Non aux 60 minutes, les extended sets devraient être la norme
Exigeons la fin des créneaux horaires
Pourtant ce n’est pas juste Berlin, De School à Amsterdam laisse régulièrement ses DJs se dégourdir les membres avec des sessions prolongées - regardez simplement le résident Job Jobse. Dans le nouveau club Het Muzieklokaal, il a joué treize heures d’affilée (en soutien au réfugiés Syriens), et les retours de cette nuit ont qualifié cette performance d’incroyable. Si on regarde à nouveau du côté de Londres, Phonox tire sa fierté de sa programmation de DJs qui prennent le contrôle du club pour toute la nuit, et ce chaque semaine. C’est ce genre de choses que j’aime voir: des artistes comme Helena Hauff, ItaloJohnson, Hunee et Gerd Janson, tous des artistes vénérés, prendre le contrôle d’un endroit et se l’approprier complètement.
Malheureusement tous les clubs n’opèrent pas de cette manière, globalement ces types de sets ne sont tout simplement pas la norme. En fait, c’est même plutôt rare. Les plus grands clubs européens, avec incontestablement les plus gros line-ups du pays, restreignent leurs bookings à 90 minutes par artiste. Ils contribuent bien-sûr à la prospérité de la culture de la nuit en offrant la possibilité de voir jouer les meilleurs artistes du monde entier. Mais en remplissant un line-up plein à craquer avec tous ces talents, ils sont responsables d’empêcher les DJs d’aller au maximum de leurs capacités. 60 minutes ne sont tout simplement pas suffisantes pour qu’un DJ découvre la salle, se l’approprie, trouve son groove et montre à une foule de personnes ce qu’il a dans le ventre. Quinze noms incroyables sur un line-up sont suffisants pour saliver d’envie avant de se ruer un ticket, mais à quoi cela rime-t-il de programmer autant de DJs géniaux, si c’est pour les laisser se battre afin de montrer de quoi ils sont capables ?
Kerri Chandler, Ben UFO et Teo Parrish ont chacun effectué un marathon de set à Hydra au Studio Space à Londres. Ces DJs de renom prennent le contrôle de n’importe quel lieu où ils se trouvent; les promouvoir et les mettre en avant le temps d’une nuit qui leur est exclusivement dédiée est donc bien approprié. Même Skream, un des DJs les plus populaires en ce moment, a pris conscience de la valeur de sa collection de vinyles et les billets de son tour ‘Open to Close’ sont déjà épuisés. Il passe 7 heures derrière les platines à chaque endroit, un public confiant a payé pour le voir performer une nuit entière, et son style et sa musique parviendront à capturer l’attention de son audience.
“J’aimerai remercier celle et ceux qui ont fait de la tournée #OpenToClose un point culminant de ma carrière. Environ 80 heures de sets et plus de 12 500 tickets vendus ! J’aimerai crier à tous les endroits, tous les promoteurs, tous les fans qui ont rendu ce projet possible que je ne les oublierai jamais”
C’était le post de Skream la veille de Noël de l’année dernière, une déclaration qui justifie pleinement la légitimité de l’extension des sets. Voilà un DJ extrêmement heureux, avec une foule qui s’est pressée d’aller le voir exercer son art, et l’ensemble des promoteurs et des organisateurs sont satisfaits, avec un club plein à craquer et une foule survoltée. (voir les vidéos en ligne)
Je ne dis pas que chaque set devrait être un marathon, mais autoriser un DJ à s’exprimer pendant trois à quatre heures devrait être le standard de l'industrie. Les line-ups devraient tourner autour d'un ou deux talents au lieu de quinze. Si les contraintes de temps ne le permettent pas à ce moment, faire le choix de booker moins d’artistes; mettre en avant un artiste unique et laissons-le devenir la personne capable de remplir une salle entière.