Q+A Scuba

Donc, les titres comme « All I Think About Is Death » y sont liés ?

Ce titre en particulier fait référence à un certain nombre de choses, y compris son sens littéral. Être allongé dans mon lit pendant trois mois n'était pas une partie de plaisir. On ne m'a jamais dit que j’allais mourir, mais je fais maintenant partie des trentenaires et notre considération de la vie et de la mort est différente de celle qu’on a à 20 ans. Ce fut une nouvelle expérience pour moi ; je n'avais jamais eu une pause aussi longue et à ce moment là j’ai pu penser à des choses auxquelles je n’aurais pas pensé dans d'autres conditions.

Mais ça a l’air d’avoir porté ses fruits, non ? Vous semblez être plus actif que jamais…

Je crois que j’ai compris certaines choses qui m’ont fait changer de perspectives sur ma vie musicale. Je pense qu'on peut appeler ça un « nouveau départ », je me focalise désormais sur les choses qui sont importantes. 2015 a été une bonne année, j’ai eu d’excellents retours sur mon album et je me suis recentré sur mes principes et ma vision de la musique : selon moi, revenir à la techno c’est comme si je rentrais à la maison. J'ai expérimenté de nombreux styles, mais je suis tombé amoureux de la techno quand j’avais 16 ans et que je sortais seulement pour acheter des disques. Cela paraît logique. Je ne risque pas de m'éloigner de la techno de sitôt.

La techno est très expansive et ouverte à de nombreuses interprétations, contrairement aux restrictions attachées au dubstep, par exemple…

C'est un peu ce qui caractérise la techno… Néanmoins, il y a pas mal de personnes qui ont des points de vue différents sur ce qu’elle est réellement ou ce qu’elle est censée être. Un puriste a dit « Si vous avez un clap ou une caisse claire sur les deuxième et quatrième temps, alors ça ne peut pas être de la techno ». Il n’y a pas plus puriste! Il y aura toujours des différences entre deux scènes, deux clubs et deux artistes… Mais pour moi, cela reste de la techno et je veux en présenter autant que possible durant le « 12 Weeks Of Techno ».

À quand remonte la dernière fois où vous avez fait une résidence hebdomadaire dans un club britannique ?

C'est ma toute première résidence hebdomadaire ! C’est intéressant et important ; les DJ résidents se font de plus en plus rares dans les clubs. Je sais que Craig Richards a toujours été reconnu, et XOYO a ramené au centre des débats cette question des DJ résidents. C’est bien de revenir au travail de base d’un DJ dans un club.

Allez-vous essayer de former le personnel d'accueil de XOYO aux politiques du Berghain ?

Peut-être pas le personnel d'accueil ! Mais nous allons surement faire quelque chose pour les téléphones et les appareils photos, comme au Berghain. Je ne sais pas s’il faut les interdire complètement ou pas, mais la piste de danse est faite pour la danse : moins il y a de téléphones, mieux c'est. On veut vraiment essayer d’offrir une expérience club aussi authentique que possible.

La première fois, on vous a refusé l'accès à Berghain, n'est-ce pas ?

Exact ! Je m'y étais juste rendu pour voir comment ça se passait à l’intérieur. Comme beaucoup de gens, on m'a refusé l'accès. Mais j’apprécie réellement la politique de ce lieu ; il faut beaucoup de travail pour maintenir un club dans un si bon état. Vous devez restreindre la foule à ceux qui veulent vraiment y être. Ils font un bon travail ; c'est une attraction touristique mondiale. Je serais très intéressé de voir comment cela fonctionnerait au Royaume-Uni. Ou même si cela pourrait fonctionner. C'est très difficile d'expliquer pourquoi certaines personnes ne peuvent pas entrer même si elles sont là pour les bonnes raisons.

Alors, qu’est-ce que vous ferez après « 12 Weeks of Techno » ? De nouvelles sorties musicales ?

Je vais me rendre à Londres pour ces 12 semaines, profiter de la ville et de ma famille. Des nouvelles sorties musicales… qui sait ? Je travaille toujours sur de nouvelles choses et je les sortirais si cela me convient. Je ne pense pas encore à un nouvel album. En ce moment, je cherche juste à profiter de la ville dans laquelle j'ai grandi. Londres est le meilleur endroit pour la musique ; la vitalité, le renouvellement des styles auquel on assiste dans la ville. Vous n’obtiendrez ça nulle part ailleurs.

Le « 12 Weeks of Techno » de Scuba a lieu tous les samedis au XOYO jusqu'au 26 mars