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Rencontre : Oxia

Rencontre avec l'artiste grenoblois à l'occasion de la sortie de Domino Remixes

  • Clark Engelmann
  • 17 March 2017

Oxia, Olivier Raymond de son vrai nom, est un des piliers de la scène électronique française. Depuis deux décennies déjà, le DJ et producteur grenoblois fait danser les foules du monde entier. Adepte d’une techno très funky à ses débuts, Olivier n'est pas de ceux qui se reposent sur leurs acquis, il enrichi constamment son style, enchaine les dates et passe des journées entières en studio. Il est aussi le co-fondateur du label Goodlife avec The Hacker puis plus récemment de Diversions music avec son ami Nicolas Masseyeff.

Dans le petit monde des musiques électroniques, le nom d’Oxia est quasiment systématiquement associé à celui de Domino. Face B du Speicher 34 sortie sur Kompakt Records en 2006, Domino fait partie de ces tracks qui en plus de faire danser les foules, les fédèrent. A sa sortie, le morceau a connu un succès qui a surpris tout le monde, à commencer par son producteur lui-même. Depuis, il n'a jamais cessé de produire en travaillant notamment avec des labels tels que 8bit, Hot Creations, Saved…

Plus de dix années plus tard, l’artiste se décide à sortir un album de remix du track légendaire sur Sapiens - le label d’Agoria. Matador, Robag Wruhme, Frankey & Sandrino… chacun de ces artistes a proposé son voire ses interprétations, parfois très personnelles, de Domino. Oxia s’est lui aussi prêté au jeu en proposant un rework de son morceau.

Mixmag a eu le plaisir d’interviewer Olivier, quelques jours à peine après la sortie de l’EP.

Pourquoi Oxia ?

Alors à la base nous étions deux, c’est en 1994-1995, quand on a commencé avec Stéphane Deschezeaux. Et en fait on cherchait un nom et on est tombé sur ce nom dans un bouquin d’astronomie. D’ailleurs, ce nom qu’on trouvé plutôt cool n’a aucune signification particulière pour nous, simplement on l’aimait bien. Quand on s’est séparé, Stéphane a continué a faire des trucs tout seul et m’a dit « tu peux garder le nom » et je l’ai gardé.


Tu viens de Grenoble, comme Miss Kittin ou the Hacker… Comment expliques-tu le micro-climat électronique qui s’est formé là-bas ?

A une époque, on disait souvent qu’on s’ennuyait à Grenoble, ce qui n’était pas complètement vrai, on disait ça plutôt en rigolant. Du coup on a fait beaucoup de musique, en se motivant les uns les autres… Même s’il y a une part de hasard dans tout ça. On s’est beaucoup aidé, indirectement il y avait une sorte de compétition amicale à une époque. Quand l’un de nous faisait un truc bien, les autres voulaient faire mieux, du coup ça nous poussait à nous surpasser, ça nous a fait vraiment évoluer. Bien qu’on ait tous des styles un peu différents d’ailleurs.


Raconte-nous comment tu t’es retrouvé pris dans le bouillonnement des musiques électroniques...

Ecoute, ça s’est fait naturellement, très progressivement… J’ai commencé, je faisais de la radio, j’animais une émission de funk quand j’avais quinze, seize ans. Du coup, à cette époque là, la house commençait à arriver. Tout s’est fait de façon très progressive, la musique funk s’est transformée petit à petit et ça nous a amené à la house, on est en 85-86 là. Pour nous, c’était une progression naturelle, étant jeunes et un peu naïfs, on ne s’est rendu compte qu’après que c’était un nouveau style, et l’importance que ca a eut. Donc petit à petit on est passé de la funk à la house puis la techno est arrivée dans les années 90. A côté de la radio, je faisais aussi pas mal de soirées étudiantes puis je suis devenu résident dans un club. Les choses ont pas mal évoluées depuis et je suis toujours là aujourd’hui.


Le premier track électro qui t’a marqué ?

C’est difficile ça… Il y a une bonne partie des premiers morceaux house, mais si je devais choisir un track emblématique ça serait Good Life, d’Inner City. C’est d’ailleurs en hommage a ce titre qu’on avait appelé notre label Goodlife à l’époque avec The Hacker.


Ton dernier coup de coeur musical ?

Là, j’ai pas en tête un morceau précis, il y en a pas mal. Evidemment, il y a une différence entre les tracks que je vais jouer en soirée et la musique que j’écoute à côté qui n’est pas forcément que de la musique électronique et dance floor. .

A côté de ça, je fais d’ailleurs une série de podcasts qui s’appelle Home Selection, sur lequel je met des tracks que j’écoute chez moi, très chill, il y a de l’ambient, de la pop, de l’electronica… des choses assez différentes.

Ce n’est pas vraiment mon tout dernier coup de coeur, mais spontanément je pense à RY X, un chanteur australien qui a chanté avec Âme. Il a aussi fait un autre projet qui s’appelle The Acid aux côtés du DJ et producteur anglais Adam Freeland et de Steve Nalepa.


Clubs, festivals… tu as joué dans énormément de spots différents, quel est aujourd’hui l’endroit où tu préfères jouer ? et pourquoi ?

Il y a beaucoup d’endroits et je n’ai pas envie d’en vexer certains… En réalité, il n’y a pas spécialement d’endroits où j’aime jouer plus que d’autres, après effectivement il y a des endroits où je retourne dans lesquels à chaque fois c’est super bien… Ces derniers temps, j’ai pas mal joué en Amérique du Sud, l’Argentine où j’adore jouer, les pays de l’est c’est vraiment cool aussi, la Roumanie… Après forcément il y a Berlin, Londres… Ensuite, s’il fallait donner un lieu précis, il y a par exemple le Rex club à Paris où je joue de façon régulière car j’y ai une residence, donc c’est un peu comme à la maison.

Parlons désormais de Domino, originellement sorti en 2006 sur Kompact. D’après toi, pourquoi est-ce que ce track a connu un tel succès à sa sortie ?

Ecoute, c’est toujours difficile à dire… Lorsqu’il est sorti, j’étais le premier surpris même si quand je travaillais sur le morceau je sentais qu’il y avait un truc, qu’il pourrait bien marcher. On me dit souvent que ce morceau est fédérateur, qu’il l’est devenu parce qu’il parvient à toucher beaucoup de gens. Et c’est vrai que ce track a aussi bien été joué par des DJs techno que house que transe…


Pourquoi avoir tant tardé à sortir les remix ?

Et bien je n’arrive plus très bien à savoir pourquoi… Sans doute entre autre pour des raisons techniques. Mais pour moi, c’est une bonne chose cet EP de remixes, ça m’évite après 10 ans de continuer à jouer tout le temps l’original. Un soir avec Agoria, on a commencé à en parler. Il montait un nouveau label, et il m’a proposé le projet, et ça s’est fait comme ça. On a dressé une liste de remixers et le projet était lancé.


Sur les 4 remix de Domino et le rework, est-ce qu’il y en a un que tu préfères ?

C’est très difficile comme question… Je les aime tous en fait mais pour différentes raisons. Là par exemple je joue souvent le remix de Frankey & Sandrino. Le remix de Matador aussi, je peux le jouer car c’est un morceau très dancefloor. C’est plus difficile de mixer ceux de Robag Whrume en plein milieu de soirée même si je les trouve vraiment classe. La deuxième version qu’il a faite, est intéressante aussi, pas du tout dancefloor. Je joue pas mal aussi le rework de l’originale, même si je pense qu’en soirée les gens font très peu la différence avec l’originale. C’est exactement les mêmes sons mais simplement il est travaillé et mixé différemment avec un son plus actuelle on va dire.

Quels sont tes projet à venir, gigs, sorties, collaboration ?

Dernièrement j’ai fait pas mal de remixes. Un remix d’un morceau de Moby, 'Why does my heart feel so bad', qui sorti début mars sur Suara . Après j’ai un autre remix pour un artiste italien qui s’appelle Stefano Noferini sur Moan. Nous travaillons aussi avec Nicolas Masseyeff sur un remix de track de Artslaves pour la prochaine sortie de notre label Diversions. Après je vais travailler sur un nouvel EP et certainement sur un troisième album, ce qui prendra un peu de temps car cela demande un tout autre type de travail, il faut pour moi qu’il y est plus de cohérence entre chaque morceau.


Imaginons maintenant que tu aies carte-blanche, avec qui aimerais-tu collaborer parmis tous les artistes, électro et non-électro, présents sur Terre ?

Avec Radiohead; c’est le premier nom qui m’est venu à l’esprit, même s’il y en a d’autres, évidement.


Comment décrirais-tu ton évolution musicale depuis les débuts de carrière jusqu’à aujourd’hui.

Mes premières productions sonnaient plus « techno », lorsque je travaillais avec Stéphane, l’autre moitié d’Oxia au départ. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a voulu arrêté, il voulait faire des choses différentes, un peu plus house. Au fil du temps, je me suis ouvert de plus en plus. Si on regarde toute ma discographie, Domino par exemple n’est pas forcément le morceau le plus représentatif de mon style, cela m’a été beaucoup dit. Mais justement, je ne sais pas si c’est pour surprendre ou peut être me surprendre mais j’aime faire des choses que je n’ai jamais faites avant. Par exemple sur mon dernier maxi, 'Secret Point EP' sorti sur Diversions Music en octobre dernier, j’ai produit trois tracks assez différents ; un assez mélodique, un track plus tech-house vraiment destiné au djs et un un peu plus techno. L’évolution s’est faite au niveau de l’ouverture. Dans la production et la façon de travailler a évolué aussi.


Quel regard portes-tu sur la scène électro aujourd’hui ?

Je suis constamment surpris de voir qu’il y a toujours autant de bonnes sorties. Encore récemment, je suis tombé sur un artiste français qui s’appelle Jacques qui fait de la musique avec des objets divers, en live.. Il y a encore des gens comme ça qui vous surprennent. Même si Il y a pas mal de productions ces dernières années qui font penser à des choses qui ont déjà été faites dans les années 90, avec un son plus actuelle. C’est cyclique finalement.


Dernière question ; un track de fin pour nos lecteurs ?

Acid Eiffel de Choice avec entre autre Laurent Garnier à la production ; un classique que j’aime toujours autant.

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