Shlømo, un premier album entre spleen et énergie breakbeat
Un sentimental de la techno
Le 16 novembre dernier, le producteur techno français Shlømo dévoilait son premier long player, Mercurial Skin, sur son label Taapion Records. Considéré comme l’un des meilleurs artistes techno de l’hexagone, ses productions étaient jusqu'alors balancées d'échos industriels subtils entre techno et ambient. Mais c'était sans compter la venue de son dernier album.
Un épisode sonore en 14 titres hypnotiques, riches en textures, qui lève le voile sur des aspects encore gardés de son identité musicale entre influences IDM, glitch et breakbeat. Autant de références évidentes aux années 90 et au début des années 2000 :
« La première partie de l’album est un hommage à ces influences. J'étais aussi le seul enfant en classe à acheter des bandes sonores ou des musiques de film, et je voulais transmettre les souvenirs et les émotions de ces disques. »
Shlømo s’est confié sur ses inspirations du quotidien, les émotions et lieux fétiches qui ont donné naissance à Mercurial Skin :
Pigalle & Barbès
Ce sont mes deux quartiers, là ou je suis né, là où j'ai grandi, là où je vis et je traîne depuis ma naissance. J'y suis comme un poisson dans l'eau. Ces quartiers ont deux faces, un peu comme moi. La journée est très différente de la nuit, mais j'y trouve de l'inspiration à n'importe quelle heure.
Warp Records
Ce label m'a fait découvrir la musique électronique en 2005 a l'époque où j'étais plutôt tourné vers le rap. C'est une référence musicale absolue quand on le limite à la fin des années 90 jusqu'aux années 00. Que ce soit Aphex Twin, Boards of Canada, Plaid, Autechre ou encore Clark, ce label m'a énormément influencé.
Johan Johansson
Mon compositeur de musique de film préféré. J'aime la façon dont il apportait de l'importance au silence dans chaque film. Sa musique m'a énormément inspiré, que ce soit pour mon projet Shaun Baron-Carvais ou encore pour l'album. Sa dernière bande annonce tiré du film Arrival est un pur chef d'oeuvre. Quelle perte immense pour la musique de film.
Le spleen baudelairien
Je me reconnais parfois dans ce sentiment exprimé par Baudelaire dans les Fleurs du Mal. Ces phases de nostalgie me permettent de produire des sons plus personnels et plus profonds comme les morceaux "Wish You Were Here" "Anastasia" ou encore "Minotia" que l'on retrouve dans mon album. Je le retrouve chez plusieurs artistes qui font de l'ambient, comme Abul Mogard par exemple.
Son grand-père
Il a influencé ma vie, m'a beaucoup appris et m'a toujours encouragé. C'était mon meilleur ami et un exemple pour moi. J'avais l'habitude de toujours lui apporter les vinyles que je produisais.
L'amour
L'amour sous toutes ses formes. Du sentiment à l'acte en lui même. Le titre de l'album fait d'ailleurs référence à la température qui émane du corps lorsque deux ou plusieurs personnes s'attirent physiquement.
American Psycho
Ce film m'a beaucoup marqué. Que ce soit dans l'esthétique ahurissante des 90's, jusqu'à la musique en passant évidemment par ses 2 scènes cultes : l'intro qui amène l'univers du personnage et la scène de la carte de visite d'une intensité folle.