sur des questions existentielles au gré de ses productions visuelles. Le résultat est impressionnant : un poème de la réalité de l’Être Humain, dans lequel les images macroscopiques de réactions chimiques du cerveau offrent un voyage complexe et d’une beauté naturelle dans un décor galactique. La science en devient magique et presque irréelle, sur ce fond sonore dont seul Max Cooper à le secret, un crescendo de synthétiseurs planant qui paraît illusoire.

Cette musique n’est pas pour le club, loin des dancefloors. Un album visuel se vit et se ressent. Il y a l’atmosphère, le lieu, l’ambiance : tout ceci fait partie intégrante du projet immersif qu’est One Hundred Billion Sparks. «Il faut un environnement fort, car l’interaction entre l’environnement et le show est important»

Plus on avance dans cette époque, et plus la musique semble se détacher de l’écoute pure. Il y autre chose, cette forme d’expérience intemporelle mis en avant par la musique expérimentale, loin de l’idée de danser mais plutôt de celle de ressentir quelque chose - ces vibrations entraînantes et mentales. C’est la raison pour laquelle Max Cooper ne présente son nouvel album en France que pour deux dates, deux expériences uniques : la première au Scopitone festival de Nantes le 22 septembre et le 18 octobre à la Gaité Lyrique à Paris. Deux uniques occasions de venir comprendre ce que Max Cooper tente de nous expliquer, sans aucune prétention d’imposer la Vérité. Après tout, il a beau avoir été un scientifique, la seule certitude que Max Cooper détient c’est celle qu’il a des choses qu’on ne peut et qu’on ne pourra jamais expliquer.

Max Cooper présentera pour la première fois en France son show audiovisuel One Hundred Billion Sparks le 22 septembre à Nantes à l'occasion de Scopitone festival. Son album sort le 20 septembre.

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