
SpunOff : une renaissance solaire avec son nouvel EP ‘Ritmo del Alba’
Un voyage trance, big beat dans un écrin hédoniste rétro-futuristique
Après plusieurs années plongé dans des univers sombres et introspectifs, le DJ, producteur et ancien résident des sulfureuses soirées Champ Libre, refait surface avec un nouvel EP solaire. Alexandre Oliviero alias SpunOff, marque un retour inattendu et incandescent avec Ritmo del Alba, un projet sensuel. L’artiste amorce un virage à 180° vers des contrées lointaines où il fait chaud — très chaud.
Cet EP nous embarque dans ses loops enivrantes, notamment sur le morceau 'N.O.C.H.E' porté par des rythmes trance qui évoquent l’âge d'or des raves 90’s/2000’s. À son écoute, nous laissons notre imagination nous emporter sur les plages de l’été à chuchoter Noche Noche un verre à la main. Le soleil nous brûle déjà la peau avec le titre ‘El Sueño’ qui mêle les rythmes latins, les lignes de basse dense et les mélodies hypnotiques. Un vent d’hédonisme pur traverse la scène musicale française.
Big beat, trance progressive et groove lounge se croisent à travers une esthétique rétro-futuriste maîtrisée. Ce sixième chapitre de son label SpunyLove Records distille aussi des collaborations de choix avec Maruwa, Blu:sh, Bliss Inc. ou encore Olsvanger.
Étonnement, des abysses du burn-out où en pleine renaissance, SpunOff conserve intacte une de ses plus belles armes : son humour corrosif. Un talent qui infuse toute la D.A. de Ritmo del Alba réalisée par DamageLabel, son ami d'enfance.
Nous avons (peut-être ?) réussi à percer les mystères de SpunOff et sa résurrection cathartique autour d’une discussion :

J’étais plongé dans la deep techno, etc. Mais j’avais fait le tour. Plus rien ne me faisait vraiment vibrer.
Comment t’est venue l’idée de créer cet EP ? Est-ce qu’il reflète un moment particulier de ta vie ?
La dernière fois qu’on s’est parlé avec Mixmag, c’était fin 2020 dans l’interview « Champ Libre, et après ». J’y faisais référence à une sorte de résurrection. J’étais en burn-out, dans des univers darkoss, dépressifs, en noir et blanc avec des lueurs rouges... musicalement ça se traduisait par de la musique industrielle ou expérimentale avec beaucoup de distorsion. J’étais plongé dans la deep techno, etc. Mais j’avais fait le tour. Plus rien ne me faisait vraiment vibrer.
Cinq ans plus tard, oui, j’y suis pleinement revenu. Depuis 2023, je développe ce projet autour de SpunyLove Records, un label que j’avais mis de côté après y avoir sorti l’EP Bête et Méchant. À l’époque, j’étais encore trop dans la disto, et j’abordais de manière ironique le concept de produire des morceaux « EBMfromIbiza ». J’avais plein d’idées, mais ça manquait de fond. C’était un gros bazar, un entre-deux flou. Et surtout, j’étais bouleversé par un concert des Chemical Brothers.
Ce concert m’a donné envie d’ouvrir toute la bible de la culture big beat : des sons très chargés en fréquences, mais avec des narrations incroyables comme Lunatic Calm, Fluke, Junkie XL, Way Out West... jusqu’aux morceaux big beat plus « lounge », lents et psychédéliques, presque trip-hop parfois, comme The Orb, L’Esperanza de Sven Väth ou encore Underworld sur Café del Mar (même si, attention, y’a aussi pas mal de soupe dans ces compilations !).
Très vite, cet univers exponentiel des années 90/2000 s’est naturellement connecté à la techno-disco et à la trance progressive – Dance 2 Trance, GTO, Orbital, les sorties de Guerrilla Recordings, etc. Et si tu rassembles tout ça, en fait, c’est juste de la Dance – surtout si tu y ajoutes une voix.
Enfin, je retrouvais un son qui me donnait envie de faire la vraie teuf, mais cette fois-ci... au soleil. Et c’est là que j’ai relancé mon projet SpunyLove, avec plein de nouvelles idées, et une identité visuelle inédite imaginée par mon pote d’enfance DamageLabel. J’ai déjà eu l’honneur de collaborer avec Anastasia Zems, Barbara Nicole, Running Hot, et Gearmaster (anciennement Abdul Raeva). Cet EP marquera donc le sixième épisode de cet univers renouvelé, toujours plus affirmé et haut en couleur – cette fois-ci aux côtés de Maruwa, Blu:sh, Olsvangèr et Bliss Inc.
Et dans ce monde sombre, vivre dans cet univers coloré, imaginaire, lumineux... c’est peut-être ce qu’il y a de plus agréable.
Quelles sont les influences musicales, cinématographiques ou autre qui t’ont inspirées pour cet EP ?
Les influences de base, je les ai un peu évoquées plus tôt : cette trance progressive des années 90/2000, qui devait inonder Ibiza et tous les dancefloors ensoleillés dignes de ce nom à l’époque. Mais il y a encore cinq ans, si tu ne voulais pas jouer uniquement des vieux morceaux, c’était compliqué de trouver des producteurs qui s’en inspiraient vraiment.
Heureusement, il y a eu Running Hot, Alex Kassian, Spray, Bliss Inc., Maruwa, Abdul Raeva, Clint et X-Coast pour le côté big beat. Tous ces artistes m’ont vraiment frappé : je retrouvais tout ce que j’adorais dans les tracks old-school, mais en plus maîtrisé, plus clair, avec un son bien meilleur. Parce que, soyons honnêtes, les vieux trucs, c’est bourré de bonnes idées, mais ça sonne moins bien que ce qu’on sait produire aujourd’hui. Et vu la puissance des soundsystems actuels, ça ne sert à rien d’en faire des caisses avec mille couches de synthés comme on le faisait à l’époque. Ça devenait vite indigeste.
C’est drôle, parce que certains de ces artistes trance se sont même essayés au big beat lounge que je mentionnais, comme Exosphère (Oceania Mix) de Clint, les derniers EPs de Guy Contact, Solar Suite, Laars, Cosmic G, ou encore le dernier Alex Kassian avec son EP où il reprend pour base le track Orange Coloured Liquid du légendaire Spooky. Peut-être une piste pour un futur projet, qui sait...
C’est fou comme l’ADN musical évolue en ce moment. Tout le monde (moi compris) plonge tête la première entre trance et big beat. Chaque jour, je découvre de nouvelles sorties autour de cet univers qui me mettent des claques incroyables : Blu:sh, Wigs, Eoin DJ, Duo Paradisio... C’est tellement agréable et inspirant de traverser une époque musicale en phase avec ce qu’on aime et ce qu’on veut produire.
Et dans ce monde sombre, vivre dans cet univers coloré, imaginaire, lumineux... c’est peut-être ce qu’il y a de plus agréable.
Une référence ciné en lien avec l’EP... un film un peu nul, mais marquant : People avec José Garcia. Je l’ai vu à 9 ans. On y découvre une soirée au Privilege où tout le monde danse en transe sur E Samba de Junior Jack. J’ai même samplé le vocal de ce morceau pour mon track Ritmo del Alba, qui se trouve sur l’EP.
On ressent une énergie solaire dans Ritmo del Alba. Quelle émotion veux-tu partager à travers cet EP ?
Les avions qui passent au-dessus de la piste de danse, sous un soleil orange qu’on accueille avec bonheur après une nuit à danser... Juste avant de sauter dans un taxi pour aller à un after et se baigner...
C’est pas ça, la grande vie ?
Peux-tu nous parler des artistes qui ont remixé les morceaux de cet EP ?
En ce qui concerne, Olsvangèr, je l’ai shazam deux fois la même après-midi à un open air qui s’appelait la [BP], en 2017. Depuis, il n’a jamais quitté mes playlists. J’ai toujours adoré ce qu’il produit. Pour moi, Olsvangèr, c’est la base !
Bliss Inc.... Quand on produit, on analyse tout dans un son. On se fait un cahier des charges pour décortiquer ce qu’il y a dedans, comment c’est fait, etc. Mais le jour où j’ai découvert le remix de Dimension Walking (de Sel John) par Bliss Inc., j’ai rien compris à ce qui m’arrivait. Il y avait tout ce que j’adore et recherche dans un son. J’ai téléchargé toute sa discographie dans la foulée !
Maruwa, quant à elle, a le mieux réussi à capter l’essence de cette vibe un peu old school à laquelle je faisais référence, tout en rendant ça propre, puissant, solaire. C’est difficile de passer quelque chose de plus efficace que ses tracks en set.
Enfin, Blu:sh, est l’artiste le plus contemporain dans cette vibe. Il a un sound design ultra travaillé, moderne, et un groove vraiment novateur. Ce type de transe, j’ai du mal à imaginer qu’elle aurait pu exister il y a 20 ans avec Blu:sh qui avait pour ancien terrain d’expérimentation Benoit B. Place au futur !


Propos recueillis par Camille-Sarah Lorané