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En bref

Rendez-vous au cœur du Horst Arts and Music Festival, laboratoire de la fête de demain

Plongée immersive à travers les différentes scènes et installations du Horst Festival

  • Camille-Sarah Lorané
  • 15 June 2025

Si les absents ont toujours tort, notre équipe s’est dévouée pour vous faire vivre le festival belge comme si vous y étiez...

Mai 2025, Asiat Park, Vilvoorde.

En bordure de Bruxelles, sur une ancienne base militaire, se déroule un événement que les Français envient aux Belges : le Horst Arts and Music Festival. Depuis plus d’une dizaine d'années, le festival s’est forgé une solide réputation grâce au bouche-à-oreille et peut désormais se vanter d’être considéré comme l’un des festivals de musique électronique les plus novateurs et avant-gardistes. Pour en percer les secrets derrière ce festival, notre équipe a eu la très lourde tâche d'enquêter sur le terrain du 1 au 3 mai 2025.

Dès notre arrivée à Asiat Park à Vilvoorde, la foule s'empresse d’entrer dans le nouveau repère de ces trois jours de festivités qui durent du 1er au 3 mai 2025. À peine nos pieds foulent-ils l’autre côté des portes que nous voilà dans un autre monde parallèle hors de Bruxelles. Horst offre une expérience immersive totale : ici, tous les sens sont en éveil. Ce n’est pas un simple, mais un lieu de convergence d'idées artistiques et architecturales. Comme nous l’explique la responsable de la programmation artistique de Horst, Louise Goegebeur :

« le festival permet à des gens qui ne vont pas forcément dans des galeries d’art ou des musées, d’être soudainement en contact avec de l’art et de l’architecture ».

En effet, Horst se vit comme un musée à ciel ouvert et révèle au grand jour les œuvres d' artistes contemporains du monde entier. Il y a quelques années, la nature avait repris ses droits sur Asiat Park et aujourd’hui, les artistes et les architectes créent leurs œuvres en symbiose avec la nature.

"There Will Come Soft Rains" : l’art et la nature ne font qu’un

La thématique de cette dernière édition du festival « There will come soft rains » en référence au poème de Sara Teasdale écrit en 1918, invite à la réflexion. En effet, Louise Goegebeur nous confie :

« Il a été écrit à une époque où il y avait des conflits humains, des maladies. J’ai trouvé que c’était une très belle métaphore. Un hommage à la nature »

Et si le monde se portait mieux sans l’humanité ? Le festival trouve son équilibre entre la nature sauvage d’Asiat Park et la création d’un espace socio-culturel riche. En effet, les œuvres de Joshua Serafin, Kenza Taleb Vandeput, Maen Florin, nous interrogent sur notre rapport à la nature et notre propre existence.

Lorsque l’on se balade entre les allées, impossible de passer à côté de l'œuvre monumentale de Esben Weile Kjaer. Ironiquement intitulée « Lions », il s’agit en réalité d’immenses rats dorés gonflables, symboles de la communauté queer pour l’artiste danois. Ici, le rat n’est plus un indésirable, il est majestueux et reprend ses lettres de noblesse et trône au milieu du parc.

Plus loin, guidés par les beats qui résonnent depuis la scène « The Ring », nous traversons un boulevard où sont dressées de grandes tours en forme de cactus. Tout comme le rat royal de Esben Weile Kjaer, l'œuvre spectaculaire de Maen Florin met en avant le monde végétal. Ici, elles nous toisent du haut de leurs pics en céramique et nous transportent dans leur univers SCI-FI.

Se perdre à Horst en suivant la musique au loin

Difficile de ne pas ressentir du FOMO (Fear of missing out ) lorsque l’on voit le line-up foisonnant et toutes ses différentes scènes toutes aussi lunaires les unes que les autres. Comme nous l’a bien fait remarquer Shyboi, la DJ venue de New-York : « À Horst, tu peux te perdre, errer et te laisser emporter par la musique » . Nous avons particulièrement aimé danser sous les feuilles de la scène Weaving Wees conçue par l’Atelier Fanelsa. Sous ce toit fait de matériaux biosourcé de la région, nous assistons à des sets énergiques comme le show très attendu de Verraco et de la star belge Job Jobse. Chaque beats envoyés reverbèrent jusque dans les lattes du parquet en bois sous la pression d’une foule en transe.

Malgré le fait que le festival soit à taille humaine, on avoue s’être perdus de nombreuses fois. Mais, comme par magie, nous nous retrouvions toujours aux abords de la scène Moon Ra. Nous étions comme attirés par ce bâtiment qui ressemble étrangement à une soucoupe volante, une invention tout droit sortie de l’imaginaire de Leopold Banchini autour du DJ comme s’ils étaient réunis autour d’un feu de camp. Sur cette scène, nous avons passé un long moment à onduler sur les loops soulful de Musclecars. Le duo new-yorkais composé de Brandon Weems et Craig Handfield a su nous emporter sous la hutte suintante de Moon Ra avec le track de Loleatta Holloway ‘Strong Enough’. Toujours sous cette soucoupe volante, le sol en terre battue résonne à travers les ondes de pieds des festivaliers qui s’agitent sur les kicks percussifs du DJ et producteur brésilien, RHR. Ce dernier a d’ailleurs pris un malin plaisir à nous confronter à sa sélection sur mesure aux influences techno, baile funk et bass avec ‘Vamo sacudir’ de Matias à ‘Pagode do Adame’ de Adame.

« les équipes de Horst placent la barre haut pour la construction des scènes ».

Chaque scène du festival a sa propre atmosphère, sa propre identité, mais la grande surprise de cette édition, c’est la toute nouvelle scène appelée ‘Dark skies’. Sous un toit garni de centaines de haut-parleurs, l’expérience sonore devient inédite. L’équipe de Horst a fait le pari fou de construire la scène par le soundsystem. Sous ce « nuage sombre » la piste de danse est « démocratique » c'est-à-dire que le son est de la même qualité partout. Que les festivaliers dansent au fond de la scène ou face au DJBooth, tout le monde entendra les sons de la même intensité.

« L’expérience acoustique est très importante pour la piste de danse, c'est pourquoi nous avons décidé d'inviter Giona Bierens de Haan, Leopold Banchini et DVS1, en tant que DJ producteur et ingénieur du son. Nous les avons réunis autour d’une table pour concevoir le projet. »

Louise Goegebeur

Sur ce dancefloor se sont relayés Four Tet, Erol Alkan b2b Palms Trax et DVS1 qui nous ont fait vivre une expérience immersive exclusive. Ici, il n’y a plus de distance entre le DJ, le son et la foule. Les festivaliers sont en communion et ressentent les mêmes vibrations. Sous le toit de Dark Skies, le son spatial traverse toutes les extrémités du corps comme des décharges électriques. Nous nous souviendrons encore longtemps du live de la figure de scène techno britannique : Surgeon. Sa maîtrise absolue nous a plongé dans une loop sonore hypnotisante en enchaînant les transitions millimétrées.

L’art à chaque coin de rue

Un festivalier, Sahel, nous confie avoir réservé son billet pour Horst sur un coup de tête grâce à une amie. Un choix qu’il ne regrette pas une seconde :

« J’aime cette façon de faire côtoyer de la musique expérimentale et l’art. Il y a des expos, on découvre des shows d’artistes. C’est un univers qui me convient vraiment »

Et il a raison, entre deux sets, le festival offre de véritables expositions immersives qui se confondent avec la nature et les infrastructures de l’ancienne base militaire.
On flâne, et peut même se laisser aller à rêvasser. À Horst, que l’on médite. Comme dans l’espace spa : un lieu caché dans une cave, pensé comme un sanctuaire. Ici, les festivaliers retirent leurs chaussures et s’assoient sur une plage de coussins étalés dans la pièce noyée de brume. C’est un moment suspendu où le temps n’existe plus. Les secondes sont bercées par les clapotis de la fontaine qui nous enveloppe dans un calme profond.

Pourquoi ne pas continuer cette pause réconfortante avec une petite douceur ? Direction le stand de glace à l’italienne face à la rivière. Alors que nos langues touchent à peine l’onctueuse crème, nos regards restent bloqués sur les deux centrales nucléaires de Vilvoorde… Sur les immenses murs en béton des deux fameuses tours, un spectacle sensuel dans la pénombre : des bouches et des langues s’entremêlent à travers des liquides fluo. Troublant, dérangeant, fascinant ? Il s’agit de l’œuvre de la papesse de la provocation Marilyn Minter projetée sur les centrales nucléaires.

Un tout autre monde nous attend dans la salle « The Rains », les festivaliers traversent le pont suspendu au-dessus d’un marais éphémère tout droit sorti de l’imaginaire de Joshua Serafin. Dans ce lieu, les talks et les performances artistiques s’enchainent. Celle d’Eddie Peake marque particulièrement les esprits. Le corps nu devient un outil à la réflexion, un véhicule que l’on doit apprendre à connaître, à aimer, à guérir et à partager. Ce show ouvre les portes sur tous les tabous liés au corps : la sexualité, les violences sexuelles, l’orientation sexuelle.Un message fort transmis par le monologue percutant d’une des danseuses dont les mots résonnent encore et ne nous quittent jamais.

Nous avons vécu ce festival comme une expérience artistique totale qui a répondu à nos questions sur l’avenir des festivals. Les équipes de Horst, que l’on remercie, nous ont offert une vision, pas si utopique, d’un monde dans lequel la nature, l’art et la musique peuvent cohabiter durablement.

Il est difficile de résumer ces trois jours de fête, de rencontres et d'exploration artistique. Nous vous invitons à patienter avant la prochaine édition et à prendre vos billets tôt pour vivre l’expérience Horst de vos propres yeux. Sans oublier que toutes les infrastructures artistiques créées à Horst auront une seconde vie lors de l’expo d’été de Horst du 15 juin au 7 septembre 2025. Avec notamment les installations de Jean-Benoît Vétillard, Alter, YRD Works et bien d’autres … Rendez-vous à Vilvoorde !




HORST

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